Et oui, d’une année sur l’autre, les choses évoluent très vite.
Angoulême voulait rompre avec le passé en changeant de sponsors (exit Leclerc au profit du couple fnac/SNCF), en recentrant et en redynamisant le festival sur le centre ville. Une forme de désaveu des options prises l’année précédente qui semble avoir porté ses fruits.

On ne peut pas dire que la bande dessinée de fiction et donc de l’Imaginaire que nous défendons soit très représentée dans ce palmarès. Je le regrette même si nombre des vœux faits face à la sélection 2008 sont ici validés. Tel ce Fauve d’Or (prix du meilleur album) attribué à « Là où vont nos pères » (Dargaud) de Shaun Tan. Un splendide récit muet et métaphorique sur l’immigration dont le caractère étrange envoutera plus d’un lecteur. Ce prix devrait remettre en avant cette très belle réalisation.
Je dis mille fois « bravo » !

Je reviens aussi sur L’Essentiel d’Angoulême remis à Cyril Pedrosa pour « Trois ombres » (Delcourt), autre sujet difficile que celle de la mort d’un enfant abordé par la métaphore et surtout beaucoup de poésie. Le pari d’un auteur récompensé pour son talent, l’originalité du scénario et la remise en question qu’il s’est imposée graphiquement. Tout ce que touche Pedrosa devient lumineux, beau et convainquant. Que dire de plus si ce n’est « achetez ce livre ».

Citons encore Sillage (« Retour de flammes », Delcourt) de Buchet et Morvan, récompensé par l’Essentiel Jeunesse. Ce n’était pas mon favori, mais quand je l’ai vu dans la sélection, je me suis douté que ce serait lui. Un titre SF, même si j’ai l’impression que dans ce genre d’institutions, ces fictions ne peuvent accoucher que de prix pour la jeunesse !!

Quoi d’autre ???
Et bien ce n’est pas un grand prix de la ville d’Angoulême que vous aurez pour 2008 mais deux puisque c’est le couple Philippe Dupuy et Charles Berbérian, les papas de « Monsier Jean », qui sont récompensés. Avec deux présidents pour 2009, y’aura-t-il un festival deux fois plus grand ?

L’Essentiel fnac/SNCF (ou prix du public) va à « Kiki de Montparnasse » de Catel et Boquet chez Casterman, dans la collection Écriture ouverte sur les romans graphiques.

Les Essentiels, en plus de « Trois Ombres », sont « Exit wounds » de Rutu Modan (Actes Sud), « Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill » de Jean Regnaud et Emile Bravo (Gallimard), « La marié en plastique"
de Pascal Rabate et David Prudhomme (dans le splendide catalogue Futuropolis) et « R.G. » de Peeters & Dragon (Bayou / Gallimard).

L’Essenteil Révélation va à « L’éléphant » de Isabelle Pralong (Vertige Graphic) quand celui du Patrimoine est donné à « Moomin » de Tove Jansson (Le Petit Lézard).

Encore des prix comme celui de la BD alternative à Turkey comics, celui des collégiens de Poitou-Charentes à « L’envolée Sauvage » de Galandon et Monin (Bamboo)... cela va faire plaisir à Marina qui vous l’a présentée sur la Yozone.

Je vous laisse soin d’aller découvrir Jeunes talents et autres prix associés au festival sur le site duFIBD.

Juste pour le fun, je vous signale une série que je viens de découvrir et que je trouve excellente, surtout si vous aimez la Fantasy pas trop couillue mais très imaginative. Il s’agit de « Le Feul » de Jean-Charles Gaudin & Frédéric Peynet (Soleil), certainement ce que j’ai lu de très bon chez cet éditeur et pour ce scénariste. Je lui décerne donc un petit prix Yozone.

Allez, à l’an prochain, pour célébrer une nouvelle fois la diversité de la bande dessinée parmi ses milliers de titres publiés !!!