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30 jours de nuit : de la BD au Ciné
Le roman graphique de Steve Niles et Ben Templesmith porté à l’écran par Davis Slade sous l’égide de Sam Raimi et Robert Tapert
9 janvier 2008

Un peu plus de 5 ans après sa parution chez IDW Publishing, « 30 jours de nuit », le survival choc de Steve Niles (scénario) et Ben Templesmith (dessin), devient un film. Et quel film ! Le roman graphique était déjà un monument de l’horreur, son adaptation au cinéma est à l’image de son modèle : grandiose, féroce et terrifiante. Orchestré par David Slade, cet opéra sanglant dans les neiges de la nuit de Barrow est tout simplement magistral. A master piece !




Aux origines de « 30 jours de nuit », Steve Niles. Né en 1965 à Jackson dans le New Jersey, cet artisan du renouveau de la bande dessinée d’horreur fait ses débuts dans le métier en créant à la fin des années 80 sa propre maison d’édition, « Arcane Comix », avec laquelle il adapte et publie, pour « Eclipse Comics », des anthologies et quelques grands classiques du genre, dont des œuvres de Clive Barker (qui signe la préface de « 30 jours de nuit »), Harlan Ellison ou Richard Matheson (« Je suis une légende » en BD, c’est lui).

La qualité de ses travaux ne tarde pas à lui ouvrir les portes des studios Fantaco, Dark Horses ou Todd McFarlane avec lesquels il multiplie les expériences et enchaîne les contrats tout en développant en parallèle des projets qui lui tiennent à cœur. Parmi eux, « 30 jours de nuit ». Une razzia vampirique inspirée par la particularité géographique de la petite ville de Barrow, en Alaska, où chaque année, juste avant l’hiver, le soleil ne se lève pas durant un mois.

Sa rencontre avec Ben Templesmith va être le déclencheur. L’originalité du graphisme dont fait montre le jeune prodige australien sur la mini série « Hellspawn », qu’ils développent de concert pour les éditions MacFarlane, séduit immédiatement le scénariste. Les deux hommes ne tardent pas à découvrir qu’ils partagent la même frustration concernant l’humanisation romantico-prise-de-tête du vampire au fil du temps et décident de s’associer afin de redonner, au moins pour « 30 jours de nuit », toute leur bestialité aux monstres buveurs de sang. Publiée chez IDW sous la forme d’un feuilleton en 3 épisodes, le premier tome du comic-book fait un carton outre atlantique.

SCRIPT STORY

Très vite, Sam Raimi et Robert Tapert, qui viennent de fonder « Ghost House », une société de production spécialisée dans le cinéma d’horreur, s’associent à Columbia Pictures, pour qui le réalisateur de « Evil Dead » développe la trilogie « Spider-Man », afin d’acquérir les droits d’adaptation de la BD au cinéma. Le duo de producteurs, fasciné par le traitement visuel et le scénario implacable du roman graphique, fait naturellement appel à Steve Niles qui, de son côté, planche sur la suite du comic-book, pour rédiger les premiers drafts du scénario. Une seconde séance de drafts sera ensuite réalisée par Stuart Beattie (« Collatéral », « Pirates des Caraïbes : La malédiction du Black Pearl ») mais rien ne se décidera avant l’arrivée de David Slade sur le projet. Fort de la réussite de son premier long-métrage, le réalisateur anglais rameute avec lui Brian Nelson, Jo Willems et Art Jones, respectivement scénariste, directeur de la photo et chef monteur de « Hard Candy », pour l’aider à transposer le plus fidèlement possible l’univers fantasmatique de la BD sur l’écran.

Dans un premier temps, Brian Nelson est chargé de finaliser le scénario en fusionnant en un script unique les bonnes idées contenues dans les différentes ébauches de ses deux prédécesseurs. Sam Raimi tient en effet beaucoup à conserver l’histoire d’amour conflictuelle du couple Eben / Stella Oleson développé par Stuart Beattie. Absente de la BD, où ils sont un couple de shérifs heureux, cette sous-intrigue est, selon lui, le moyen d’offrir une dimension psychologique inédite aux personnages et de remanier légèrement les événements pour se focaliser exclusivement sur le carnage de Barrow.

TRANSPOSITION GRAPHIQUE

Ces petites différences avec l’œuvre originale prises en compte, le grand défi de l’équipe était désormais de parvenir à transposer le plus fidèlement possible la puissance graphique du comic-book à l’écran. « J’avais adoré les dessins de Ben Templesmith », explique David Slade, « et je voulais absolument retrouver la même esthétique et la même ambiance dans le film ». Parvenus, avec Jo Willem, déjà directeur de la photographie de « Hard Candy », à capter le style et les textures de la BD, David Slade se penche ensuite sur le design des créatures. Les vampires devant paraître presque humains, le cinéaste anglais refuse de jouer la carte du numérique (comme c’est malheureusement le cas dans « Je suis une légende ») et opte pour une approche plus traditionnelle mêlant maquillages et prothèses : « Je voulais juste modifier le visage des vampires pour en briser les lignes afin de les rendre moins humains mais toujours aussi réalistes ». Pour ce faire, David Slade a fait appel aux artistes néo-zélandais de Weta Workshop, déjà coupables des maquillages sur la trilogie du « Seigneur des anneaux ». avec pour objectif de donner vie à une sorte de Nosferatu moderne en parfaite adéquation avec les dessins de Ben Templesmith. « Ils ont parfaitement réussi à retranscrire ce qui fait le caractère particulier de notre bande dessinée », commente ce dernier, « Ils sont restés très fidèles à mes dessins. Les couleurs sont aussi rares que dans la BD et les vampires ont exactement la même apparence ».

CAN AN ACTOR BLEED

Au-delà des aspects scénaristiques et graphiques, restait encore à trouver les interprètes capables d’incarner avec crédibilité les humains et les vampires de cette tragédie sanglante. Là aussi, bonne pioche. Le couple déchirée Josh Hartnett / Melissa George fonctionne à merveille, Ben Foster (Angel dans les « X-Men ») est étrange à souhait dans le rôle de l’étranger, quant à Megan Franish (Iris, la compagne de Marlow) et Danny Huston (Marlow), ils crèvent tout simplement l’écran.

=> Extrait : L’étranger


TOURNAGE DANS UN BARROW DE CINEMA

Si la volonté de toute l’équipe était de produire une œuvre cinématographique aussi créative et esthétique que la BD, David Slade a toujours été très clair sur le fait que le roman graphique devait être le point de départ de toutes leurs créations. « Le succès d’une BD comme « 30 jours de nuit » tient autant de son intrigue que de ses illustrations » précise David Slade. « Pour lui rester fidèle, nous devions respecter son histoire mais aussi l’univers crépusculaire matérialisé par ses dessins ».

Afin de doter la petite ville de Barrow d‘un « réalisme renforcé », c’est-à-dire sans qu’elle est l’air de sortir d’un monde de bande dessinée ni de faire partie du nôtre, Paul Austerberry, le chef décorateur, a été chargé de concevoir et de bâtir une Barrow de fiction en s’inspirant à la fois de la véritable ville et de celle sortie de l’imagination de Ben Templesmith : « Les bâtiments étaient noirs » commente Paul Austerberry « parce que David voulait un contraste fort entre la géométrie sombre et rigide de la ville et la blancheur de la neige. Il fallait que ça ressemble à une ville de western des neiges peuplée de gens isolés au milieu de nulle part. Une palette monochromatique, sorte de clair de lune métallique, ponctuée uniquement par le rouge du sang, les flammes et les couleurs vives des uniformes de Stella ».

En chiffre, « 30 jours de nuit » a nécessité 33 jours de tournage, dont la plupart des prises ont été réalisées de nuit, la production de 280 tonnes de neige artificielle, 4000 litres de faux sang, ainsi que 5 tonnes de gaz propane pour mettre le feu à la ville factice.

=> Extrait de tournage


CASCADEURS VOLANTS

Toujours dans son souci de coller à l’univers développé dans le roman graphique, David Slade ne désirait pas de vampires aux super-pouvoirs, mais des créatures dont les capacités physiques ne surclassent celles des humains que sur le plan de leur agressivité bestiale. Exit donc harnais et filins, les cascadeurs d’Allan Poppleton, doublant Marlow et ses sbires, ont utilisés les techniques du « Urban free-flying » pour assurer les bonds leur permettant de sauter de toit en toit.

=> Extrait : Contre-attaque au chasse-vampires


EFFETS SPECIAUX

Outre la conception des maquillages et des prothèses (dents, ongles, etc.), Gino Acevedo, responsable des maquillages spéciaux chez Weta Workshop et superviseur des effets spéciaux de « 30 jours de nuit », a également retravaillé sur Photoshop les visages des vampires, comme l’écartement de leurs yeux, afin que Charlie McClellan, le superviseur des effets visuels de DigiPost, puisse accentuer l’aspect mystérieux des créatures au moyen du logiciel Inferno. Gino a aussi assisté les équipes de Weta pour la conception des effets visuels, en particulier pour les séquences clés de métamorphoses d’Eben.

30 JOURS DE NUIT : LA SUITE

Si l’un des atouts des adaptations au cinéma est de faire découvrir à un large public des œuvres remarquables, la réussite de « 30 jours de nuit » est d’être parvenue à transposer fidèlement l’univers de Steve Niles et Ben Templesmith sans livrer une simple redite de la BD à l’écran. A l’instar d’un film comme « From Hell » qui a placé sous les projecteurs l’œuvre d’ Alan Moore (« La ligue des Gentlemen extraordinaires », « V pour Vendetta » et prochainement « The Watchmen »), ou encore « The Fountain » qui a permis aux cinéphiles curieux de découvrir le travail de Kent Williams, véritable peintre du 9e Art, « 30 jours de nuit », le film, est l’occasion de rencontrer à la fois un cinéaste visionnaire à l’avenir prometteur, un auteur incontournable de la BD d’horreur et un dessinateur à haute valeur graphique ajoutée. Cela tombe plutôt bien pour ces deux derniers puisque « Jours sombres », le second tome de « 30 jours de nuit » vient de paraître chez Delcourt dans la superbe collection Contrebande et, qu’à l’occasion de la sortie du film, le premier tome vient également d’être réédité.

NB : Puisque j’en suis a vous parler de la collection Contrebande des éditions Delcourt, je ne peux que vous conseiller de jeter un œil sur « Fell : Snowtown », le premier volume d’un polar de Warren Ellis illustré par Ben Templesmith.


Lien(s) yozone

- Une BD d’exception
- Film annonce
- Extraits de tournage
- Extraits du film
- Interview Josh Hartnett
- Interview Melissa George


INTERNET

Le distributeur du film : http://www.snd-films.fr
Les éditions Delcourt : http://www.editions-delcourt.fr
Le site officiel de Steve Niles : http://www.steveniles.com
Le site officiel de Ben Templesmith : http://www.templesmith.com



Bruno Paul
2 janvier 2008



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