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Survivant (Le) - The Omega Man
Film d’anticipation fantastique américain de Boris Sagal (1971)
24 novembre 1971


Genre : Fantastique-SF (adaptation de roman & remake de « The Last Man on Earth »)
Durée : 1h34

Avec Charlton Heston (le Dr Robert Neville), Anthony Zerbe (Matthias), Rosalind Cash (Lisa), Paul Koslo (Dutch), Eric Laneuville (Richie), Lincoln Kilpatrick (Zachary), Jill Giraldi (une petite fille), Brian Tochi (Tommy), DeVeren Bookwalter, John Dierkes, Monika Henreid, Linda Redfearn (membres de la Famille), etc.

Robert Neville (Charlton Heston) est, croit-il, le dernier humain à avoir résisté aux dommages collatéraux monstrueux causés par une guerre bactériologique entre la Chine Populaire et l’Union Soviétique.
La dissémination d’un bacille mutant a directement causé la quasi destruction de toute l’humanité, mais après s’être inoculé un vaccin expérimental, Robert Neville est passé à travers l’épidémie.
Enfin presque car il a maille à partir avec un groupe de mutants qui a développé d’étranges facultés : ils ne supportent pas la lumière, voient dans le noir, vivent la nuit et surtout, ils sont devenus réfractaires à toutes notions de science et de technologie.
Pour eux, Robert Neville est l’homme à abattre, symbole d’un passé à oublier ! Pour Robert Neville, ils sont une bande de dégénérés, d’épaves dangereuses à supprimer séance tenante.
L’ultime combat va s’engager, mais finalement, tout cela a-t-il vraiment un sens ?

Seconde adaptation du classique de Richard Matheson après « The Last Man on Earth » (1964), « Le Survivant » (The Omega Man) s’inspire directement du même chef d’œuvre, mais en est finalement beaucoup plus éloigné que l’adaptation américano-italienne de 1964.
Le film est tout entier centré autour de l’acteur Charlton Heston (Robert Neville), star et comédien au sommet de son art (« La Planète des Singes » date de 1968 et Soleil Vert déboulera en 1973 dans le registre SF ou fantastique) et figure du mâle machiste dans toute sa splendeur... et sa fragilité.
Si les cinq premières minutes du film présente une suite de plans larges d’une mégalopole d’Amérique du Nord totalement inhabitée et déserte, son lot d’avenues à l’abandons jonchées de carcasses de voitures, de quelques cadavres, c’est bien un Richard Neville décontracté qui traverse le paysage au volant d’une décapotable, cheveux au vent, musique à fond.
Et quand il arrête enfin le bolide, c’est qu’il va se choisir une nouvelle tire dans un garage ! Assurant les dialogues avec un vendeur « carbonisé » depuis des lustres et momifié sur son bureau, il va aussi se faire une toile et se projeter pour une énième fois le « Woodstock » de Michael Wadleigh (1970 et Oscar du meilleur documentaire) dans un cinoche, etc. Bref, le stress ou le désespoir ne semblent pas le gagner, mais insidieusement, la folie pointe son nez, souvent. Robert Neville croit entendre tous les téléphones de la ville sonner pour lui et se met à hurler son angoisse à pleins poumons...
En fait de survivant intrépide ou coriace, on pense beaucoup plus au héros de « Le Monde, la Chair et le Diable » (1959), l’excellent Harry Belafonte), rentrant à New York et pensant à tout ce qu’il va pouvoir enfin s’offrir. Quant à Vincent Price et à ses problèmes existentiels dans « The Last Man on Earth », il est bien loin.
Réellement, le seul vrai problème de Robert Neville est de ne pas tomber aux mains de la secte fondée par d’autres survivants transformés en mutants nocturnes (« des déchets humains ! » dixit le bon Robert) et regroupés au sein d’une étrange congrégation appelée la “Famille”. Cette curieuse assemblée de déjantés, vision très marquée seventies d’une bande d’illuminés pas très tolérants, renvoyant plus ou moins finement le spectateur de l’époque au contradiction de la société US en pleine guerre du Vietnam.
Pour le coup, l’amateur de SF pense aussi à tous ces groupuscules rétrogrades évoqués dans un paquet de romans apocalyptiques, qui ne sont finalement rien d’autres que les échos des mouvements religieux, millénaristes ou obscurantistes du Moyen-âge.
Les preuves abondent et sont d’ailleurs assez claires et fréquentes : « La Famille » utilise le feu -que ses membres craignent- comme élément purificateur, ses idées sont d’un mysticisme certain et un gourou vindicatif leur sert de guide omnipotent en prime, des tenues de moines Dominicains sortant d’une crémation Cathare les habillent tous, et ils détestent toute forme d’art car il s’agit forcément du symbole de la dépravation de l’humanité, etc.

L’édition DVD Warner Home Video donne par ailleurs les clefs du film en toute simplicité. Le couple de scénaristes (au cinéma comme à la ville) était composé d’une femme (Joyce Hooper Corrington) passionnée par la science et Docteur en Chimie (d’où l’explication bactériologique des dégâts et la suppression des vampires par des mutants -pas crédibles des vampires en 1971 !) et de son mari, un homme extrêmement religieux, diplômé en littérature et poète à ses heures, John William Corrington.
L’alliance de ces deux passions, l’alchimie créative du couple engendra donc ce script, un rien génétiquement modifié par rapport au roman de Richard Matheson.
Euréka ! On comprend mieux.

On le pressentait, le film va se dérouler dans une ambiance basée sur l’exploitation d’un suspense permanent, émaillé de batailles rangées assez nombreuses, de cavalcades motorisées (voitures et Cie), de sauvetages désespérés et de cascades diverses dans les lieux les plus insolites (dans un ciné, dans un stade, etc).
Si on ne peut que saluer cette volonté de distraire et d’en montrer le maximum pour le même prix au spectateur, on est obligé de préciser que les nouvelles pistes explorées par le scénario ont perdu de leur intérêt avec le temps alors que la simplicité biblique du roman de Matheson n’a pas pris une ride.
Cahin-caha, Robert Neville en arrive même à rencontrer tout d’un coup (48è minute) plusieurs autres survivants avec femme et enfants (surtout), manucurés jusqu’au bout des ongles et tout droits sortis de chez le meilleur coiffeur de la West cost... Bon, glissons. On n’est pas obligé de se sentir blessé par ces petites entorses à la logique de l’intrigue.

Plus originales et intéressantes sont les multiples allusions à la situation politique internationale de l’époque. On notera que, Guerre du Vietnam oblige, ce sont ces fichus cocos qui foutent l’humanité à terre et que ce sont les ricains qui en supportent les conséquences. Idem pour le contexte social et culturel typiquement US, Woodstock en fond sonore, une idylle mixte entre Charlton Heston et Rosalind Cash (une femme noire à la coupe de cheveux “Jackson Five” grand style), citations sur le retour à la Terre et le Jardin d’Éden, volonté affirmée de ne pas recommencer les mêmes erreurs, etc.

« Le Survivant » navigue ainsi à son allure de croisière, film d’action hollywoodien très regardable et pas ennuyeux, mais délesté de bien des audaces du roman. Si les quatre-vingt-dix minutes défilent à la vitesse grand V, on en retient somme toute pas grand-chose de bien marquant. Les aspects « techniques », la forme, s’imposant sur le fond (les idées). Musique omniprésente agréable, très tendance la série « Le Prisonnier » (écoutez bien les premières notes du thème principal), décors agencés aux petits oignons, rythme haletant, utilisation de tous les angles d’attaques par une caméra agile qui joue souvent du zoom afin d’accentuer encore le tempo de l’intrigue, réel sens du cadrage énergique doublé d’éclairages bien sentis.
Il serait injuste d’être trop sévère, la réalisation propose aussi quelques moments d’anthologie comme cette scène surréaliste et costumée ou Robert Neville s’éclate comme un petit fou, quelques scènes de bastons noctures parfaitement filmées et évite le ridicule dans un final christique à souhait.

Néanmoins, si on attendait, la grande adaptation de « Je Suis une Légende », c’est raté et nettement moins ambitieux que « The Last Man on Earth ».
Par contre, si on veut trouver un bon film fantastique aux thématiques SF et post-apocalyptiques, c’est, il faut le reconnaître, très bien joué, très agréable à regarder et assez symbolique de ce que Hollywood savait très bien faire : distraire sans ennuyer ou abêtir, être populaire sans vulgarité inutile, raconter une histoire et torcher un bon petit film d’une heure et trente minutes sans coup férir.

Rien que pour ça, on peut en redemander et en reprendre sans aucun risque.

FICHE TECHNIQUE

Titre original : The Omega Man (1971)
Autre titre (France) : Le Dernier Homme Vivant
Réalisation : Boris Sagal
Scénario : John William Corrington & Joyce Hooper Corrington
D’après le roman « Je Suis Une Légende » de : Richard Matheson
Remake de : « The Last Man on Earth » (1964)

Producteur : Walter Seltzer (pour la Warner Bros.)

Musique : Ron Grainer
Photographie : Russell Metty
Décors : William L. Kuehl, Walter M. Simonds
Costume : Margo Baxley, Bucky Rous
Maquillages : Gordon Bau
Coiffures : Jean Burt Reilly
Son (mono) : Robert Martin
Montage : William H. Ziegler

Production : Warner Bros. (USA)


Stéphane Pons
28 août 2007



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Affiche cinéma France



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L’édition DVD Warner Home Vidéo (France)



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