Après un premier volume (Le Poète Assassiné) qui plantait les personnages et le cadre historique de l’intrigue de manière un peu abrupte, la série Galata nous revient peu ou prou sur les mêmes bases (ok, c’est paru en juillet 2006, et on n’est pas en avance mais on s’excuse).
Décors fouillés, couleurs assez violentes mais attirantes, personnages taillés à la hache et intrigue assez facilement devinée.
Le cadre du polar historique permet surtout au trio créatif de livrer une histoire à plusieurs niveaux de lecture. Le premier, pas obligatoirement le plus passionnant, nous entraîne dans une course assez endiablée à la recherche d’un « vrai » coupable.
Les fausses pistes sont assez grosses et le brave bourrin -une sorte de musclor du XVIè siècle- qu’est Ogier de Murol peine à les déjouer. On peut même dire que sans l’aide de son “Garofette”, il se mettrait la ville et ses habitants à dos.
Le second niveau, plus marrant, convoque clin d’œils historiques, séquences humoristiques, ambiances fantastiques et un petit côté décalé assez sympa.
Paradoxalement, alors que le graphisme des personnages, ultra stylisé et marqué, joue -volontairement ?- des défauts de perspectives des visages et des corps, c’est quand même le dessin qui emporte le morceau. Les nombreux décors (intérieurs, extérieurs, paysages, monuments) s’avèrent assez dépaysants, voire enchanteurs, une énergie graphique ressort finalement et s’appuie sur un scénario qui digresse pourtant pas mal d’une page à l’autre.
Le découpage, ultra classique, ne déroutera personne et la révolution narrative n’est pas au programme de Galata.
C’est assez heureux car il faut bien le reconnaître, l’enquête ne réserve que des surprises par trop prévisibles.
L’exploitation de la dualité des caractères d’Ogier de Murol (les jambes) et d’Antonio Garofalo (la tête) va donc être le ciment d’un scénario qui cachait en fait une œuvre foncièrement burlesque, à lire au second degré.
Étrangement, alors que Stefano Palumbo crée des hommes assez laids et aux visages disproportionnés et torturés, il sait aussi dessiner des madones très agréables (comme la Comtesse Palmanova) mais n’exploite malheureusement pas ce filon ici.
Néanmoins, cet Ermite des Météores se laisse lire avec un plaisir certain malgré les circonvolutions scénaristiques et les grosses ficelles utilisées. Par rapport au premier volume, les progrès sont évidents, bien que pas encore suffisants pour arracher d’emblée le morceau.
Tout en étant assez loin de la qualité proposée par les séries Antoine Sèvres, Néférités ou Novikov dans cette même collection Dédales, les deux premiers volumes de Galata ne sont pas des repoussoirs et peuvent même procurer de bons moments de délassements et de distractions.
Suite prévue avec « Les Pierres de l’Exemple » (à paraître) pour une trilogie qui peut trouver son public et arrache assez facilement quelques sourires.
L’Ermite des Météores (T2)
Série : Galata
Premier volume : Le Poète Assassiné
Scénario : Alain Paris & Fred Le Berre
Dessin : Stefano Palumbo
Couleur : Valérie Beltran
Lettrage : Agnès Moreau
Conception graphique : Stéphane Martinez
Édition : Les Humanoïdes Associés (Paris)
Collection : Dédales
Dirigée par : Bruno Lecigne
Format : moyen (22,5 x 29,7), cartonné
Pagination : 48 pages couleurs
Dépôt légal : 20 juin 2006
ISBN : 978-2-7316-1797-7
Prix public : 10,40€
© Illustrations : Les Humanoïdes Associés - Dédales, Alain Paris, Fred Le Berre & Stefano Palumbo (2006)
