Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Brazil
Film anglais de Terry Gilliam (1985)
20 février 1985

*****



Genre  : Fantaisie SF
Durée :2h22

AvecJonathan Pryce (Sam Lowry), Robert De Niro (Archibald ’Harry’ Tuttle), Katherine Helmond (Mme. Ida Lowry), Ian Holm (Mr. M. Kurtzmann), Bob Hoskins (Spoor), Michael Palin (Jack Lint), Ian Richardson (Mr. Warrenn), Peter Vaughan (Mr. Helpmann), Kim Greist (Jill Layton), Jim Broadbent (Dr. Jaffe), Barbara Hicks (Mrs. Terrain), Charles McKeown (Lime), Derrick O’Connor (Dowser), Kathryn Pogson (Shirley), Bryan Pringle (Spiro), Sheila Reid (Mrs. Buttle), Brian Miller (Mr. Buttle)

Imaginez un monde futuriste décalé tel que l’univers de « 1984 » peut le représenter, c’est-à-dire une société au top-niveau de l’organisation informatisée et aseptisée, mais dans un décor de début de siècle.
Terry Gilliam s’est inspiré de l’œuvre d’Orwell en écrivant « Brazil » mais il lui donne un ton totalement personnel. Il ajoute à l’esprit d’Orwell une dimension humoristique dont le livre manquait singulièrement. Car l’arme imparable du réalisateur c’est de réussir à faire rire des situations cauchemardesques de cette société. Un rire jaune, des gags tragiques qui laissent un arrière goût d’indignation.

Tout comme dans le classique de la littérature anglaise, Gilliam a situé son action sous un régime totalitaire et a pris le parti de nous décrire un petit employé : Sam. Il mène une existence aussi paisible que le permet un monde décadent secoué, à tous moments, par des attentats terroristes sanglants. Sam est un homme modeste, soumis, effacé, qui n’a qu’une ambition : Ne surtout pas en avoir ! Autrement dit, rester pour toujours un tâcheron minable et zélé dans un ministère. Mais ne croyez pas pour autant que Sam soit un idiot, bien au contraire. Il préfère le doux cocon de ses rêves érotiques à la course à la réussite et à l’éternelle jeunesse qui obsède tant ses semblables. Un jour, pourtant, la femme de ses rêves déboule dans sa vie, il commence alors à s’interroger sur le bien-fondé des décisions de ceux qui le gouvernent. Mais les questions ne sont pas de mise dans un univers autoritaire se chargeant de briser l’individu qui remet ses bases en questions. Pour l’homme détruit, il ne reste plus qu’à se réfugier dans le rêve, qui l’entraîne bien loin sur les accents joyeusement ironiques d’une mélodie brésilienne.

Gilliam nous montre la société écrasante dans une formidable allégorie : l’aspect de la métropole ne vise en fait qu’à rapetisser le citoyen et lui faire encore mieux prendre conscience du dérisoire de son existence en tant qu’individu. C’est dans la forme et dans le surdimensionnement de l’espace architectural qu’on fini pas se retrouver fondu dans la masse.

« C’est comme si Frank Capra rencontrait Franz Kafka. » C’est en tout cas la définition qu’en donne l’auteur. Derrière la boutade, le constat est juste. « Brazil » entre-mêle en effet tous les thèmes de ces fameuses comédies sentimentales que sont « Mr. Smith au Sénat » et autres « La vie est belle » de Capra. Bref, Gilliam veut croire, comme Capra, que l’homme est naturellement bon, et que l’honnêteté et la justice triomphent toujours. Mais il a lu Kafka, et c’est là que le bonheur prend un goût amer : à force de ne pas vouloir regarder le monde tel qu’il est, on devient la victime désespérée de ce qu’il est devenu. Et Gilliam de conclure : « Je pense qu’en voyant le film, les gens vont se tordre de rire et réaliser, une seconde plus tard, que ce n’est vraiment pas si drôle... »
Alors, pourquoi ce titre et cette chanson aussi délicieusement « nunuche » (que l’on peut entendre sous 17 versions différentes dans le film) dans un monde aussi concentrationnaire ?

« Parce que cette chanson m’a donné l’idée du film, explique Gilliam. Cette musique est à mes yeux un concentré de tout ce que la vie peut avoir d’innocent, de romantique et de sentimental, avec cette pointe d’exotisme qui nous fait rêver. Et elle est le parfait contraste de ce monde qui est pratiquement le nôtre, dés-humanisé, gris et sans âme. D’où l’idée de montrer mon héros entendant brusquement cette chanson jaillir de son autoradio, comme le souvenir d’un paradis à jamais disparu, et qui n’a plus sa place dans cette ville monstrueuse. Du coup, ce n’est plus seulement une chanson mais le symbole d’une attitude. »

Gilliam rend le monde qu’il dépeint bien plus crédible en l’adaptant à nos phobies modernes. La chirurgie esthétique, la famille étouffante et une technologie incompréhensible ont remplacé Big Brother . Seuls la tristesse et l’isolement sont restés à l’ordre du jour. Loin de nous soulager par des bouffées d’air pur, l’humour qui préside au déroulement du film ne fait qu’accentuer le côté désespéré de « Brazil ». Des effets spéciaux superbes, des mouvements de caméra et des plans comme on ne sait plus en faire sont aussi de la fête, ce qui ne gâche rien. Ce film est d’une telle intensité visuelle et émotionnelle qu’il en est devenu mythique.

FICHE TECHNIQUE

Titre original :Brazil
Réalisation : Terry Gilliam
Scénario :Terry Gilliam, Charles McKeown, Tom Stoppard

Producteur(s) : Arnon Milchan
Coproducteur(s) :Patrick Cassavetti

Musique originale :Michael Kamen
Image  : Roger Pratt
Montage :Julián Doyle
Distribution des rôles :Irene Lamb
Création des décors :Norman Garwood
Direction artistique :John Beard, Keith Pain
Création des costumes :James Acheson
Maquillages : Maggie Weston
Effets spéciaux : George Gibbs
Production :Embassy International Pictures
Universal Pictures [us]
Distribution : Universal Pictures, MCA (video)


© Images ; Universal Pictures France - Tous droits réservés



Christophe Benoist aka Roy Batty
20 février 1996



JPEG - 10.3 ko



JPEG - 6.1 ko



JPEG - 4.8 ko



JPEG - 6.3 ko



JPEG - 6.1 ko



Chargement...
WebAnalytics