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Fille du capitaine (La)
Peter F. Hamilton
Bragelonne, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), science-fiction, 357 pages, avril 2025, 8,95€


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Le Daedalus : un gigantesque cylindre creux lancé en direction des étoiles, en rotation sur lui-même pour créer une gravité artificielle. Taillé dans un astéroïde, avec un monde intérieur de cinquante-cinq kilomètres de long et de trente-cinq kilomètres de circonférence, il emmène les humains à la recherche d’une nouvelle Terre. Cette arche titanesque traverse l’espace interstellaire depuis près de neuf cents ans ; cela fait cinq siècles que l’intelligence artificielle du vaisseau affirme que l’arche se dirige bien vers une planète hospitalière, mais sans jamais donner de précisions quant au temps qu’il faudra pour l’atteindre.

Un thème très classique que celui du vaisseau-monde gigantesque, générationnel, dans lequel rien ne se passe véritablement comme prévu. Un thème qui n’a jamais cessé de séduire les auteurs, comme on a pu le lire ces dernières années encore avec « Aurora » de Kim Stanley Robinson, « Dans la toile du temps » d’Adrian Tchaikovsky ou encore « Mémoires de métal » d’Alastair Reynolds. Dans le premier tome, « Une brèche dans le ciel », Peter F. Hamilton décrivait une société humaine morcelée en un monde rural intérieur d’une cinquantaine de villages unis par des canaux sur lesquels les habitants se déplacent en péniches. Une société quelque peu régressive régie par l’intelligence artificielle du vaisseau apparaissant comme une sorte de dieu et où l’on « recycle » les plus âgés. Mais Hazel, la narratrice, une jeune fille d’une quinzaine d’années, mettait en évidence bien des mensonges : lentement mais inexorablement, au fil des années l’oxygène s’échappait du Daedalus. De fil en aiguille, elle en apprenait bien plus, brisant la façade d’un univers truqué – qui, plutôt qu’un monde dickien, pouvait évoquer bien des romans de la littérature jeunesse des générations précédentes – et finissait par découvrir que les yis, des créatures extra-terrestres, avaient secrètement pris le contrôle du vaisseau et manipulaient sa société humaine.

C’est sur la révélation aux humains de cet état de fait par Hazel que débute « La Fille du capitaine ». Sur le mode « la vérité est ailleurs », Hazel, aidée par quelques amis et une partie des intelligences artificielles du vaisseau demeurées libres et indépendantes, va chercher à en savoir plus au sujet des yis et à mettre fin à leur domination. Le temps presse : suite à leur découverte par Hazel et ses amis, ces entités à présent menacées ont en effet mis fin à l’éclairage et au chauffage artificiels du vaisseau, ainsi qu’à la circulation d’eau dans les canaux. Sans ces fonctionnalités, les quelques milliers d’humains, même en s’organisant, vont avoir du mal à survivre. C’est donc parti pour trois cents pages de surprises et d’aventures. Mais, si l’on retrouve ici et là une part de l’inventivité de Peter F. Hamilton, les aventures seront plus linéaires et les surprises moins nombreuses que dans ses autres œuvres. Et il est bien difficile de ne pas noter que les caractères sont peu développés, les situations parfois trop simples, et les dialogues parfois si hâtifs et si superficiels qu’ils apparaissent bien peu crédibles.

Contrairement aux autres œuvres de Peter F. Hamilton, la trilogie de « L’Arche spatiale », conçue initialement comme audiolivre et commercialisée sous cette forme, n’était sans doute pas destinée à apparaître sous forme de roman. Ceci explique peut-être, au moins partiellement, la différence avec les autres romans et séries du maître du space-opera britannique. De toute évidence, l’auditorat a été considéré comme ayant des capacités de réflexion, de compréhension, de concentration et de mémorisation nettement inférieures à celles d’un lectorat capable d’aller au bout de romans complexes s’étendant souvent sur des milliers de pages, et marqués par le foisonnement des personnages et par la floraison d’intrigues parallèles. Sur le plan sociologique, le constat n’est sans doute pas faux. Reste qu’à la lecture l’impression qui domine est d’avoir affaire à une série destinée aux plus jeunes et non pas à un récit de science-fiction pouvant se comparer aux autres romans de l’auteur. Une lecture facile et agréable et un roman qui laisse en suspens suffisamment de questions pour que l’on ait envie de feuilleter le troisième volume, mais un récit qui manque d’ambition et qui pourra laisser les amateurs de Peter F. Hamilton sur leur faim.


Titre : La Fille du capitaine (The Captain’s Daughter, 2022)
Série : L’Arche Spatiale (Arkship Trilogy), tome II
Auteur : Peter F. Hamilton
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Sébastien Baert
Couverture : Jean-Charles Pasquier
Éditeur : Bragelonne (édition originale : [Bragelonne], 2023)
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 357
Format (en cm) :11 x 17,7
Dépôt légal : avril 2025
ISBN : 979102138738
Prix : 8,95 €



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« Salvation tome I : Les Portes de la Délivrance »
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Hilaire Alrune
9 juin 2025


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