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Solaris n°236
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°236, science-fiction / fantastique / fantasy, nouvelles - articles - chroniques, printemps 2025, 162 pages, 13,95 $ CAD

Sous une couverture trompeuse de Tomislav Tikulin promettant du space opera, se cachent six nouvelles et trois articles.



Dans “Autres temps autres mers”, se déplacer sur les flots ne revient pas uniquement à voyager dans l’espace, mais aussi à jouer avec le temps. Celui qui reste sur le rivage voit ainsi la même personne revenir au port à des âges différents, changée ou ne simplement plus revenir, car décédée. Emprunter l’océan revient à se lancer dans le multivers avec ses différentes réalités. Le voyageur n’en a pas conscience, contrairement à l’observateur extérieur. Marie Labrousse nous offre une intéressante variation sur le sujet.

Bastien Champougny livre une nouvelle plutôt étrange avec la trouvaille d’un billet aux étonnantes propriétés. Son possesseur voit les gens autrement, plus jeunes ou pour certains comme s’ils étaient creux. Finalement cette catégorie semble majoritaire, un peu comme les sans grades, les anonymes qui font tourner la société mais qui sont invisibilisés. Le sujet de “Le veilleur” est plus profond que ce qui paraît de prime abord et n’est pas sans amener une certaine réflexion.

Le problème de certains textes, c’est qu’une semaine après lecture, se souvenir de l’histoire tient de la gageure. “Route 39” de Flavie Bélanger relève pour moi de cette catégorie. Même en le parcourant à nouveau, j’ai du mal à me remémorer son déroulement. Une femme revient après un déplacement et, comme à chaque fois, elle a du mal à réintégrer son quotidien, car le temps ne se déroule pas à la même vitesse pour elle durant son absence. C’est assez évasif, rempli d’allusions qui laissent une espèce de flou et manquent de force.

Alexander Zelenyj développe une idée, mais le fait très bien. Des recherches autour de déplacements à travers l’espace conduisent à l’expérience d’un savant, dont le résultat est sans appel : “Nous sommes seuls”. Ses conclusions sont décriées, car l’homme ne peut se résoudre à être une anomalie, la seule vie à travers l’immensité de l’espace. Autour des destins de l’humanité ou de l’individu, de la fatalité et de la tristesse se dégagent de ces pages qui impriment la mémoire.

Deux amis font une “Virée boréale” dans un lieu reculé et à la sinistre réputation. La nuit est pour le moins tourmentée et non sans liens avec le passé. Une nouvelle efficace et intrigante signée Michèle Laframboise.

Le sud de la France dans un futur guère rieur. Un vendeur ambulant espère faire des affaires en se rendant auprès de militaires bloqués dans leur cantonnement, mais il n’écoute pas les avertissements, aussi bien des personnes croisées que d’un lièvre qui lui dit “Odonnec”. Une nouvelle assez improbable sous la plume de Yves Meynard qui a vraiment l’art et la manière d’embarquer les lecteurs dans son imaginaire.

Écrit par l’universitaire Vincent Bontems, le “Manifeste du Multiversalisme” demande à être lu à tête reposée pour en appréhender le sujet. Souvent ce genre de papier pèche par une trop grande érudition, ce qui donne la fausse impression qu’il ne s’adresse pas à tout le monde, faute de message directement intelligible.

Mario Tessier n’est jamais tombé dans ce travers. La rubrique “Les Carnets du Futurible” parle toujours à tout un chacun et “Les Moulins à mots, ou quand la machine fait de la littérature” nous montre que voilà déjà longtemps que l’homme rêve à ChatGPT, faisant avec les moyens du bord pour que la machine écrive de manière autonome.

Dans le cadre du “Daliaf”, Claude Janelle revient sur « Les corps communiquants » (1981) d’Agnès Guitard.

Des nouvelles peu souriantes sur le fond mais intrigantes et des articles plus ou moins accessibles mais malgré tout intéressants nous donnent un « Solaris » de bonne facture.


Titre : Solaris
Numéro : 236
Direction littéraire : Geneviève Blouin, Francine Pelletier, Pascal Raud et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Tomislav Tikulin
Illustrations intérieures : Émilie Léger, Éricka Sézille, Sagana Squale, Laurine Spehner, Michèle Laframboise, Julie Ray et Suzanne Morel
Traductions : Pascal Raud ( Nous sommes seuls)
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Sites Internet : Solaris ; numéro 236
Période : printemps 2025
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782925427209
Dimensions (en cm) : 13,4 x 21
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
2 mai 2025


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