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Prédiction (La)
Alice Hoffman
Gallimard Jeunesse, Scripto, roman (USA), traduction, 157 pages, 8€

« J’étais le fruit du chagrin. Ma mère me prénomma Pluie ».
Ainsi commence (bien) ce roman, quasi monologue aux accents récitatifs antiques, de la petite Pluie qui deviendra grande, très grande.
C’est qu’une future Reine des Amazones qui dispose du don de prophétie ne peut pas faire n’importe quoi.
Où gouverner, c’est s’interroger et prendre en compte les autres avant soit.




J’avoue une tendresse particulière pour la collection Scripto de chez Gallimard Jeunesse en ce sens qu’elle propose toujours des textes sensibles et particulièrement bien écrits (cf « Jours de Collège »).
« La Prédiction » ne déroge pas à la règle et, sous le couvert d’une extrapolation historico-fantasy (le temps des Amazones), Alice Hoffman (auteur américain dont c’est la première traduction sous nos cieux), nous raconte une histoire des plus saisissantes.

La jeunesse et l’adolescence de la jeune Pluie, fière guerrière des Amazones, dont le destin sera d’être leur Reine. Mais il n’y a pas que cela. Pluie a le don de prophétie, souffre du manque d’amour d’une mère solitaire, s’interroge sur son monde, sur la responsabilité qu’elle doit aux autres, sur les sentiments confus à ordonner au fond de son esprit.

Amazone ou pas, ce n’est que l’âme délestée de ses soucis que l’on parvient à prendre son envol. Et Pluie ne déroge pas à la règle.
Au-delà du texte, deux choses attirent l’attention. Le style poétique au grand souffle narratif proche du chant antique (bravo à la traductrice), développé tout au long du roman, ainsi que la face cachée de l’histoire. Le non-dit parfaitement exprimé qui nous parle d’autre chose. Une jeune fille en quête de maturité qui sait qu’elle assumera de grandes responsabilités envers sa tribu suscite inévitablement l’émergence d’un modèle plus classique et universel. Celui d’une jeune femme qui deviendra une mère et affrontera le questionnement posé par ce don d’amour. Celui aussi d’un être sensible, qui comprend que la justesse ne sera pas de se noyer dans cette offrande mais d’en sortir grandie.
Autre pirouette risquée, Alice Hoffman se frotte avec grand tact à tous les épineux sujets en abordant avec justesse les thématiques de l’homosexualité féminine (Amazones off course, mais quand même, il fallait le faire avec intelligence).

Roman initiatique par excellence, « La Prédiction » devrait forcément “parler” aux adolescentes et à toutes les femmes. J’imagine aussi quelques grand-mères avec une petite larme au coin de l’œil, réjouies et émerveillées par les qualités énergisantes du roman. Il y a un peu de la “Fontaine de Jouvence” là-dedans.
Les garçons, devenus hommes ou pas, ne risqueront rien à suivre les aventures de la petite Pluie, sinon un peu de compréhension de l’autre.

Avouons qu’en ces temps troublés où les repères s’enfuient à la vitesse d’un cheval au galop (et on en croise pas mal dans ce roman), on gagne toujours à mieux comprendre les sentiments de celui que la vie nous choisira.

Titre : La Prédiction
Auteur : Alice Hoffman
Traduction de l’Américain : Catherine Gibert
Couverture : Matt Mahurin
Collection : Scripto
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Pages : 157
Format (en cm) : 13 x 1 x 20 (broché)
Dépôt légal : septembre 2006
ISBN : 2-07-057061-4
EAN : 9 782070 570614
Prix : 8€


Stéphane Pons
10 février 2007


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