Entrons dans le manoir de Keyhouse

Son scénario plonge dans les secrets anciens enfouis dans le manoir de Keyhouse, juché sur un promontoire de Lovecraft, une ville côtière du Massachussets. Le nom n’est pas choisi au hasard (les auteurs se sont inspirés de Lovecraft et de la ville de Providence) même s’il ne s’agit pas seulement d’inviter d’horribles entités cosmiques, mais plutôt d’assembler fantastique ancien et horreur moderne.

Tyler, Kinsey, Bode, alors que leur vie est encore tranquille !

Tout débute par le meurtre d’un père par un adolescent instable, Sam Lesser, dont l’envie de tuer vient d’ailleurs, d’un puits sans fond où est emprisonné un être malfaisant, à Keyhouse. Le gamin tue un père mais se loupe sur le reste de la famille qui, traumatisée, décide d’aller se mettre à l’abri dans la vieille demeure familiale entretenue par l’oncle Duncan. Et ce qui devait être un havre de paix pour Tyler, Kinsey, Bode et leur mère, devient un étrange terrain de jeux aussi sadiques que merveilleux. Car commence la découverte de clés aux pouvoirs extraordinaires. Bode, le plus jeune, expérimente ainsi celle qui permet de sortir de son corps et de voir, sans être vu, tel un ectoplasme de brume fantomatique. Le gamin s’en réjouit et entame, tel un jeu de piste, la recherche d’autres merveilles comme la clé casse-tête, géniale trouvaille du scénariste ! Il sera longtemps le seul à connaître ce terrible secret, car frère et sœur sont prisonniers de leur déprime et ne l’écoutent pas. Ils finiront par croire en ses dires exubérants et commencer à enquêter en ce territoire étrange et maléfique le jour où Sam Lesser réapparaît, le meurtre en obsession et qu’ils doivent sauver leurs peaux !

La fameuse clé casse-tête !

J’ai entamé ce récit pour la troisième fois, observant l’intelligence du scénariste qui distille mystères, effroi, sidération, et force l’admiration dans l’évolution de personnages cassés qu’il rend si attachants. J’adore la naïve poésie enfantine de Bode, je m’en délecte même dans la formidable réalisation graphique d’un Gabriel Rodriguez qui livre avec “Locke & Key” un de ses sommets artistiques. Son dessin distille avec force les poisons diffus, les épreuves morbides et des valeurs familiales et de courage d’une intensité rare. Il faut également souligner le super boulot de Jay Fotos sur la mise en couleurs, qui réussit à se glisser entre ombres et lumières, les différentes époques et autres unités de lieux.
Rééditée chez Hi Comics dans une Intégrale Master dont le splendide design a été réalisé par Gabriel Rodriguez, “Locke & Key” doit absolument être lue une fois dans sa vie... au minimum !

A noter : cette Intégrale Master compte 3 volumes, chacun reprenant deux albums de l’édition originale publiée à partir de 2010 chez Milady Graphics. Elle a été complétée en mars 2025 par un T4 reprenant les récits distillés dans “Locke & Key - Ciel et Terre” et “Locke & Key : l’Âge d’or”, un véritable feu d’artifice pour tout savoir de la malédiction de la famille Locke et de l’origine d’une bonne centaine de clés magiques ! Chacun de ces volumes apporte son lot d’illustrations originales (j’en raffole !!!) et même pour le T4, un entretien illustré de photos avec Joe Hill et Gabriel Rodriguez.

Locke & Key Intégrale Master (T1)
 Série : Locke & Key
 Scénario : Joe Hill
 Dessin : Gabriel Rodriguez
 Couleurs : Jay Fotos
 Éditeur : Hi Comics
 Pagination : 328 pages couleurs
 Format : 17,3 x 27,5 cm
 Date de parution : 5 juin 2024
 Numéro ISBN : 9782378871383
 Prix public : 35 €

Locke & Key sur la Yozone :
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Illustrations © Gabriel Rodriguez et Éditions Hi Comics (2024)