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Noir comme l’orage
Sonja Delzongle
Pocket, Thriller, roman (France, 2024), policier, 634 pages, février 2025, 9,70€

Suite à une terrible nuit orageuse, quatre corps sont retrouvés sur l’île de Ré. La mise en scène a de quoi interpeller, tout comme la méthode pour les tuer : attachés à des pieux métalliques et enrobés de papier aluminium, ils ont été foudroyés. Nommé responsable de l’enquête, le capitaine Max Fontaine apprend que d’autres cas similaires se sont produits en même temps sur trois autres îles de la Charente-Maritime : Oléron, Aix et Madame. Au total, sept victimes foudroyées.
Le capitaine n’est qu’au début des ennuis.



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Voilà un départ engageant, car la méthodologie ne peut qu’attirer la curiosité. La foudre comme arme de crime, voilà qui n’est pas banal. Fontaine pressent que la prochaine nuit d’orage peut faire d’autres morts, d’autant que les premiers indices prouvent que la plupart des foudroyés se connaissaient déjà, ayant déjà goûté à la foudre mais sans en mourir. Keraunas, un centre sur Oléron spécialisé dans les effets de la foudre sur l’humain, les a vus passer. Fontaine découvre que les cas ne sont pas si rares et il va rapidement s’intéresser à une fulgurée récente, Bénédicte Saint Roch, la fille d’un riche entrepreneur rochellois.

Le capitaine Max Fontaine est un transgenre qui n’est pas encore parvenu à la fin de son traitement. Pour reconquérir Elsa, Maxence s’est lancé dans une longue série de protocoles afin de devenir Max. Dans la brigade de police, ils sont très peu à être au courant. Le seul vraiment dans la confidence est le sergent Thomas Bergerac au physique de rugbyman mais avec un cœur énorme. On peut s’étonner du choix dans l’air du temps et que rien ne justifie vraiment, même si certains développements sont assez cocasses, tant les motivations de Max à opérer cette transition apparaissent bien légères. Ce dernier porte des œillères quant à sa relation avec Elsa. Leur feue relation connaît un tour complètement inattendu quand elle est retrouvée assassinée à son domicile en compagnie d’un homme. Max est aussi chargé de ce cas, son supérieur ignorant sa relation avec Elsa. Le voilà donc en charge de deux enquêtes, celle des foudroyés et celle du meurtre d’Elsa pour qui il a accepté tant de sacrifices sans être payé en retour. Cette affaire recèle bien sûr un tour beaucoup plus personnel. En même temps, il interroge Bénédicte, choisie un peu au petit bonheur la chance sur le tableau des pensionnaires de Keraunas, comme si elle détenait la clé de toute l’affaire.
Autant dire que Max Fontaine est sur tous les fronts, tire de nombreux fils, mais qu’en retour, les résultats sont bien maigres.
Comme dit, le début ne peut que susciter la curiosité mais, avec le meurtre d’Elsa, les foudroyés semblent passer au second plan. Max fait feu de tout bois, préfère souvent faire cavalier seul, il néglige de répondre aux appels, sillonne le département sur sa moto, interroge souvent Bénédicte et s’intéresse aux affaires de son père. Après quoi court-il vraiment ? Combien de fois ne lit-on pas que les premiers suspects sont souvent ceux ayant trouvé les corps ou la famille proche ? Là un couple attire tout de suite l’attention, mais Max se focalise sur leur fils, l’ex de Bénédicte.
« Noir comme l’orage » fait clairement référence aux orages, à la foudre, mais Sonja Delzongle se disperse beaucoup, rajoutant Elsa à l’équation, puis d’autres choses et le récit perd sa dimension première, intrigante à souhait, avec l’orage comme arme du crime. De temps en temps, il y a une piqûre de rappel, mais il est dommage que le livre ait pris un tel embonpoint (plus de 600 pages) au détriment de l’essentiel. L’auteure y a mis trop de choses pour résumer facilement l’ensemble. Le propos est noyé dans un ensemble de faits qui font perdre de vue l’affaire de départ.
Quant à Max Fontaine, il plaît ou pas. En tout cas, il ne laisse personne indifférent, même s’il manque passablement de flair.

En un sens, « Noir comme l’orage » est rageant, car la matière de départ était prometteuse, mais Sonja Delzongle a choisi d’y greffer un tour plus personnel avec Max Fontaine et Elsa. L’intrigue première tend à se délayer et le roman perd de son attrait. En se consacrant à l’essentiel, en évitant de l’étendre outre mesure, ce roman aurait nettement gagné en efficacité. Pour ma part, on est bien loin du coup de foudre en définitive...


Titre : Noir comme l’orage
Auteur : Sonja Delzongle
Couverture : Axel Mahé. Photo : © Dean Gill
Éditeur : Pocket (1ère édition : Fleuve Noir, 2024)
Collection : Thriller
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 634
Format (en cm) : 10,7 x 17,7
Dépôt légal : février 2025
ISBN : 9782266347594
Prix : 9,70 €


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- un entretien avec Sonja Delzongle

Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
7 mars 2025


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