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Arsène (Les), tome 2 : L’Île du Corbeau
Bertrand Puard
Poulpe Fictions, roman (France), aventures, 206 pages, mars 2024, 11,95€

Dans les années 1930, Arsène Lupin a pris sa retraite. Mais son passé le poursuit, et il ne refuse pas de donner un coup de main pour lutter contre l’injustice. Quand un mauvais patron s’apprête à démanteler une usine en Bretagne et virer tous les ouvriers, le vieux cambrioleur, dans sa base secrète de l’Aiguille creuse, fait appel à ses jeunes apprentis Libellule, Diane et Octave pour organiser le casse de la villa du vilain.



Arsène Lupin est toujours en vogue, la série sur Netflix a permis de remettre les romans de Maurice Leblanc entre les mains des jeunes lecteurs. Tombé dans le domaine public depuis 2012, son personnage de gentleman cambrioleur trouve une seconde jeunesse.

Bertrand Puard, auteur jeunesse prolifique et talentueux, prend le parti de faire de lui le mentor de trois jeunes orphelins débrouillards : un passionné de sciences, une casse-cou... à qui il transmet son savoir-faire mais surtout ses valeurs : on ne vole que les riches et les puissants qui abusent de leur fortune au mépris du peuple.
Ce second tome peut se lire indépendamment du premier, les jeunes héros sont présentés rapidement, entre leurs talents respectifs et les sentiments qui les lient.

La cible ici s’appelle Hercule Guéméné, patron véreux qui veut liquider son usine bretonne pour faire une plus-value, tandis que ses ouvriers voudraient la racheter (et monter une SCOP). Cette situation, à la fois intemporelle et résolument contemporaine, a commencé à me faire un peu tiquer, tout comme le look d’Octave, plus fin XXe que début. De manière générale, le dessin un peu naïf de Lou Fraleu, notamment les visages, n’aura pas mes suffrages.
Le rachat de l’entreprise passe par le cambriolage de Guéméné, permettant aux ouvriers de racheter l’usine avec l’argent que le patron a détourné. J’ai apprécié que Bertrand Puard propose ce procédé parfaitement dans l’esprit de Leblanc. Mais le coffre est dans une villa inaccessible, et caché par des énigmes ; Lupin part à Londres, sollicite son ancien rival Herlock Sholmès pour obtenir des indices de l’avocat de Guéméné. Les deux vieux héros font un peu Pieds Nickelés (désolé pour cette référence surannée) mais cette excursion londonienne n’est pas désagréable. Elle me pose un peu souci sur la temporalité de l’aventure, très serrée, qui impose un stress un peu artificiel et interroge parfois.
Mais ce sont là des questions de lecteur adulte, et je pense que les 8-12 ans acceptent certaines facilités avec plus de bienveillance que moi. Le voyage jusqu’à l’île en sous-marin, qu’Octave apprend à piloter en 2 minutes... ou son invention de téléphones portables / talkie-walkie... On est assez loin d’une aventure historiquement fidèle, dirons-nous.
Sur l’île, puis dans la villa, la recherche du coffre et la résolution des énigme s’apparente à un escape game assez peu réaliste. L’une des Arsène est capturée, un peu bêtement, et délivrée tout autant. Hormis quelques interventions du vieux héros, qui rehausse le niveau, j’ai trouvé le déroulé et le rebondissement en dents de scie, à l’image des réactions des différents protagonistes : c’est tantôt simpliste, tout se résout trop facilement, tantôt un peu inutilement tarabiscoté, comme toute cette histoire de tableaux mythologiques à retourner pour révéler le coffre.

Enfin, tout est bien qui finit bien, dans une ambiance un rien vaudevillesque mais plaisante.

Clairement, je n’ai pas éprouvé grand plaisir à cette lecture. Malgré les multiples références à l’œuvre originelle, je ne me suis pas senti à l’aise avec la narration, l’intrigue, les rebondissements, le tempo... Tout n’est pas à jeter, loin de là, mais trop de passages sont un peu trop contemporains, sensationnalistes, presque forcés. Le méchant n’est pas qu’un vilain patron, c’est aussi un psychopathe manipulateur et un peu fou qui piège sa propre maison, mais laisse des indices (pour qui ?)... Bref, la recette un peu fourre-tout finit par devenir mal digeste, et n’a pas pris sur moi, ni sur mes lecteurs-cobayes qui avaient pourtant l’âge requis.
Dommage.


Titre : L’île du corbeau
Série : Les Arsène, tome 2
Auteur : Bertrand Puard
Couverture et illustrations : Lou Fraleu
Éditeur : Poulpe Fictions
Collection : romans 8-12 ans
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 206
Format (en cm) : 21 x 14 x 2
Dépôt légal : mars 2024
ISBN : 9782377423262
Prix : 11,95 €



Nicolas Soffray
6 février 2025


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