Autant « Les Émeutes de la Nuit sans Lunes » avait de très nets accents de thriller, autant ce second tome est plus difficile à cerner. D’abord parce qu’on connaît désormais l’univers - ou du moins le croit-on, car on sort d’Alante, et dehors la nature est sauvage, les villages à la merci des marées font un peu bidonvilles, et l’errance de nos deux héroïnes va surtout leur faire découvrir que la vie urbaine, pour dangereuse qu’elle soit, est plutôt confortable.
Ensuite, elles courent après une proie plus malignes qu’elles. Après avoir donné dans le panneaux, elles prennent la route de la capitale. On se croit revenu en terrain connu, mais Nanzy n’est pas exactement Alante. La cité haute a été construite autour de la carcasse dorée d’un léviathan, et est ceinte d’une banlieue sur pilotis où règnent des clans mafieux auprès desquels il va falloir montrer patte blanche. Après avoir retrouvé des amis, dont Edei, Io et Bianca nouent une alliance avec le chef du gang local pour infiltrer la ville haute. Mais ce faisant, Io découvre un autre mystère, à l’origine du titre français : des nés-autrement spécifiques ont disparu, descendants de dieux bien déterminés. Ce qui laisse penser que le plan de résurrection des Nés-Furie est toujours d’actualité.
L’infiltration de la ville haute va être compliquée par les retrouvailles des soeurs Ora, et c’est là qu’on touche au cœur de ce second tome : davantage encore que dans le premier, les relations compliquées entre les personnages sont au centre du livre. L’amitié, l’amour, la fidélité, la confiance, entre sœurs, entre amis, entre amants, entre êtres liés par le destin, et la force ou le danger que de tels sentiments provoquent. Ces « cœurs qui coupent », pour reprendre le titre en VO, quand il faut faire des choix, taire, mentir, trahir...
Si dans le premier tome, ces expressions d’émotion faisaient des bulles de calme au milieu des rebondissements de plus en plus explosifs, j’ai eu cette fois l’impression contraire : nos héros, souvent condamnés à la patience, voient leurs retrouvailles, leur réapprivoisement mutuel bousculées par les événements.
Tout cela se termine tout de même dans un combat homérique, notre petite Trancheuse Née-Moire affronte bien des dieux et, ayant compris ce qu’ils ont fait et tentent de faire, accomplit la prophétie. Les explications de ce qui sous-tend l’intrigue sont parfois un peu complexes, mais sont nécessaires à ce climax final classique mais bien mené : les méchants sont persuadés de faire le bien, et leur cause pourrait sembler juste, si elle ne nécessitait pas un choix aussi extrême. C’est toujours appréciable de voir les personnages confrontés à des choix cornéliens et non manichéens, opposant la raison froide à leur humanité.
Deux chouettes romans, plein de bruit, de fureur, de magie, de sentiments et d’humanité. Je pense que tous les lecteurs ayant aimé les deux saisons d’ « Arcane » du studio Fortiche y trouveront leur content de drame, d’émotion et d’action.
Titre : Les Disparus de Nanzy (hearts that cut, 2024)
Série : Fille du Destin, tome 2/2
Autrice : Kika Hatzopoulou
Traduction de l’anglais (USA) : Thomas Leclère
Couverture : Corey Brickley
Éditeur : Éditions de la Martinière Jeunesse
Collection : Romans
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 365
Format (en cm) : 20,5 x 14 x 2
Dépôt légal : décembre 2024
ISBN : 9791040120032
Prix : 21 €
Fille du Destin :
1 - Les Émeutes de la Nuit sans Lunes
2 - Les Disparus de Nanzy