Après sa « trilogie 93 » et son héros Victor Coste, puis le remarqué « Entre deux mondes », Olivier Norek revient avec « Surface » à du thriller aux accents de polar dans la France profonde, ses villages où tout le monde se connaît et où beaucoup de choses se taisent.
Son héroïne, tout d’abord, est un personnage brisé comme il les apprécie tant, pour leur faculté à se relever encore et malgré tout. Défigurée par une décharge de plomb, Noémie perd tout durant sa convalescence : son équipe, son amant, son poste, et sa confiance en elle. Femme forte, elle ne peut plus se regarder dans le miroir, et malgré le soutien psy de Melchior, spécialiste de ce genre de dégâts chez les soldats, elle remonte difficilement la pente, mettant entre elle et les autres un ton mordant et une ironie qui souffre peut de répartie.
Placardisée à la campagne, croyant encore aux mensonges de sa hiérarchie, Noémie ne s’attache pas et espère bien remonter à Paris après un mois. Les flics locaux forment un ensemble homogène : le jeune lieutenant est un enfant du pays (son père est le maire), les agents un gros beauf et une bleusaille surnommé Milk. Noémie fait tout pour ne pas s’attacher. Tout pour garder les gens à distance. Sautant sur le réflexe de répulsion en découvrant son visage ravagé... Elle griffe, elle mord, comme une panthère. Si elle ne se laisse pas dompter par la gentillesse de son lieutenant, c’est le plongeur envoyé explorer le village englouti dans le lac artificiel qui lui fera ranger ses crocs. Son ex vient la voir, et tandis que son enquête prend de l’ampleur, elle doit gérer tous ces mâles qui tentent de la réconcilier avec son visage.
L’enquête réveille de vieilles douleurs : l’enfant retrouvé dans un fût plastique revenu à la surface avait disparu, avec deux autres, un quart de siècle plus tôt, peu avant que l’ancien village ne soit déménagé pour changer la vallée en lac artificiel. Quand Chastain fait vider le lac, à la recherche deux autres corps, c’est la boue du passé qu’elle met au jour. Divers incidents jalonnent l’enquête : une camionnette envoie la voiture du capitaine au fond d’un ravin, on fout le feu à la grange du maire avec ses bêtes dedans... En remuant le passé, Chastain réveille les espoirs des parents, mais ravive aussi leur deuil. Très vite, le flou s’accentue entre victimes, complices et coupables. Les révélations provoquent des rebondissements jusqu’aux dernières pages, et certains masques tombent de manière inattendue.
Comme toujours avec Norek, l’enquête est très bien documentée sur l’aspect procédures policières, notamment l’intervention de l’équipe de plongée, leur matériel, etc. Et si les cold cases font les beaux jours des séries américaines, il rappelle qu’ils sont très rares en France, sans équipe spécialisée ni moyens.
Le titre, « Surface », est à plusieurs entrées : bien sûr, la surface du lac troublée par ce fût au macabre contenu, mais aussi ces apparences maintenues dans un village traumatisé mais où certains cachaient un lourd secret, enfin, la surface ravagée du visage de l’héroïne, à laquelle s’arrêtent certains, tandis que d’autres vont voir plus loin.
Un très très bon thriller, complexe et haletant, récompensé par plusieurs prix et qu’on imagine sans mal porté à l’écran (EDIT : ce sera pour 2025 sur France2, semble-t-il). Pour ma part, mon premier Norek, et que j’aie dévoré d’une traite la seconde moitié a été le signe que ses autres romans risquaient de subir le même sort.
Titre : Surface
Auteur : Olivier Norek
Grand format
Couverture :
Éditeur : Michel Lafon
Collection : Polars/thrillers
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages :
Format (en cm) :
Dépôt légal : avril 2019
ISBN : 9782749934983
Prix : 19,95 €
Poche :
Couverture :
Éditeur : Pocket
Collection : Polars/thrillers
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 393
Format (en cm) : 18 x 11 x 2,5
Dépôt légal : mars 2020
ISBN : 9782266287999
Prix :8,40 €
Prix Maison de la Presse, Prix Relay, Prix Babelio-Polar et Prix de l’Embouchure