Plus jeune participant du haut de ses 14 ans, Timothy Lombard Kirch écrit sur la... vieillesse. Le record de longévité de Jeanne Calment ne tient plus qu’à un fil, ou une plume. Près de le battre, Jeannot est surveillé comme le lait sur le feu, mais il a un défaut : il aime “Les petits gâteaux”. Une nouvelle plaisante, notamment par le côté ronchon du personnage qui apporte une touche d’humour.
Un prix spécial du jury qui ne peut qu’encourager ce jeune auteur à poursuivre ses efforts.
Lodi et Assoua sont en route pour la ville, mais le chemin est long et dangereux. Livrées à elles-mêmes, elles doivent se méfier, d’autant qu’Assoua possède un casque de l’ancien temps, un artefact qui vampirise son énergie pour matérialiser une création de son esprit, un loup ailé, pour les protéger. “Meute” de Marion Benassaya remporte un accessit. Il y a de l’idée, c’est bien écrit, mais cette dichotomie entre le bien (les deux jeunes femmes) et le mal (les hommes) apparaît trop facile et peine à satisfaire.
Dans une vingtaine d’années, les IA, les Bots, auront gagné bien plus de droits et, bon gré mal gré, les humains devront subir leurs matraquages publicitaires, perdant au passage toute intimité. Même leur droit de manifester contre cet abus est brimé, aussi Sophie trouve un moyen de les faire taire. “Le bruit des bots” d’Alexis Bourgois trouve une conclusion tirée par les cheveux, une seule personne par son action étant loin de pouvoir imposer sa volonté. Ce troisième prix n’est pas sans faire penser à « Planète à gogos » de Pohl et Kornbluth et à d’autres textes sur le même sujet.
Claire Boissard nous convie à suivre une représentante du peuple nain désirant devenir danseuse, ce qui surprend tout le monde. Elle quitte les siens qui ne pourront jamais comprendre cette lubie, et, au fil des rencontres, va de désillusion en désillusion, mais chaque mésaventure la renforce dans sa conviction. “Rêve étoilé” s’apparente à une quête initiatique semée d’embûches. Le lecteur prend fait et cause pour ce personnage attachant, évoluant sans cesse jusqu’à trouver une forme d’équilibre. Un second prix bien mérité.
Et le premier revient à “La quinzième plateforme” d’Alexandre Genestar, un texte sur fond de catastrophe climatique. L’Angleterre n’est plus que morceaux grignotés par la furie de l’océan. Des plateformes sont construites pour protéger la population, mais leur élaboration s’apparente à une course contre-la-montre : les hommes contre les éléments. Cette nouvelle concilie parfaitement fond et action, le résultat catastrophique du réchauffement climatique et le sauvetage de Camille pour qui l’auteur use du iel, ce qui n’a cessé de m’interloquer, car n’apportant rien du tout à l’ensemble. Voulait-il rester dans l’air du temps jusqu’au bout ?
Cette nouvelle livraison des résultats du concours Visions du futur laisse une impression de trop peu. Certains textes peinent à séduire vraiment, ce qui interroge sur les autres qui n’ont pas recueilli les faveurs du jury. La qualité n’était-elle pas au rendez-vous ? Les sujets trop réducteurs ? Pour autant, les deux premiers du palmarès emportent l’adhésion et le plus jeune participant livre une plaisante et courte histoire, le tout sous une magnifique couverture de Nuclearpasta (!) dont le scan ne rend pas justice.
Titre : AOC
Numéro : 74
Directrice de publication : Evelyne Beuzit
Rédacteur en chef : Olivier Bourdy
Couverture : Nuclearpasta
Illustrations intérieures : Jean-Michel Prats, Lux, Nicolas Clément, Olivier Bourdy et Éric Faure-Brac
Type : fanzine
Genre : Science-fiction, fantasy, fantastique
Site Internet : le club Présences d’Esprits
Période : automne 2024
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 1772-3442
Dimensions (en cm) : 13 x 20
Pages : 78
Prix : 4 €
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