« La Fille Renard et la Merveilleuse Boutique-Sur-Pattes » est un joli petit roman merveilleux, plein de rebondissements mais assez classique : un compte à rebours, un remède dont chaque ingrédient est une épreuve à passer pour faire grandir son héroïne, des rencontres qui se transforment en amitiés pour peu que l’on traite l’Autre, qu’il soit automate ou dragon, avec respect et bienveillance.
L’univers est plein de référence, de la boutique à pattes qui évoque la hutte des sorcières russes aux dragons et gobelins sur un train magique sans cesse sur les routes. La gestion du temps, entre l’ultimatum et les déplacements magiques, est intéressante, malgré quelques ellipses qui voient s’envoler les jours. Le thème central de la magie du thé est très anglais, et la tortue magique qui fait bouillir l’eau, essentielle, renvoie peut-être à Terry Pratchett. On sent Andy Sagar à la croisée de nombreuses influences des contes et de la fantasy anglaise. la noirceur de la partie finale rappelle Diana Wynne Jones, qui ne dorlotait pas ses jeunes lecteurs.
Du haut de mon grand âge très loin du cœur de cible éditorial, ce qui m’a le plus rebuté, mais qui est très bien à la fois, c’est que tout le monde dans cette histoire est extrêmement bienveillant avec Felicity, quand bien même elle fait des bêtises, ne respecte pas les règles de la maison sur pattes ou échoue. Et c’est, je pense, un modèle pour les jeunes lecteurs de 9-12 ans : il n’y a pas que les épreuves, les embûches, l’affrontement dans la vie, et beaucoup de choses se passent mieux si on est entouré d’amis et soutenu(e).
Ensuite, même si le roman fait 320 pages, le thème de l’orpheline abandonnée qui devient super-sorcière en 30 jours, échappe à la mort, affronte son antagoniste (spoiler : c’est son p... :-X ) et s’en sort plus mûre, c’est un peu rapide, surtout avec plein d’univers merveilleux à présenter, et on a guère de temps à accorder à la psychologie de chacun. Mlle Dumpling est aussi transparente que les profs de Poudlard, un élément nécessaire mais pas un personnage. Même Madrigal le non-corbeau a plus d’épaisseur. On a quand même plaisir à voir Felicity s’émanciper de son passé, notamment en se choisissant un nouveau prénom, Faye. Je ne sais pas trop ce que cela donne en VO où elle s’appelle Yesterday Crumb (« Hier Miette »), mais cela rend très bien en français, avec l’allitération en F et le Fox qui renvoie à ses oreilles magiques.
L’aventure est très visuelle, avec tous les aspects magical girl qu’on attend d’un anime, et de fait on imagine bien les séances d’infusion magiques, douces et tranquilles, ou les cavalcades du Marché des Gobelins ou du Pandémonium adaptées à l’écran en quelques épisodes colorés, plein de bons sentiments, d’un peu de frisson et d’une pointe de leçons de vie.
Un second tome est paru, qui conduira notre héroïne, dument diplômée de sorcellerie du thé, au festin fantastique de la Reine de fées, et un 3e tome est prévu en VO pour cette fin d’année.
Titre : La Fille Renard et la Merveilleuse Boutique-Sur-Pattes (yesterday crumb and the storm in the teacup, 2022)
Série : Fille Renard (La), tome 1
Auteur : Andy Sagar
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Dominique Gros
Couverture : Lucie Dessertine
Éditeur : PKJ
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 332
Format (en cm) : 22,5 x 14 x 2,5
Dépôt légal : septembre 2024
ISBN : 9782266326643
Prix : 16,20 €