L’autrice allemande Katja Brandis propose avec sa série Woodwalkers (6 tomes, 3 hors série et un 2e cycle de 6 !) une énième histoire d’apprentissage mêlant différence et magie. ici, des jeunes mi-humains mi-animaux, qui doivent apprendre à vivre parmi les hommes. Best-seller international, il est publié en France par Pocket jeunesse, les 3 premiers sont déjà disponibles.
Las, à la lecture de ce premier tome, les poncifs s’accumulent. Si je n’ai rien contre une trame classique, des rebondissements attendus mais logiques, et que je sais qu’on s’adresse ici à des 9-12 ans... bon sang, les « X-Men » ont 60 ans, toutes ces thématiques-là ont été cent fois utilisées, avec les mêmes ingrédients, et cent fois mieux.
Comment peut-on écrire aujourd’hui, 20 ans après « Harry Potter », une histoire dans une école avec des professeurs si peu attentionnés, si peu concernés par le sort de pré-ados (parce que nos héros ont 13-14 ans) ? On mélange allègrement « prédateurs » et « proies », toutes tailles confondues, aucun discours de vivre-ensemble, bienveillance proche de zéro, les cours de métamorphose qui laissent les élèves nus face aux autres, non, ce n’est pas un souci...
Comment peut-on proposer une directrice aussi aveugle à la réalité dans le rôle d’un Charles Xavier, face aux ambitions dangereuses d’un Andrew Milling, caricature de Magneto ? dont ô surprise, sa femme et sa fille pumas ont été tuées par un chasseur, expliquant sa haine...
Bref on a tout : l’incident initial de métamorphose qui attire l’attention, la rencontre avec les futurs meilleurs potes (un bison qui a peur de sa force et une écureuil rebelle et chapardeuse), le groupe d’antagonistes façon Malfoy (Jeffrey et sa meute de loups, fauteurs de troubles notoires mais contre lesquels le collège ne fait rien « faite de preuves »), une bagarre interdite qui soude amitiés comme rivalités, quelques cours bancals totalement dépourvus de pédagogie, le prof-coyote plus sympa (il ne s’appelle pas Sirius), la famille d’accueil, jusqu’au choix final entre deux camps.
Le pire étant bien sûr de mettre un bout de trame sentimentale, avec Carag qui craque sur Lou, la fille d’un prof qui se fait discrète et distante. Oubliant que nos héros ont... 13-14 ans. Cela vaut aussi pour Jeffrey et ses loups qui se comportent comme des racailles plus âgées. Enfin, selon les moments, car la maturité de nos personnages est en dents de scie...
Enfin, en 270 pages, beaucoup de choses vont très vite, traitées par le prisme de l’action et laissant juste un peu de place aux émotions contradictoires de Carag.
Bref, tout cela est très très léger, manque souvent de psychologie adolescente, et a été lu, relu et revu trop souvent. Mais cela n’empêche visiblement pas l’autrice d’écrire, de publier 15 tomes de cette série, plus un dérivé « Seawalkers » (ne me demandez pas comment on marche dans l’eau) de 6 tomes également.
Cerise sur le gâteau, d’après le site de l’autrice un film est prévu pour cet automne (en Allemagne seulement, pas sûr que cela sorte en France, ou directement en streaming).
Vous l’aurez compris, j’arrête ma lecture ici. Je doute que le fond ou la forme s’améliorent, au vu de la vitesse à laquelle la série a été écrite et publiée (21 volumes depuis 2020).
À réserver donc aux plus jeunes, qui sauront être pris dans l’action et ne verront pas les trous, les facilités et les tropes éculés.
Titre : La Métamorphose de Carag (carags verwandlung, 2020)
Série : Woodwalkers, tome 1
Autrice : Katja Brandis
Traduction de l’allemand (Allemagne) : Virginie Cantin
Couverture : Claudia Carls / Arena Verlag GmbH
Éditeur : Pocket Jeunesse
Collection : PKJ
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 270
Format (en cm) : 22,5 x 14 x 2
Dépôt légal : mars 2024
ISBN : 9782266329828
Prix : 16,20 €