Dans mon tas de vieux FNA achetés en solde (D&D 9), j’extrais Qui suis-je ? de Peter Randa (Fleuve Noir Anticipation, 1965, 188 pages). C’est du travail de professionnel qui a déjà plusieurs dizaines de romans de gare à son actif. C’est facile à lire avec des rebondissements à tous les chapitres.
Malheureusement on répond très vite à la question du titre. Plus malheureusement encore, la philosophie qui se dégage du truc sent vraiment mauvais. Les hommes sont inégaux entre eux. Il y a les malins et les benêts, les chefs et les moutons, les savants et les cons, etc. Les méchants sont les « égalitaires » (non je n’invente pas). Et il faut de toute urgence aller conquérir la galaxie et tuer ou soumettre tous les aliens.
On dirait un truc écrit par un Pinochet de l’espace. Je sais maintenant pourquoi je méprisais les FNA (sauf les van Vogt, Brackett, Windham, Steiner, Wul et autres) quand j’étais jeune et politiquement intolérant. C’est pas parce qu’il y a une couv de Brantonne qu’il faut céder à la nostalgie.
Après, séduit par la critique du collègue Thiellement à laquelle je vous renvoie, j’entreprends La transmigration de Timothy Archer de Maître Philip K. Dick (Folio SF, 2006, 367 pages).
Aucun doute que, parmi les auteurs de SF, certains ont des neurones fonctionnels, et du talent ! C’est beau, fin, intelligent, subtil et remarquablement écrit.
Bon d’accord y a quand même pas mal de hard métaphysique dedans. Mais même pour un individu peu porté sur le côté calotte-cureton-bénitier-goupillon ça se lit comme d’un rien et avec plaisir.
Et là c’est une toute autre nostalgie qui vous enfonce la tête dans le brouillard enfumé des années 70, avec la musique qui va avec. Il a oublié d’en parler le Thiellement, de la musique. Et quand commence-t-elle, cette histoire ? Le jour de la mort de John Lennon, la fin d’une belle époque.
Il paraît que c’est le tome 3 d’une « trilogie divine », qui en comprendrait quatre avec « Radio libre Albemuth » (D&D 3). Il me surprendrait beaucoup que ce regroupement et ce titre idiot aient reçu l’aval de l’auteur. Et à quoi cela peut-il bien servir ? A vendre plus de livres ? Les gens n’achèteraient-ils plus que des trilogies ? Pour la fantasy basique au long cours je veux bien l’admettre, mais pour des romans plutôt philosophiques, je doute.
