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Rencontrer la vie ailleurs avec Alien
Arnaud Cassan
Dunod, Les Imaginaires de la Science, essai, sciences, 172 pages, mai 2024, 15,90€

Après « Blade Runner », un autre film de Ridley Scott est mis à l’honneur dans la première livraison de trois titres de la collection Les Imaginaires de la science chez Dunod. Il s’agit d’« Alien, le huitième passager », un long métrage de 1979 qui en a fait frissonner plus d’un avec cette créature tapie dans les entrailles du Nostromo et décimant un équipage bien démuni face à cette redoutable machine à tuer.



À bien y réfléchir, le scénario s’avère assez mince et non dénué de naïveté sur le plan scientifique. Pourtant, ce film fascine toujours, l’Alien né de l’imagination de l’artiste suisse Hans Ruedi Giger évolue souvent dans l’ombre, il surgit pour mieux abattre un membre du Nostromo, effrayant par sa sauvagerie et son efficacité. Et bien sûr, il y a Helen Ripley (Sigourney Weaver) qui lui tient tête et se révèle plus maligne, n’hésitant pas à sauver le chat Jones.

Arnaud Cassan est maître de conférence à Sorbonne Université et chercheur à l’Institut d’astrophysique de Paris. Il nous propose ici rien de moins que « Rencontrer la vie ailleurs avec Alien », alors embarquons à bord du Nostromo en compagnie plus ou moins recommandable.
Tout commence par une présentation du film pour bien remettre en mémoire ses différentes péripéties : du réveil de l’équipage à la fuite d’Helen Ripley à bord de la navette de sauvetage, en passant par l’épisode de la créature peu ragoûtante sautant à la face de Kane, trop curieux et n’observant pas la plus élémentaire prudence face à l’inconnu, entre autres moments charnières.
« Rencontrer la vie ailleurs avec Alien » se décline en cinq chapitres principaux, chacun d’un peu moins de trente pages consacrées à un aspect scientifique. Autant dire qu’Arnaud Cassan ne peut pas s’étendre outre-mesure sur un sujet. La place est limitée et donc il doit se révéler efficace pour expliquer le maximum de choses en un minimum de place, tout en restant clair dans ses explications. Un exercice des plus difficiles !
Chaque début de chapitre s’attarde sur un passage du film « Alien, le huitième passager », avant de développer toute la science sous-jacente. L’auteur n’hésite pas à citer d’autres sources pour étayer son propos, ce qui apporte une plus grande diversité.

Pour rencontrer la vie ailleurs, il faut déjà y aller ! Le premier chapitre présente les “Voyages Interstellaires”. Il suffit de regarder les difficultés actuelles pour retourner sur la Lune pour se convaincre de la complexité de quitter notre système solaire. Les auteurs de SF utilisent bien des artifices pour s’affranchir des distances, mais de là à les mettre en pratique... Idem pour passer de la théorie à la mise en œuvre. La taille d’un vaisseau tel le Nostromo le rend déjà quasi inconstructible en prenant en compte les facteurs temps et matériau. De plus, l’humain est fragile et peut-on faire confiance à une machine pour gérer le voyage ?
“Mondes d’ailleurs” indique où chercher cette vie. Il y est question des différentes sortes de planètes, dont les plus intéressantes, les exoplanètes, sont susceptibles d’accueillir la vie. Pour autant, avant de se lancer dans un voyage au long cours, bien des paramètres sont à prendre en compte pour mesurer son habitabilité.
Après l’espace profond, retour sur Terre pour définir la vie, car finalement c’est le seul endroit connu où elle est apparue et se révèle donc observable. Le chapitre “Créatures terrestres” nous plonge dans les différents types de cellules. LUCA, un organisme déjà très élaboré, utilisant notamment la molécule d’ADN pour se répliquer, apparaît comme le dernier ancêtre commun universel. Code de l’hérédité, bactéries, archées et cellules eucaryotes, biodiversité en passant par la sélection naturelle, organismes multicellulaires, extinctions... jusqu’à l’Homo Sapiens. Autant dire que c’est riche et très rapide.
Maintenant qu’elle a été définie par nos observations sur Terre, quelle forme prendrait la “Vie extraterrestre” ? La soupe primitive semble un bon début, encore faut-il que l’eau soit en présence suffisante pour que le cycle puisse s’amorcer et se poursuivre. Fort à propos, Arnaud Cassan indique qu’il faut se détacher de nos préjugés, ne pas penser en termes uniquement terrestres. Un environnement tiède n’est pas forcément la condition sine qua non pour l’apparition de la vie, les organismes extrémophiles sont là pour le prouver. Par exemple, les lunes glacées de Jupiter, Ganymède et Europe, intéressent particulièrement les chercheurs. Et puis de la vie à la conscience, il y a du chemin...
Et puis, rencontrer cette vie ailleurs peut aussi signifier “Contact”. Les représentations d’un alien peinent à se détacher du modèle humanoïde, face à la diversité des formes que la vie peut prendre. En 1961, le radioastronome américain Franck Drake a proposé une formule exprimant le nombre de civilisations galactiques en fonction d’une série de facteurs multiplicatifs. La simplicité apparente de la formule n’est pas sans poser des problèmes d’ordre de grandeur. Envoyer des sondes contenant des messages à l’attention de potentiels extraterrestres dans l’espace revient à lancer une bouteille à la mer. Le cosmos est écouté, mais pour l’instant... silence radio.
En guise de conclusion Arnaud Cassan nous place face au miroir, il nous renvoie en nous-même. À quel point, l’évolution du vivant sur Terre s’avère-t-elle exceptionnelle ?

« Rencontrer la vie ailleurs avec Alien » est riche, très riche. Peut-être même trop riche, car chaque chapitre mériterait quasi un livre à lui seul. Arnaud Cassan a fait avec le cahier des charges de la collection et s’en tire très bien, montrant que la science ne se cache pas forcément là où on l’attend. En effet, le côté horrifique du film de Ridley Scott supplante assez vite le côté science-fictif et c’est l’image de la créature qui marque le plus les spectateurs. Le but ici n’était pas de rédiger une somme sur différents secteurs scientifiques finalement assez distincts, mais d’éveiller les consciences, de pousser la curiosité pour aller plus loin et une liste d’ouvrages est justement indiquée pour approfondir les notions défrichées en ces pages.
Un livre plaisant à parcourir, instructif et accessible, qui donne envie de revoir le film avec une autre vision.


Titre : Rencontrer la vie ailleurs avec Alien
Auteur : Arnaud Cassan
Couverture : © Den Rozhnovsky / Shutterstock
Illustrations intérieures : Rachid Maraï
Éditeur : Dunod
Collection : Les Imaginaires de la Science
Site Internet : Essai (site éditeur)
Pages : 172
Format (en cm) : 14 x 20,5
Dépôt légal : mai 2024
ISBN : 9782100857753
Prix : 15,90 €


Dans la même collection :
- « Aimer un robot avec Blade Runner » de Frédéric Landragin

Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
11 juin 2024


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