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Galaxies n°86 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°86, SF - nouvelles - articles - critiques, avril 2024, 192 pages, 11€

Dans l’éditorial, Pierre Gévart explique pourquoi il estime que “Lettre d’Ukraine” a encore et toujours sa place au sein de « Galaxies », répondant notamment à mon interrogation dans la chronique du numéro 85. Est-ce vraiment le rôle d’une revue ? D’autant que pour la seconde fois, elle se résume à une nouvelle, de surcroît des plus moyennes. Les yeux de Jenny sont gris, alors qu’ils ont toujours été bleus ! Mandy Smith devient-elle folle ? Ou est-ce le monde qui change autour d’elle ? “Contrephase” d’Iryna Pasko s’avère assez confus et peine à soulever l’enthousiasme.



Quatrième du Prix Alain le Bussy 2024 (2023 en première page du texte), “Suprématie quantique” d’Arami se passe dans le milieu informatique bancaire. Un membre de l’équipe signale des transactions en masse passées inaperçues. Comment est-ce possible ? À moins d’imaginer une technique bien plus avancée qu’elle ne l’est pour l’instant. Ce texte se lit bien, mais avec un air de déjà-vu et la fin laisse pensif. Qui l’auteure désigne-t-elle par elle ?

Loïc Henry livre de “Courtes répétitions palindromiques”, c’est-à-dire des instantanés dans le temps dressant l’évolution de la société. En manipulant l’ADN, l’homme croit résoudre tous les problèmes. C’est bien tourné et montre le dilemme/défi à continuer à vivre de la sorte sur une planète aux nombreux voyants au rouge.

“Terminal” offre un aller simple pour Mars, une planète aux allures de mouroir. À bord de transbordeurs, des sortes de boîtes de conserve géantes bricolées pour abriter pendant six mois un individu, ils sont nombreux à tenter le saut ultime. C’est beau, désespéré et signé Lavie Tidhar.

Dans un futur plus ou moins lointain, chaque village s’est barricadé, dont celui de la petite Lucie. Des tarorisques arrivent ! Branle-bas de combat, le char Sherman tout rouillé est sorti avec le confrère tisseur transformant le plastique en carburant. Même le sacrifice de la “Reine de plastique, Reine de cœur” ne suffit pas à les éloigner, comme le montre le feu d’artifice final. Certains mots sont revus à la sauce Dean Whitlock (oublié sur la couverture) qui régale tout du long avec une conclusion des plus savoureuses.

Puis place au gros morceau de ce numéro, le dossier “Sci-Fi en Inde”. Plusieurs intervenants présentent l’état de la science-fiction en Inde et ce qui en ressort nettement c’est la barrière de la langue. En effet, en Inde il n’y a pas une langue unique. Souvent les récits sont écrits dans la langue d’une région que les voisins ne comprennent pas. Pour qu’ils puissent être diffusés, il faut qu’ils soient traduits en anglais, de préférence à l’hindi que beaucoup ne parlent pas. Finalement, un amateur n’aura accès qu’à une partie de la production SF indienne, celle en anglais et dans la langue de sa région. Comment embrasser la SF indienne dans son intégralité en ce cas ? La problématique est vraiment intéressante et chacun l’illustre à sa manière. Essayer d’écrire directement en anglais lève déjà un obstacle de taille. Rien qu’une anthologie représentative des diverses régions tient de la gageure. Des articles et entretiens vraiment instructifs, avant plusieurs nouvelles du cru.

Shweta Taneja imagine des groupes d’humains vivant dans des habitats orbitaux en symbiose avec des végétaux. Le grand ficus du biome 332 se meurt, entraînant avec lui les habitants connectés à son réseau. Zaynae voit dans sa fille à naître leur seul espoir de renouer avec la forêt primordiale sur Terre. “Le Sycone inchangé”, une très belle vision de l’avenir avec une Terre laissée au repos et l’humain apprenant à vivre avec le végétal.

Lors d’une expérience de voyage temporel, une femme se retrouve coincée dans la préhistoire. “Survie” raconte son histoire au sein de la tribu qui l’a accueillie : comment elle les soigne, gagne leur estime... Meghashri Dalvi signe une nouvelle assez classique, mais en tire un récit et une conclusion bien sentis.

De plus en plus fréquemment, un homme est réveillé par un cauchemar. Une séance d’hypnose lui en apprend plus sur son mal toujours plus présent et handicapant. “Dans un rêve lointain” de Sumit Bardhan pourrait se résumer par ce titre d’Harlan Ellison “Je n’ai pas de bouche et il faut que je crie”. C’est vraiment brillant, notamment par la révélation du problème.

“Watersmoke”, un cannabis amélioré par un gêne de dauphin, transforme le temps du speed une personne en génie. Rajat Chaudhuri imagine les conséquences qu’une telle découverte pourrait avoir. Cela créerait notamment une psychose internationale. Encore un beau texte indien .

La présence de Julien Deslangle dans le dossier s’explique par le fait qu’il a vécu plusieurs années en Inde. Après bien des sacrifices, un enfant d’une lignée atteint enfin la dernière étape du transhumanisme, le but de plusieurs vies. La conclusion d’“Ātman” est terrible, mais non moins logique, jouant de la crédulité.

Dans la partie rédactionnelle, Jean-Guillaume Lanuque s’intéresse aux super-héros de demain, ceux des séries « The Boys » et « What if...? » et Didier Reboussin à Jean-Pierre Garen, l’auteur de la série « Service de Surveillance des Planètes Primitives » au Fleuve Noir Anticipation. Trois questions pleines d’enseignements sur la fin de la revue « Gandahar » sont posées à Christine Brignon.
Plus de cinquante pages de chroniques litté, BD et cinéma concluent ce numéro. Remarquons à nouveau une recension d’un ouvrage disponible uniquement sur Amazon.

Un « Galaxies » porté par le dossier “Sci-Fi en Inde” qui présente vraiment de belles choses et par quelques bonnes nouvelles au sommaire.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 86 (128 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Ujjwal Ghosh
Traducteurs : Iza Mouhib (Terminal), Pierre-Alexandre Sicart (Reine de plastique, Reine de cœur), Viktoriya et Patrice Lajoye (Contrephase), Thomas Bauduret (Le Sycone inchangé), Sylvie Denis (Survie), fredgev (Dans un rêve lointain) et Pierre Gévart (Watersmoke)
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : avril 2024
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376251989
Dimensions (en cm) : 13,4 x 21
Pages : 192
Prix : 11 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
30 mai 2024


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