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Un mets japonais fin et des hors-d’œuvre anglais aux goûts variés
Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil de Haruki Murakami - Miroirs et Fumée de Neil Gaiman
Délices & Daubes n°35


Je ne suis pas un grand amateur de culture nippone et j’ai du mal avec les traditions du Japon : sa cérémonie du thé, son empereur, ses geishas, ses sushis et ses mangas. Au point qu’il m’arrive parfois de penser qu’il s’agit peut-être d’extra-terrestres déguisés en terriens.
Mais mon fils veille à me remettre dans le droit chemin de pensée. Et il m’a fait découvrir, il y a déjà quelques années, un écrivain assez formidable : Haruki Murakami.

Le roman que je viens de lire « Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil » ( 10/18, 2003, 224 pages) est d’une grande beauté. C’est écrit comme une autobiographie et c’est une longue et étrange histoire d’amour.
Le narrateur commence quand il a douze ans et entretient une relation exceptionnelle de compréhension réciproque (parce qu’ils sont tous deux enfants uniques) avec sa voisine et camarade de classe Shimamoto-San. Puis il change d’école et il perd de vue son amie. Il a alors une relation amoureuse avec Izumi mais sans rapports sexuels aboutis. Il la trahit alors pour coucher avec la cousine d’Izumi. Puis il va à Tokyo faire ses études, passe dix ans comme petit bureaucrate et rencontre celle qui deviendra sa femme. Le père de celle-ci, un riche homme d’affaires, lui permet de monter son commerce : un club de jazz. Tout va bien pour notre narrateur, il a un boulot sympa, une femme qu’il aime et deux petites filles.
Et boum badaboum ! Il croit rencontrer une première fois Shimamoto-San dans la rue, quinze ans après, il la suit et finalement ne lui adresse pas la parole. Mais il y pense sans arrêt. Des années après, un soir, elle vient dans son club, et sa vie tranquille bascule. Il est raide dingue de cette femme et cela semble réciproque. Et les phénomènes bizarres commencent. À vous de lire la suite.
L’histoire peut paraître banale racontée comme ça mais je n’ai pas sauté une ligne de ce livre et suis resté scotché jusqu’à la fin étrange et belle. Le talent de cet Haruki m’a laissé pantois.

Après je lis « Miroirs et Fumée » de Neil Gaiman (J’ai Lu Fantastique, 2000, 382 pages). C’est un recueil de nouvelles. Vous allez encore sauter au plafond mais, tout amateur de SFF que je sois, je n’aime pas trop les nouvelles, même si je suis bien contraint d’en lire. Comme il fallait s’y attendre et comme c’est toujours le cas - c’est la raison pour laquelle les recueils de nouvelles me gonflent -, il y a à boire et à manger, du bon et du moins bon, mais ni vrai délice ni daube infecte. Gaiman utilise différents styles dont, en particulier, une manière poétique qui ne passe pas la traduction, malgré les efforts du traducteur. L’inspiration n’est pas toujours là non plus.
Mais il y a quelques nouvelles qui m’ont bien plu, comme celles qui se passent à Innsmouth (Angleterre) et à Innsmouth, le vrai, près de Providence (États-Unis), chez H.P. Lovecraft. J’ai bien aimé aussi son loup-garou qui sauve le monde - il aurait pu en faire un roman -, et l’avant-dernière, une histoire d’anges et de Dieu.
Le Neil promet dans sa préface des histoires de sexe. Parmi les rares sur trente qui en causent, il y en a une où on parle beaucoup de masturbation enfantine, sans aucun rapport avec l’histoire, ce qui fout en l’air la nouvelle qui évoquait un gamin solitaire fan de Moorcock et d’Elric de Manilboé (D&D 15). Une autre encore tourne autour de la masturbation frénétique, adulte celle-là. Quant aux deux ou trois autres où ça baise, c’est plutôt malsain. Étrange conception de la sexualité...
Bon, j’aurai lu tous les Gaiman pour adultes (quoique Stardust...). Sur le tas il en reste deux formidables, Neverwhere (D&D 31) et Anansi Boys (D&D 11). Lisez donc ces deux-là, vous ne serez pas déçus.


Henri Bademoude
14 janvier 2007


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