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Porteuse de mort (La)
Stark Holborn
Albin Michel Imaginaire, roman traduit de l’anglais (Royaume-Uni), Space Western, 316 pages, novembre 2023, 20,90€

Dix Low vit sur la planète Factis de sinistre réputation car, en plus d’être un véritable trou, elle abrite une colonie pénitentiaire. Dix cache le signe qui la désigne de suite comme ancienne prisonnière, mais tout se sait et ils sont nombreux à se méfier d’elle, d’autant qu’elle semble possédée. Cette ancienne médecin militaire assiste un jour au crash d’un vaisseau et sauve de la mort une enfant. Mais les apparences s’avèrent trompeuses, car sous des traits juvéniles se cache la Générale Gabriella Ortiz, une enfant-soldat issue d’un programme génétique militaire. Les deux ont combattu dans des camps opposés, aussi leur entente ne peut être que fragile. Leur pacte pour s’en sortir résistera-t-il à l’adversité et aux possibles révélations ?



« La porteuse de mort » est le premier roman de la romancière, auteure de jeux vidéos et critique de cinéma Stark Holborn traduit en français. Il s’agit d’un western à la sauce futuriste, d’où l’appellation Space Western qui lui va très bien, car la technologie se situe ici à l’arrière-plan, tant les conflits semblent se régler au pistolet, souvent avec d’anciennes pétoires. Les moyens de locomotion en surface répondent aux dénominations de mulet, jument et autres busards. Tout est fait pour une immersion dans un cadre de western : sable chaud, saloon, combats au pistolet, marshall, bandits... avec des piqûres de rappel de temps à autre pour ne jamais perdre de vue le côté SF avec engins volants, augmentations génétiques, ancienne guerre spatiale... Le mélange prend très bien et est assez bluffant.

Il y a de l’action à foison, ça bouge tout le temps, les péripéties s’enchaînent. Les deux, Dix et Gabi, échappent à un danger pour se jeter dans un autre. Du mouvement, des terrains de jeu multiples, pas de temps morts. Que les deux survivent tient du mystère, quoique... En plus d’avoir des alliés, Dix traîne des voix, des fantômes, que seules certaines personnes ressentent. Il doit s’agir de la forme de vie qui existait sur Factis lors de l’arrivée des premiers colons et surnommée les Si. En effet, quand elle est possédée, Dix entrevoit les différents choix s’offrant à elle, comme si elle pouvait s’engouffrer dans le futur à sa convenance, celui dont elle réchappe. Bien commode lors des situations critiques qui sont légion.

« La porteuse de mort » est bien sûr porté par les deux femmes, Dix Low et la Générale Gabriella Ortiz, une enfant obligée de grandir trop vite, écrasée sous les responsabilités. Son apparence trompeuse, celle d’une enfant, permet des situations cocasses. Augmentée, il s’agit d’une vraie machine de guerre dans un corps d’enfant. Tout Générale qu’elle soit, elle réalise qu’elle n’est qu’un pion aux mains de sa hiérarchie, que l’importance qu’elle se prête tient finalement à peu de choses. Et Dix Low la sort plus d’une fois du pétrin, cela tient du sacerdoce pour elle, car elle traîne un lourd passé qui n’est pas sans rapport avec Gabriella et qui peut remettre en cause leur entente. Elle tient un mystérieux compte que ses talents de médecin tentent d’équilibrer, même si la tâche relève du travail de Sisyphe. Tel Janus, cette personnage arbore deux faces opposées, capable de violence extrême comme d’attention.

Bien malin qui, après lecture, peut retracer de mémoire tous les mouvements des protagonistes, tant « La porteuse de mort » est riche en péripéties, en théâtres d’action jouant des références. Les personnages féminins sont au cœur du récit, démontrant que les hommes n’ont rien à dire, qu’elles agissent selon leur convenances.
« La porteuse de mort » relève du pur divertissement, mais pas uniquement. Ce page turner sur fond de western rythmé par les combats, les blessures en tout genre, les méchants de service, apporte aussi une touche d’originalité avec les mystérieux Si qui portent si bien leur nom.
De la SF rythmée, musclée dans lequel western et technologie cohabitent avec bonheur. En citant la série « Firefly », Gilles Dumay ne se trompait pas. On est en plein dedans et ça envoie grave !


Titre : La porteuse de mort (Ten Low, 2021)
Auteure : Stark Holborn
Illustration de couverture : Manchu
Traduction de l’anglais (Royaume-Uni) : Laurent Philibert-Caillat
Éditeur : Albin Michel
Collection : Albin Michel Imaginaire
Directeur de collection : Gilles Dumay
Sites Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 316
Format (en cm) : 14 x 20,4
Dépôt légal : novembre 2023
ISBN : 9782226482693
Prix : 20,90 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
5 novembre 2023


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