Mais Haru est mortellement blessé, dévoilant sa vraie nature de shikigami !
Intégrée au vaisseau Orihime, Kurara est formée à la pliomagie tandis qu’ils font route vers la demeure de l’impératrice, cruelle mais férue de shikigamis, pour l’implorer de ressusciter Haru.
Hélas, le choses ne sont pas simples. La guerre fait rage car le frère de l’impératrice lui dispute le trône, et les Sorabitos, natifs des cités aériennes et traités en sous-citoyens, préparent un attentat de grande envergure, avec des complicités au plus proches du pouvoir.
Bien entendu, tous se rejoignent en même temps, et rien ne se passe comme prévu !

On sent dès les premières lignes l’influence du « Voyage de Chihiro » dans le Midori. Puis très vite, les vaisseaux militaires des premiers Miyazaki reviennent aussi en mémoire, tandis que les dirigeables combattent des monstres de papier plié. Visuellement, on est en terrain vite connu, et tout est fait pour nous en mettre plein la vue : combats aériens, créations d’animaux de papier à la volée...

Si on suit une héroïne qui se croit insignifiante, les révélations à son sujet s’enchaînent vite : elle est une pliomage-née, et Haru lui-même est un shikigami de haut niveau, puisqu’il s’est fait passé pour un garçon pendant des années. L’amnésie de Kurara est aussi un truc littéraire classique mais efficace : l’attaque de leur village a été un traumatisme, certes, mais tandis que les souvenirs lui reviennent, on se demande quelle est sa part de responsabilité. Vient enfin, en point d’orgue, le fait qu’elle est elle aussi faite de papier, renversant complètement la perception que le lecteur peut avoir de ces créatures. Se pose la question, philosophique, de ce qui fait l’humanité. Sachant qu’autour de Kurara, on se trahit à tout va, la fidélité de l’héroïne à ses promesses et ses amies est d’autant plus remarquable.

On suit en parallèle un général Sorabito, le chef des rebelles et l’organisateur de l’attentat, un type vite détestable. Le ton est beaucoup plus dur, l’homme exsudant la colère, le racisme et l’esprit de revanche contre l’oppression de son peuple qu’il estime supérieur. De fait, il est manipulé par les vrais organisateurs de l’attentat contre la princesse, c’est-à-dire son frère et une pliomage aussi âgée que retorse. Son ego le poussera à agir contre eux pour mieux s’accaparer la réussite de l’attaque. Pour cela, il un atout, sa fille qui l’a rejeté, mais qui est à bord de l’Orihime... L’autrice joue à merveille avec les allégeances et les émotions des personnages, leurs motivations personnelles parfois en conflit avec un objectif commun... Et au milieu de tout cela, Kurara se révèle encore plus intéressante que prévu pour tous les partis.

Avec une héroïne forte mais peu sûre d’elle, mais aussi des personnages secondaires variés, pas trop nombreux, un peu complexes, et des intrigues politiques bien emmêlées, c’est un plaisir de partir à la recherche de la mémoire perdue de Kurara, au travers du conflit qui secoue l’empire de Mikoshima.

Ce premier tome assez palpitant se termine sur de fracassantes révélations, nous faisant languir de la suite !

Titre : Les cités rebelles (rebel skies, 2022)
Série : Les Monstres de papier, tome 1
Autrice : Ann Sei Lin
Traduction de l’anglais (Angleterre) : Céline Morzelle
Couverture : Amir Zand
Éditeur : Lumen
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 430
Format (en cm) : 22,5 x 14 x 4
Dépôt légal : juin 2023
ISBN : 9782371024038
Prix : 16 €