En entame, la plus longue : “Thémis” d’Anne-Justine Jasinski. Kassandra est une sorte d’alchimiste qui a un plan derrière la tête et sacrifie tout pour parvenir à ses fins. Chaque continent est le reflet d’un élément : la terre, le feu, l’eau, l’air et elle cherche à les réunir dans une machine. Mais dans quel but ? Le contexte s’avère intéressant et le récit prenant avec les différentes étapes pour réunir les pièces à l’achèvement de son grand-œuvre.

“Pépé-couleur” est un texte empli de poésie aux images fortes et de tendresse. Tout d’abord l’enfant de la famille ne prend pas garde au changement de pépé qui, un beau jour, demande à être resservi. Puis les choses empirent, il mange beaucoup plus et, le comble, s’achète des habits colorés. Faut-il aller à l’encontre de la volonté de pépé et le protéger à tout prix contre on ne sait quoi ? Que couve-t-il ? Une très belle réussite signée Pierre Cuvelier, d’autant que l’histoire est présentée du point de vue innocent de l’enfant.

L’idée de départ de “La collecteuse” de Guillaume Chouteau est pour le moins tirée par les cheveux. Être foudroyé par un éclair et survivre signifie avoir été frappé par un éclair de génie. Une fois que le fait est établi, ils sont nombreux à mourir dans l’espoir d’accoucher d’une théorie révolutionnaire. Un corps spécial est créé, les collecteurs. Ils sont munis d’un appareillage simpliste pour happer ces éclairs riches en potentialités. Malgré les risques importants, des volontaires se manifestent toujours. Même si l’on pense à du bizarro, l’ensemble a du mal à prendre, aussi bien par la forme que le fond, et ce n’est pas le final qui rattrape le coup.

Jason Martin nous plonge dans les derniers instants d’un magnat de la terre, un fermier qui a fait fortune et n’a eu de cesse d’élargir son influence. Des récoltes miraculeuses, une exploitation toujours plus grande, un père qui ne s’occupe en rien de ses enfants... Autour de son lit de mort, ils attendent tous son décès pour s’accaparer ses biens. Le titre “Entre mes écailles” et l’illustration de la nouvelle signée Éric Faure-Brac donnent aux lecteurs des indices quant à l’origine de ses richesses, de son succès. Des légendes circulent sur le compte du patriarche et sa fille qui est restée à ses côtés jusqu’au bout ne peut laisser ce pouvoir aux autres. L’auteur mène très bien le récit, dévoilant à juste escient les informations pour comprendre de quoi il retourne. Un ultime texte bien tourné.

Quatre nouvelles, quatre univers différents et “Pépé-couleur” qui touche une corde sensible au fond de chacun de nous.

Titre : AOC
Numéro : 68
Directrice de la publication : Evelyne Beuzit
Rédacteur en chef : Olivier Bourdy
Couverture : Chroma
Illustrations intérieures : Jean-Michel Prats, Jubo, NellyJob et Éric Faure-Brac
Type : fanzine
Genre : Science-fiction, fantasy, fantastique
Site Internet : le club Présences d’Esprits
Période : printemps 2023
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 1772-3442
Dimensions (en cm) : 12,9 x 19,8
Pages : 80
Prix : 4 €

Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr