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Village (Le)
Film américain de M. Night Shyamalan (2004)
18 août 2004


Genre : Fantastique (thriller psychologique)
Durée : 1h47

Avec Joaquin Phoenix (Lucius Hunt), Bryce Dallas Howard (Ivy Walker), Adrien Brody (Noah Percy), William Hurt (Edward Walker), Sigourney Weaver (Alice Hunt), Brendan Gleeson (August Nicholson), Cherry Jones (Mrs Clack), Jayne Atkinson (Tabitha Walker), Judy Greer (Kitty Walker), Fran Kranz (Christoph Crane), etc.

« Le Village » est un film profondément étrange. Etrangement réussi pour quelques raisons et étrangement énervant et raté pour plein d’autres raisons aussi.

A la fin du 19ème siècle, une petite communauté isolée vit idylliquement dans un village paumé au fin fond de nulle part. Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes si un partage forcé du territoire n’existait entre les habitants du village et de mystérieuses créatures censées vivre dans la forêt. Malgré les avertissements et le poids énorme de la tradition, Lucuis Hunt (Joaquin Phoenix), jeune homme tourmenté, se décide à franchir l’invisible frontière. Seule Ivy Walker (B. Dallas Howard), secrètement amoureuse de lui, comprend ses motivations... Mais la trêve a été rompue et les créatures des bois ne vont pas tarder à se venger !

Après le succès international fracassant de « Sixième Sens », une étude réussie et dérangeante sur les personnages de Comics avec « Incassable » et un thriller contestable sur les extraterrestres avec « Signes », on attendait avec une impatience non feinte « Le Village », dernier opus en date de M. Night Shyamalan, héritier moderne présumé de Sir A. Hitchcock.

M. Night Shyamalan sait filmer et fait, une fois de plus, preuve d’une incroyable maîtrise de sa réalisation et de son scénario. Les décors sont superbes, les costumes réalisés à la loupe et la direction d’acteurs ainsi que le casting, de haute volée. Quelques scènes distillent le fantastique et l’épouvante de manière quasi parfaite et pourraient servir de leçons de base dans toutes les écoles de cinéma de la planète. De cette étrange version de « La petite maison dans la prairie au pays des fantômes », on pourra aussi retenir la réussite esthétique de la photo et le lustre donné à l’histoire par la grâce du jeu des acteurs (Joaquim Phoenix, Adrien Brody, William Hurt, Sigourney Weaver et le sombre Brendan Gleeson tout particulièrement emblématique de ce conte moral). C’est effectivement une des grandes satisfactions du film, en plus de l’admiration que l’on peut vouer au réalisateur pour le contrôle total qu’il laisse transparaître au travers de son travail. Mais, car il y a un mais, si les critiques peuvent s’estomper devant une telle maîtrise des événements, elles ne disparaissent pas pour autant.

Tout d’abord, un scénario bien trop mince, dont nous ne révélerons pas ici la conclusion, semble plomber irrémédiablement « Le Village ». Quand on commence à deviner la fin d’un tel film au bout de 20 minutes de projection, on est en droit de s’inquiéter. Ce qui choquera néanmoins le plus le spectateur français, voire européen, est aussi tout entier contenu dans l’histoire. Autant « Signes » pouvait être rattrapé, malgré ses défauts, par un questionnement sur l’après « 11 septembre », autant « Le Village » semble totalement destiné à la psyché américaine. C’est qu’on y découvre, sous l’écume basique de l’histoire, une philosophie pour le moins décevante.

En effet, cette œuvre susurre à nos oreilles un refrain des plus dérangeants. Face au progrès et à ses retombées néfastes (la violence principalement), le seul réflexe humain compréhensible est le retrait et l’isolationnisme. Cette muraille infranchissable ne pourra être momentanément abattu que par un seul sentiment, l’amour...

Ben voyons ! On aimerait le croire mais outre le fait que tout cela sent un peu la publicité subliminale pour les quartiers privés américains où la bonne bourgeoisie de là-bas s’enferme dans un monde parfait, protégée des agressions extérieures à grands renforts de vigiles sur-armés et de systèmes de vidéo-surveillance dignes du troisième millénaire, malheureusement pour M. Night Shyamalan, la négation de l’autre n’est une frontière impénétrable que pour celui qui se l’est imposée. L’autre finira toujours par venir vous le rappeler...

Face au squelette de ce qui aurait pu devenir une histoire, on éprouve malheureusement cette douloureuse impression d’avoir perdu quelque chose d’indéfinissable en cours de route. La beauté formelle de l’ouvrage, sur laquelle s’extasiera sans doute une bonne partie de la critique ciné, n’intervenant alors que comme une potion apaisante mais sans pour autant réparer les dégâts.

« Le Village » est le premier film plutôt raté par un des cinéastes les plus doués de sa génération. Il se doit donc d’être vu par tous les cinéphiles en tant que tel. Un constat étrange et logique, justifié par le fait qu’un film raté par M. Night Shyamalan reste quand même beaucoup plus intéressant et visible, pour toutes les raisons invoquées précédemment, que bien d’autres entreprises cinématographiques de ce mois d’août 2004.

« Le Village », c’est quand même du cinéma et c’est donc déjà beaucoup !

FICHE TECHNIQUE

Titre original : The Village

Réalisation : M. Night Shyamalan
Scénario : M. Night Shyamalan

Producteurs : M. Night Shyamalan, Scott Rudin, Sam Mercer
Producteur associé : Jose L. Rodriguez

Musique originale : James Newton Howard
Image : Roger Deakins, A.S.C., B.S.C.
Montage : Christopher Tellefsen
Distribution des rôles : Douglas Aibel
Création des décors :
Tom Foden
Direction artistique : Michael Manson, Chris Shriver
Création des costumes : Ann Roth
Maquillage : Todd Kleitsch

Production : Touchstone Pictures
Distribution : Buena Vista International France (Paris)

Relations Presse : Buena Vista International France (Floriane Mathieu assistée de Aude Thomas).

INTERNET
http://thevillage.movies.go.com (site officiel en anglais).


Stéphane Pons
18 août 2004



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