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Cartaventura : Versailles
créé par Thomas Dupont, scénarisé par Peggy Chassenet, illustré par Guillaume Bernon & Jeanne Landart
BLAM !, 28 avril 2023

En 1687, la vie au château de Versailles du roi Soleil, le bon Louis XIV, est strictement codifiée, surtout pour les femmes. Chacun tient son rôle afin de pouvoir le conserver. Mais vous êtes Julie d’Aubigny et votre vie, vous la désirez pleine d’aventures et de passion.
Il ne tient qu’à vous de bousculer l’étiquette, quitte à vous travestir en homme pour être leur égale.
Votre but : vivre vite ! Pleinement ! Dangereusement !
Mais aucun choix n’est simple et votre chemin sera ponctué d’embûches et de personnages fantasques ou inquiétants. À vous de décider le chemin qui sera le vôtre…



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C’est quoi ce jeu ?

« Cartaventura : Versailles » est le sixième épisode de la gamme. Vous y incarnez un personnage historique afin de vivre une histoire débridée au milieu de la grande Histoire. Cette fois, vous êtes une noble anticonformiste qui ne compte pas terminer ses jours en vieille comtesse décrépie en passant sa vie sous le joug d’hommes tyranniques.

Les 70 cartes du jeu vous ouvriront des horizons différents selon les choix que vous ferez.
Comme le dit l’adage, vous avez les cartes en main !

Dans la boîte

Les boîtes de la gamme font toutes 11 x 11 cm. Un format de voyage par excellence.

Les 70 cartes de 8,5 x 8,5 cm vont s’étaler devant vous, offrant une expérience ludique et littéraire à laquelle les magnifiques illustrations de Guillaume Bernon et Jeanne Landart donneront toute leur saveur.

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De plus, comme il est indiqué dessus « ce jeu, édité en Haute-savoie, a été inventé en Ille-et-Vilaine. La boîte a été fabriquée en Bretagne à partir de carton recyclé et les cartes ont été imprimées en Normandie sur du papier certifié PEFC (de provenance française). »
Un jeu intégralement français et fabriqué selon des normes écologiques (la gamme a remporté le label Éco-Ludique au FLIP de Parthenay en 2022), ça se souligne tout de même.

Comment on joue ?

« Cartaventura » est fait pour tous les joueurs puisqu’il suffit de se laisser guider par les cartes.
Dès l’ouverture, aucun mélange du paquet de cartes à faire, juste à suivre les instructions.
Vous évoluerez de carte en carte. Une situation et des événements vous seront contés et il vous suffira de faire vos choix. Sur votre route, vous tomberez sur des personnages qui orienteront votre destinée. Vous trouverez des objets afin de vous aider dans votre périple. Vous n’avez qu’à vous laisser porter par l’histoire.

Chaque boîte possède tout de même une mécanique propre.
Pour « Versailles », il vous faudra tout le temps décider de vous habiller en homme ou en femme. Parfois, ce choix n’aura aucune incidence, souvent il fera pencher la balance selon l’interlocuteur ou la situation. Une mécanique complètement en accord avec le message du jeu.

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On en pense quoi ?

Ne le cachons pas, nous sommes fans de la gamme.
Chaque aventure ouvre les portes de l’Histoire. On se croirait dans un docu-fiction, incarnant soit un personnage réel afin d’en révéler l’histoire personnelle et incroyable, soit un individu lambda de l’époque qui va se retrouver dans les pas d’une célébrité afin de découvrir l’impact qu’elle a eu sur le monde.

Dans cet opus, nous incarnons Julie d’Aubigny, personnage réel, qui doit évoluer au sein de la cour de Versailles. Les péripéties de l’héroïne nous amèneront rapidement bien au-delà de la célèbre ville.

Nous allons découvrir la France de 1687, de Paris à Marseille, des bas-fonds aux plus hauts sommets de l’état
Comme évoqué précédemment, à chaque action, il nous est demandé de choisir quelle tenue nous portons : celle d’un homme avec son épée en position dominante, ou celle d’une femme en toilette à l’exigence de soumission inhérente à son sexe ?

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C’est en tout cas ce que l’on pourrait penser à la première lecture. La réalité se dessine autrement. Ici, il s’agit bien souvent de jeux d’influence, de ruse. Comment se présenter selon le but que l’on s’est fixé ? Doit-on être franc et soi-même ou bien jouer un personnage afin d’obtenir quelque faveur ? Tout n’est-il qu’apparences et faux-semblants ?

« Versailles » est un jeu narratif assumé où le plaisir reste celui de vivre une aventure. Cependant, l’écriture de cette histoire aux embranchements variés va plus loin.
Comme dans les précédents épisodes, les choix moraux sont omniprésents. Ici, ils sont liés à ce qu’on l’on nomme la morale, valeur n’existant que par les limites qu’on lui donne.

Car Julie d’Aubigny aime les hommes autant que les femmes. Elle interroge la sexualité, l’homosexualité, la bisexualité, le travestissement et a fortiori le genre. Un thème très fort en notre 21ème siècle qui existait déjà 350 ans plus tôt.
Le frère du Roi lui-même, que l’on nommait Monsieur, était un inverti, et la carte 8 du jeu nous présente des courtisans moqueurs quant à cet état de fait dont ils se moquent là, au milieu des jardins, mais sur lequel ils se seraient bien gardés de plaisanter devant le Roi dont le courroux justifiait le droit de vie et de mort sur ses sujets.

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La scénariste, Peggy Chassenet, nous expose de nombreuses autres scènes qui amènent à la réflexion, et surtout modifient notre façon de jouer. On se glisse dans la peau de Julie d’Aubigny, avec ses ambiguïtés, et l’on se prend à véritablement penser à sa tenue selon la situation et les protagonistes, car nous en avons perçu toute l’influence possible sur notre futur.

Encore une fois, « Cartaventura : Versailles » est un jeu, mais il inclut délibérément un aspect réflexif important. Cela influe d’ailleurs sur le nombre de joueurs possibles.

Pour l’éditeur, il peut se jouer de 1 à 6. Nous sommes plutôt amateurs de l’aspect solo ou duo afin de se glisser complètement dans la peau du personnage et surtout d’assumer tous nos choix. Une petite musique baroque dans les oreilles et le voyage immersif est assuré.

À plus, pourquoi pas. L’échange autour des pistes à suivre peut-être intéressant, mais les choix ne sont pas si nombreux qu’ils nécessitent une assemblée. L’attente d’une décision collective, voire d’un vote, nuirait sans doute à la fluidité.

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D’autant que l’histoire propose 5 fins différentes.
La première partie terminée, il est indispensable de remonter en selle afin de décider de nouveaux embranchements et de découvrir de nouveaux horizons. Puis une troisième fois. Ce qui implique fatalement de passer plus rapidement les premières cartes que l’on commence à connaître. Mais la suite est toujours pleine de surprises.

Après plusieurs scénarii, vous pourrez consulter le petit livret historique qui vous révèlera encore de nouvelles informations sur Julie d’Aubigny et son époque.

« Cartaventura : Versailles » tient encore ses promesses de jeu narratif illustré à merveille par les pinceaux talentueux de Guillaume Bernon et Jeanne Landart. Il renouvelle l’expérience de jeu et suscite l’envie de se plonger dans cette période historique tant relatée mais souvent encore méconnue. Cette lucarne de la petite histoire à travers la grande est une ouverture culturelle formidable à travers le jeu. C’est grâce à ce type de propositions que la voie s’ouvrira pour l’avancée du jeu en tant que produit culturel.

Une superbe réussite éditoriale à vivre pleinement et à partager.


À lire sur la Yozone :
- l’entretien avec Thomas Dupont, auteur du jeu


Cartaventura : Versailles
Thème : vivez l’aventure de Julie d’Aubigny à Versailles au fil des cartes
Mécanique(s) : narratif avec cartes
Âge : 10 ans et plus
Nombre de joueurs : 1 à 6
Durée d’une partie : 60 minutes environ
Auteur(s) : Thomas Dupont & Peggy Chassenet
Illustrateur(s) : Guillaume Bernon & Jeanne Landart
Éditeur : BLAM !
Date de sortie : 21 avril 2023


Illustrations © Guillaume Bernon & Jeanne Landart & BLAM !


Michael Espinosa
Christelle Espinosa
28 avril 2023



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