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Papillon de verre (Le)
Katrine Engberg
Pocket, Thriller, roman traduit du danois, policier, 464 pages, mars 2023, 8,20€

Le corps d’une femme, vidée de son sang par de nombreuses entailles aux bras, est trouvé dans une fontaine de Copenhague. Le lendemain, obéissant au même mode opératoire, c’est celui d’un homme qui est sorti d’une autre fontaine de la ville.
En l’absence de sa coéquipière Anette Werner en congé maternité, Jeppe Kørner est chargé de coordonner l’enquête. Un lien apparaît rapidement : les deux victimes ont travaillé à la Maison des Papillons, une résidence psychiatrique pour enfants et adolescents qui a fermé voilà quelques années.
Les événements sont-ils liés à ce qui s’y est passé ? Notamment le suicide d’une malade ?



« L’enfant étoile » a révélé Katrine Engberg au public. Le duo d’enquêteurs Anette Werner et Jeppe Kørner revient dans « Le papillon de verre », l’occasion de plonger dans les institutions de soins.
La première est en congé maternité et peine à trouver de l’affection dans cette petite fille qu’elle allaite. Elle y voit l’éloignement de son travail, les contraintes liées à cette naissance. Elle a le plus grand mal à endosser son rôle de mère, regrettant surtout ce qu’elle a perdu. Aussi, quand elle flaire la grosse affaire, elle ne peut s’empêcher de contacter son collègue pour en savoir plus et finalement fureter en prétextant chercher des couches.
Jeppe Kørner est en plein dedans, il subit la pression de sa hiérarchie au fur et à mesure que les jours passent et que les morts s’entassent. Une piste se profile vite, des noms se dégagent, mais certaines personnes impliquées dans la Maison des Papillons demeurent introuvables. Des zones d’ombre se dégagent de cette institution : le suicide d’une pensionnaire, la noyade accidentelle d’un accompagnant qui dénonçait les méthodes employées, du personnel pas forcément compétent, de l’argent détourné... Jeppe doit réussir rapidement, sous peine d’être remplacé par un collègue de dix ans plus jeune. Le temps presse...
Le contexte s’avère éprouvant, car il tourne autour du traitement de la psychiatrie d’adolescents. Celui qui décrit le mieux cet enfer n’est autre qu’un jeune homme qui, dans ses moments de lucidité, quand il n’est pas abruti par les médicaments, comprend qu’il n’a aucun avenir, que les instituts ne sont que des prisons dont il ne sortira jamais. Il n’a plus aucun droit, il n’est qu’un cobaye aux mains d’adultes qui ne voient plus en lui une personne comme elles. C’est triste, dégradant, inhumain, d’autant plus quand la réalité se dévoile petit à petit. Katrine Engberg dénonce les dérives de ce système, ce qui peut se dérouler au sus de l’extérieur qui préfère se voiler la face, ne sachant que faire de ces malades. Que peut-il en ressortir ? Rien de bon...
« Le papillon de verre » se déroule sur une semaine, chaque jour apportant son lot de malheurs. L’intrigue est bien menée, on peut juste regretter que l’auteure se disperse un peu avec une connaissance de Jeppe que l’on suit en filigrane et qui n’a qu’un rapport très lointain avec l’affaire. Cela sert plutôt à embrouiller l’ensemble.

Par contre, il est toujours appréciable de suivre les principaux personnages, de les découvrir dans leur intimité, ce qui ne les rend que plus humains. Suite à son divorce, Jeppe habite à nouveau chez sa mère qui ne cesse de lui téléphoner et il cache sa liaison avec sa collègue Sara. Il ne sait comment envisager la suite de leur relation. Quant à Anette, elle a un bébé à s’occuper, même si elle oublie cette priorité.

Second roman de Katrine Engberg à paraître en France, « Le papillon de verre » se révèle passionnant comme le premier. Il plonge le lecteur dans les institutions de soins et dérange par bien des aspects. Il n’est pas avare en péripéties, en drames et permet d’approfondir les personnages principaux, Anette Werner et Jeppe Kørner.
Pour autant, les reverra-t-on ? C’est là que le bât blesse.
Ces dernières années, la reprise en poche se fait en synergie avec la parution de la nouveauté en grand format. Quand « L’enfant étoile » est sorti en poche chez Pocket, « Le papillon de verre » est paru presque en même temps chez Fleuve Noir. Là, rien de tel. Pas de nouvelle traduction annoncée, alors que les enquêtes du duo d’enquêteurs ne s’arrêtent pas là. Croisons les doigts...


Titre : Le papillon de verre (Glasvinge, 2018)
Auteur : Katrine Engberg
Traduction du danois : Catherine Renaud
Couverture : Nicolas Caminade
Éditeur : Pocket (1ère édition : Fleuve Noir, 2022)
Collection : Thriller
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 464
Format (en cm) : 10,7 x 17,7
Dépôt légal : mars 2023
ISBN : 9782266332118
Prix : 9,20 €


De la même auteure sur la Yozone :
- L’enfant étoile

Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
5 avril 2023


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