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Solaris n°225
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°225, science-fiction / fantastique / fantasy, nouvelles – articles - critiques, hiver 2023, 162 pages, 13,95$ CAD


Avec “L’Auberge au bord du monde”, Christian Léourier a remporté le Prix Joël-Champetier. Un prix de plus dans l’escarcelle de l’auteur qui installe ici très bien le contexte : la dernière auberge avant le pont qui enjambe un précipice donnant sur... Personne ne connaît la réponse. De tous ceux qui l’ont emprunté, personne n’est revenu. La tenancière Eileen voit passer bien des voyageurs sans retour. Aujourd’hui un individu différent arrive, il attend le bon moment pour y aller, s’installant dans la routine d’Eileen.
Les personnages sont bien décrits, le mystère autour de ce qui se cache après le pont et les motivations de l’arrivant apportent de l’intérêt au récit. Hélas, on en reste à ce stade, aucune réponse n’est apportée, le lecteur reste en plein flou. Ce texte s’apparente au premier chapitre d’un roman, installant toute la suite des événements. En l’état, il se révèle rien moins que frustrant. Un prix qui me laisse songeur...

Alain Ducharme décrit un étonnant cycle pour permettre à la planète de se régénérer. Une communauté vit un siècle sur place, avant de faire un bond de cent ans dans le futur. Alors que les derniers villageois doivent franchir la porte temporelle, un incident se produit, laissant quelques habitants bloqués sur place. Sous le prisme d’un enfant et de ses pères, “Un silence, vu de loin” se révèle poignant. Quand arrivera sa maman ? Qui sont ces gens déjà sur place quand ils sont arrivés ? Une belle idée de départ avec un traitement tout en finesse.

“Bal(l)ade en dix temps” n’œuvre pas dans la même catégorie. L’histoire est passablement tirée par les cheveux avec une fillette, fruit de l’amour entre une humaine et une fée. Elle se découvre le pouvoir de transformer les objets autour d’elle et elle aime bien les dinosaures, ce qui donne un final aux allures de Godzilla. Dave Côté et Pascal Raud ne font pas vraiment dans la dentelle ni dans le plausible. Si un enfant pouvait exaucer ses désirs, que ferait-il ? Cela permet bien des dérives, des facilités, ce qui se ressent clairement dans ce cas. On apprécie ou pas, pas de juste milieu.

Dans “Faux-bourdon” de Claude Mercier, c’est le petit Julien qui peut se transformer, au grand désespoir de sa mère le cherchant alors partout et devant se méfier de ce qu’elle pourrait écraser. Cette dernière raconte l’histoire à sa façon et c’est quasi illisible.

Josée Bérubé nous invite à vivre “Le Rite du guérisseur”. Le temps est venu pour Tshiuetin de passer la main à celle qui lui succédera, Mishtashipu. Au fil des transformations accompagnant le voyage initiatique, le premier épuise ses dernières forces, alors que la seconde devient toujours plus forte. L’ensemble est assez spécial et il faut rentrer dans le jeu pour que cela fonctionne, tant c’est déroutant. J’avoue avoir trouvé ce texte bien long.

Élisabeth Vonarburg évoque aussi une légende dans “La femme aux semelles de temps”, mais c’est si bien amené, tout ce qui précédait était si immersif que le lecteur s’y intéresse d’emblée. En rentrant des courses de bon matin, les semelles des sandales d’une vieille femme se délitent. Heureusement des enfants voient sa détresse et l’amènent chez Toni, une cordonnière accueillante. Dans cette nouvelle de Solarpunk, pas de grands effets, mais de l’efficacité ; un problème terre à terre permet cette belle rencontre débouchant sur une étonnante histoire. Très belle nouvelle !

Le Futurible en chef Mario Tessier nous alerte sur “La fin des insectes ou le monde silencieux de demain”. Même s’ils sont agaçants, ils participent au cycle de la vie et détiennent finalement les clés de notre avenir. Expérience personnelle, problématique autour des insectes, études, œuvres de fictions autour du thème... un article limpide et enrichissant comme d’habitude.
Au rang des chroniques d’ouvrages, on retiendra surtout, dans le cadre du Daliaf (Dictionnaire des auteurs des littératures de l’imaginaire en Amérique française), l’article touffu et très argumenté de Claude Janelle sur « Le ravissement » (2001) de Andrée A. Michaud, un livre à la croisée des genres avec le fantastique s’invitant dans le polar.

Ce « Solaris » laisse une impression en demi-teinte, la faute à plusieurs nouvelles décevantes. Heureusement, Alain Ducharme, Élisabeth Vonarburg et Mario Tessier assurent le service maximum et contentent tout un chacun.


Titre : Solaris
Numéro : 225
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine, Francine Pelletier et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Sagana Squale
Illustrations intérieures : Sagana Squale et Suzanne Morel
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 225
Période : hiver 2023
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782924625873
Dimensions (en cm) : 13,3 x 20,9
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
8 février 2023


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