Sur Nektorus, une planète située quelque part dans un système « nébulaire » indéterminé vivent les Narhs, à priori semblables à des humains, réduits en esclavage par les Mahaans, eux aussi d’apparence humaine. Les uns sont mortels, les autres non. Les Mahaans sont organisés en clans opposés : les Yuls et les Yamantaks. Ces derniers, au pouvoir, tiennent Nektorus dans une poigne de fer. La Milis – police plus politique qu’autre chose – en est le bras armé. Les Mahaans, entre autres capacités, ont la faculté d’habiter les corps des Narhs qu’ils nomment « nirmana » et qui sont en quelque sorte des émanations serviles d’eux-mêmes. La conscience du héros initial va donc être effacée de son corps par son vrai propriétaire qui va s’y incarner, puis qui, au fil des péripéties rencontrées, sautera de nirmana en nirmana.
Les trois premières parties du livre sont menées à un rythme soutenu qui n’est pas sans évoquer le style alerte d’un Peter Randa. Cela se corse ensuite, si je puis me permettre ce bon mot, car la complexité de l’intrigue va croissante et il n’est pas toujours aisé pour le lecteur de raccrocher les wagons. En effet, la lutte semble concerner essentiellement les Mahaans entre eux, les Narhs asservis ne semblant pas manifester une grande volonté d’émancipation. C’est tout au moins mon ressenti, puisque l’âme de la révolte (enfin parlons plutôt du complot), Jhanus, est en réalité habitée par l’esprit d’un Mahaan.
Nektorus existe-t-elle vraiment ou n’est-elle que la création onirique d’un esprit supérieur et étranger, l’Iaborg, entité mystérieuse, qui manipulerait le destin des hommes dans un but hermétique ? Le passage de Jhanus par une Terre réduite à un désert hostile a-t-il aussi une réalité ? Qui tire les ficelles ? Dumé Antoni complique à souhait une histoire dont on se demande bien, au fil des pages, comment il pourra en assurer la cohérence. Néanmoins il y parvient en brossant un tableau final relevant de l’utopie, tout en maintenant l’incertitude sur la tangibilité de son histoire.

Découpé en courts chapitres, avec une action concentrée et des rebondissements bien dosés, le livre se lit avec plaisir. On regrettera néanmoins une couverture dont on ne sait pas trop ce qu’elle représente (une soucoupe volante en réparation ?) et qui, pour le moins, n’est pas attirante. Dommage : il y a tant de bons dessinateurs sur le marché !

Titre : La révolte des Narhs
Auteur : Dumè Antoni
Couverture : Editions Ex Aequo
Éditeur : Editions Ex Aequo
Collection : Atlantéis
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 211
Format (en cm) : 13,3 x 21,4
Dépôt légal : novembre 2022
ISBN : 9791038804654
Prix : 18 €