Pour cette édition, les auteurs avaient quatre thèmes sur lesquels se pencher. Étonnamment, sur les quatre nouvelles au sommaire, seuls deux sont traités :
 « Le monde me pourchasse, même les étoiles sont des chiens sur mes traces », une citation d’Erri De Luca
 Vagabond céleste

Pia Laurent, 17 ans, surnommée Manchette Fulgurante, sillonne l’espace à bord de l’astronef de sa mère, une sommité scientifique retenue ailleurs. Ce ne sont pas ses deux jeunes sœurs qui parviennent à juguler sa fougue et sa propension à se fourrer dans les ennuis. D’autant que la découverte d’une roche remarquable attire bien des convoitises. “J’irai danser au Face Cach’” ne manque pas d’humour, Morgan Corven livre un récit improbable, enlevé, mais qui fonctionne, ce qui lui a valu un Accessit.

Troisième prix : “Rita Hayworth” de Marc Séfaris, inspiré du « Petit Prince ». En plein désert, un aviateur tombe en panne. Lors de la réparation, un jeune garçon l’aborde et lui demande quelque chose. L’homme qui connaît ses classiques croit en un mirage et la situation dérape... Là aussi on baigne dans l’improbable. L’influence est par trop grande, ce qui nuit à l’ensemble, d’autant que toucher à un monument n’est pas accueilli de la même manière par tout le monde.

Second prix : “Viens sur ma comète” de Julie Conseil, qui n’est pas plus sérieux que les deux précédents. Ça part dans tous les sens avec des comètes n’observant pas les lois de la gravitation, comme si elles étaient conscientes et décidaient de leur trajectoire. Il faut dire que lors d’une excursion d’handicapés, l’accompagnatrice est revenue avec un de plus qu’au départ. Simple hasard ? Une nouvelle folle qui fait du bien par son parti pris délirant avec des indiens n’en faisant qu’à leur tête, un paternel voulant partir dans un dernier feu d’artifices... Un bon moment de lecture, le sourire aux lèvres.

Finalement un seul participant a conservé son sérieux : Lucie Heiligenstein avec “Miettes de ciel”. Dans une arche stellaire, les inégalités sociales sont les mêmes que sur Terre. Ceux qui ne voulaient pas partir et ont été obligés de le faire sont traités comme des inutiles et parqués dans le même habitat. Une voleuse participe à leur grand projet en détournant l’attention des autorités par des cambriolages défiant la logique. Science-fiction au programme mais dans un registre plus policé, bien moins fou, donnant un plus grand sentiment d’avenir possible. Il s’agit du meilleur texte au sommaire et sa victoire n’en est que plus méritée.

Trois textes primés sur quatre lâchent la bride à l’imagination qui verse dans un délire certain. Bien des facilités sont alors permises, car elles sont dans le ton de l’ensemble. Par contre, en trouver autant de la sorte dans les choix du jury s’avère étonnant, car c’est bien plus facile d’en mettre plein la vue en faisant fi de toute vraisemblance. Que l’unique auteure qui ait gardé les pieds sur terre, du moins s’est cantonnée à une certaine rigueur, remporte le prix, n’en est que justice.

Titre : AOC
Numéro : 66
Directrice de la publication : Evelyne Beuzit
Rédacteur en chef : Olivier Bourdy
Couverture : Magali via midjourney
Illustrations intérieures : Jean-Michel Prats, Olivier Bourdy, NellJob et Éric Malterre
Type : fanzine
Genre : Science-fiction, fantasy, fantastique
Site Internet : le club Présences d’Esprits
Période : automne 2022
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 1772-3442
Dimensions (en cm) : 12,9 x 19,8
Pages : 90
Prix : 4 €

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