Car Karl von Karotte ne sort pas de sa chambre, réclame plein de choses à toute heure du jour. Lorsque Ace parvient à forcer sa porte, et découvre le bazar qu’il a mis, l’Allemand lui offre cent dollars pour se taire... puis bientôt, alors que le temps tourne encore plus à l’orage, cinq cents de plus pour aller lui chercher de la rhubarbe, et motus ! Partagé entre sa parole donnée, les soucis de sa mère pour les finances, et l’envie de couvrir sa future petite amie (oui, parce que Ksenia est pas encore au courant qu’il a craqué sur elle) de cadeaux et de bijoux, Ace joue le jeu.
Mais lorsqu’une créature enflammée envahit l’hôtel, métamorphose sa mère et semble particulièrement en colère, il a besoin d’aide. Donc il va commencer à jouer sur les mots, car il est doué pour cela.

Au travers d’autres de ces romans, comme les « Chroniques de Zi » et les frères Ablakar, on connaissait le penchant de Jean-François Chabas pour l’humour. Loin de ses œuvres très engagées, il nous livre ici une aventure hilarante, à destination des 10-13 ans (et plus !), avec un jeune héros à l’imagination débordante, tant sur le papier que dans la vie. il se rêve déjà auteur à succès et marié à sa copine, qui est son parfait opposé, aussi pâle qu’il a la peau sombre, aussi pragmatique et opiniâtre qu’il est rêveur et tête en l’air. On rajoute un Méchant particulièrement moche et ridicule, des dialogues avec un accent allemand terrible, et un dieu vengeur en colère dont la kryptonite est... la rhubarbe, et qui a la fâcheuse tendance à changer tout le monde en animal ( pour peu de temps, ensuite les gens se réveillent tout nus et sans le moindre souvenir d’avoir boulotté les plantes vertes).

C’est mené tambour battant, et le bon équilibrage entre humour et aventure nous laisse à peine reprendre notre souffle. La narration à la première personne fonctionne parfaitement, Ace n’ayant pas la langue dans sa poche, et parlant parfois plus vite qu’il ne réfléchit. Trois chapitres nous projette dans un futur proche, en pleine rénovation de l’hôtel, pour mieux nous laisser deviner les catastrophes qui ont eu lieu.

On appréciera néanmoins, au milieu des clichés sur les différentes nations, la quantité d’expressions étrangères qui truffent les dialogues sans casser le rythme de lecture (vous allez apprendre de l’allemand, du russe et de l’italien !). Le retournement à mi-roman est appréciable : Karotte est-il coupable, ou victime ? Ace hésite, et nous aussi.

La couverture et les portraits d’Eglantine Ceulemans collent parfaitement à l’histoire. On aurait aimé quelques illustrations de plus, l’abondance de moments cocasses ne laissait que l’embarras du choix.

Une aventure cataclysmique qui ferait peur si elle n’était pas farcie d’humour, et largement mieux qu’un blockbuster hollywoodien !

Si vous avez aimé les « Chroniques de Sinistre sur mer » de Thomas Taylor, « La Malédiction de Karl von Karotte », certes plus court et moins tortueux, ne devrait pas vous déplaire.

Titre : La Malédiction de Karl von Karotte
Auteur : Jean-François Chabas
Couverture et illustrations : Eglantine Ceulemans
Éditeur : Didier Jeunesse
Collection : Mon marque-page +
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 185
Format (en cm) : 21,5 x 14,5 x 2
Dépôt légal : avril 2022
ISBN : 9782278120758
Prix : 12,90 €