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Nécropolis, tome 4 : Les Nouveaux Gardiens
Fabrice Colin
Nathan, roman (France), fantastique, mars 2022, 110 pages, 10,95€

Les morts-vivants attaquent Erleth, Lee-Ann et Astor leur échappent de peu, mais le troisième sceau est détruit. Sauvés par Edgar en hélico, ils font route vers la Forteresse des Gardiens, ultime rempart contre les armées de Moloch. Les espoirs s’amenuisent. Face à la marée ennemie, tandis que la population fuit vers Ravenor, quelques-uns se lancent dans une manœuvre désespérée, affrontant leur passé jusque-là oublié.



Voilà, c’est fini.
Et que dire, sinon que toutes mes craintes évoquées à la lecture des tomes précédents se sont réalisées ?
Une dernière fois, Fabrice Colin, fleuron de l’imaginaire française, multi-primé, déçoit, accumulant les facilités, oubliant où il va, sacrifiant un fond riche, truffé de références, en le farcissant d’inutiles rebondissements, de coups de théâtre abscons au lieu d’une intrigue digne de ce nom. Pire, il méprise les plus élémentaires promesses littéraires attendues d’un roman jeunesse, laissant des questions sans réponses, des pistes inexplorées.
On soupire en lisant des incohérences, comme le fauteuil d’Astor qui monte un escalier puis passe par une lucarne pour s’échapper d’Erleth. Ou quand une fois en panne, alors qu’ils ne sont qu’à quelques kilomètres de la Forteresse (on rappelle que Nécropolis n’est pas si étendue...) Edgar et Le-Ann, pas assez costauds pour porter longtemps Astor et sa machine, préfèrent passer la nuit en pleine nature, à la merci des morts qui rôdent, plutôt qu’aller chercher de l’aide à une heure de marche...

Ce quatrième tome est celui de la fuite, pour un dernier baroud d’honneur qu’on devine vite virer au sacrifice. Là encore, l’auteur semble prendre plaisir à singer les pires scénaristes américains en mettant en danger l’ultime rempart des Gardiens, offrant à Moloch la Clé d’Argent et son sacrifice nécessaire à l’ouverture des Enfers....

La solution jaillit presque de nulle part, grosse ficelle de dernière minute puisque ces quatre tomes ont été bien creux en informations, au profit d’une action débridée, parfois onirique mais souvent absconse. Bref, Edgar révèle à Lee-Ann leur passé commun, se sacrifie pour que l’Apprentie Gardienne, dans une opération à haut risque, tente le tout pour le tout et fasse capoter le plan de Moloch comme un pétard mouillé. Et le pire, c’est que ça marche... On écrase à peine une larme pour Edgar et son petit discours sur le sacrifice, tant en fait on n’aura pas pu s’attacher à lui...
Les figures adultes sur qui aurait pu reposer ce message, comme le comte Usher ou M. Karakhan, sont particulièrement absentes ou infantilisées, rendues impuissantes par l’ampleur de la menace qui s’abat sur leur monde. Pire, ils accumulent eux aussi les décisions stupides, qui servent l’intrigue au détriment de toute logique.

Était-ce une raison pour faire voler en éclats, après 350 pages et si près de la fin, le pacte avec le lecteur ? d’attendre la fin pour remettre en cause la nature même de Nécropolis ? Pourquoi pas, après tout, puisque nos apprentis Gardiens auront montré leur ignorance totale du monde dans lequel ils s’apprêtaient à faire carrière. Et ne le feront pas, contrairement à ce qu’annonce le titre, bien mal choisi, puisque comme tout est bien qui finit bien, il n’y a plus rien à garder...

Même les liens qui unissent nos quatre héros, les amours naissantes et les amitiés sans faille, ne suffisent à mon sens pas à compenser le vide autour. Si les sentiments de Robin pour Violet étaient amenés correctement dans le tome 2, Lee-Ann et Astor se rapprochent... pour rien, tant ils sont froids, elle la sans-peur et lui l’intello. Simplement, ils sont amis et c’est la fin de leur monde, et ils n’ont plus que l’autre si qui compter.

Bref, je ne sais pas quoi tirer de « Nécropolis ». Après les facilités de « Wonderpark », sa précédente série pour 8-12 ans chez Nathan, Fabrice Colin gâche ici un univers intéressant en oubliant des règles élémentaires du roman jeunesse, s’éparpillant entre références d’une autre génération, intrigue laborieuse, branches secondaires superflues, personnages sous-exploités et trop abondants, et promesses littéraires allègrement oubliées.
Mais surtout, quels lecteurs espère-t-il emporter dans un imaginaire aussi bancal ? En tant qu’adulte, je n’ai rien trouvé de bien solide à me mettre sous la dent, et mon cobaye de 12 ans a lâché l’affaire au milieu du tome 2 parce qu’il n’y comprenait rien.

Vraiment dommage.


Titre : Les nouveaux Gardiens
Série : Nécropolis, tome 4/4
Auteur : Fabrice Colin
Couverture : Juliette Brocal
Éditeur : Nathan
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 110
Format (en cm) : 21 x 14 x 1
Dépôt légal : mars 2022
ISBN : 9782092497852
Prix : 10,95 €


Nécropolis :
1 La tour de l’aigle
2 L’appel du Sémaphore
3 Les sceaux des enfers
4 Les Nouveaux Gardiens


Nicolas Soffray
6 mai 2022


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