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Loin de la lumière des cieux
Tade Thompson
J’Ai Lu, Nouveaux Millénaires, roman traduit de l’anglais, Science-fiction, 320 pages, mars 2022, 20€

Michelle Campion, dite Shell, est la commandante du vaisseau-colonie Ragtime, mais le poste est plus honorifique qu’autre chose, car l’IA du vaisseau se charge de tout. Tout comme les passagers, elle voyage en animation suspendue du départ de la Terre jusqu’à la destination Sang-Dragon où les colons doivent débarquer avant qu’elle ne rentre sur Terre. Une sinécure, quoi !
Sauf qu’elle se réveille 10 ans après dans un vaisseau dont l’IA ne fonctionne plus correctement et qu’une trentaine de passagers démembrés sont trouvés. Que s’est-il passé ? Les autorités de Sang Dragon envoient sur place le rapatrieur Rasheed Fin, secondé par Salvo, un Artificiel, pour mener l’enquête.



Entre la trilogie « Rosewater » et les deux premiers volets mettant en scène Molly Southbourne, l’Anglais Tade Thompson a fait des débuts remarqués. Aussi ce nouveau roman « Loin de la lumière des Cieux » attire une légitime curiosité, d’autant qu’il change de registre en se lançant dans le space opera, même s’il s’en défend dans la postface. Celle-ci couvre quatre pages, comme s’il voulait expliquer là sa démarche, notamment sa volonté d’écrire un crime en chambre close. Il reconnait pourtant qu’en rédiger une s’apparente presque à un constat d’échec. D’ailleurs on peut relever : « Quand je me perdais, ce qui arrivait fréquemment car j’adore faits et digressions, je me répétais ce qu’était cet ouvrage : une espèce de roman de détection. » Comment donner tort à l’auteur qui a tendance à partir dans tous les sens, sans aller jusqu’au bout, ce qui rend l’ensemble assez confus et frustrant ?

Tade Thompson a voulu décliner son idée de départ dans le milieu spatial, le Ragtime devenant la chambre close par excellence. Peu à son aise, il n’est guère convainquant dans ce registre. Il prend des choses connues du corpus SF, les modifie à sa sauce, sans rien y apporter. Au fil du livre, le lecteur n’est jamais vraiment surpris, il reste dans une zone maintes fois balayée et peut même éprouver l’impression de parcourir un space opera daté.
Shell est rejoint par Fin et Salvi chargés de démêler le mystère. Puis il arrive même une connaissance de Shell, tonton Larry, le gouverneur de la dernière station croisée, accompagné de sa fille qui n’est pas humaine. Entre alertes, gestion de crises, tentatives pour communiquer avec la planète, amourettes... l’air se raréfie et la survie des passagers devient toujours plus problématique. L’auteur aligne les péripéties, digresse avec des passages sur la station Lagos, sur Sang Dragon, des réminiscences du passé de Fin et de Shell, ce qui donne un déroulement décousu, parsemé d’incohérences. Même la révélation du mystère ne réussit pas à rattraper l’ensemble.
Tade Thompson veut délivrer un message, celui de la révolte des anonymes, des exploités contre la mainmise des tout-puissants s’arrogeant tous les droits. Là ça dérape et adhérer aux développements imaginés par l’auteur coince, il faut l’avouer. Dans un registre similaire, Thierry Di Rollo l’a fait avec bien plus d’élégance dans « Le soleil des Phaulnes ».

Tade Thompson a voulu changer de registre, mais n’a réussi à livrer qu’un roman quelconque qui souffrira de la comparaison avec d’autres space opera bien plus aboutis. Si l’auteur a du potentiel, « Loin de la lumière des cieux » est loin d’en faire l’étalage, le desservant plus qu’autre chose.


Titre : Loin de la lumière des cieux (Far from the Light of Heaven, 2021)
Auteur : Tade Thompson
Traduction de l’anglais : Michel Pagel
Couverture : © Shutterstock / Triff, Vadim Sadovski
Éditeur : J’Ai Lu
Collection : Nouveaux Millénaires
Directeur de collection : Thibaud Eliroff
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 320
Format (en cm) : 13 x 20
Dépôt légal : mars 2022
ISBN : 9782290366776
Prix : 20 €


Tade Thompson sur la Yozone
- « Les meurtres de Molly Southbourne »
- « La survie de Molly Southbourne »

Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
15 mars 2022


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