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Magpie Society (the), tome 2 : Au Coeur du Cercle
Zoe Sugg et Amy McCulloch
La Martinière, Fiction J, roman traduit de l’anglais (USA), 411 pages, novembre 2021, 16,90 €

La fête de Samain s’est donc mal finie : Clover a disparu, alors que son podcast annonçait qu’elle touchait au but. Ivy et Audrey redouble d’efforts pour poursuivre son enquête, persuadée de la culpabilité de M. Willis qui n’a toujours pas quitté l’école.
Mais Audrey découvre que Clover se cache en fait chez Patrick Radcliffe, et que ce dernier ne leur a rien dit. Les deux lycéennes reçoivent un cadeau du Cercle, un téléphone avec une appli qui modélise tous les passages secrets de l’école et les mène au QG historique du Cercle, où elles trouve un annuaire des ancien membres mais aussi des preuves qu’on veut transformer Illumen Hall en complexe hôtelier de luxe ! Plus que jamais déterminées à défendre leur école, avec ces nouveaux mobiles, Ivy et Audrey accumulent les indices et les suspects du meurtre de Lola.



Je l’ai écrit dans la chronique du premier tome, je m’attendais davantage à du fantastique qu’à un « simple » thriller mâtiné de gossip, et c’est ce que confirme ce second et dernier volet. Mea culpa, me voici donc les deux pieds dans un genre que j’affectionne peu.
Les pistes supplémentaires s’accumulent, et les différents protagonistes cachent toujours leur jeu. Patrick Radcliffe le premier : tandis qu’il réclame à Audrey une liste des Pies, il dissimule qu’il héberge Clover qui n’a pas été enlevée, mais s’est enfuie après le flash mob de Samain. Ed, le petit-fils de M. Tavistock, finit par admettre que son grand-père est la dernière Pie du cercle original, et met à la disposition des filles un arsenal de caméras, dont les enregistrements confirment certains soupçons sur M. Willis. Enfin, le projet de vente de l’école incrimine Mme Abbott. Lola était gênante pour beaucoup de monde.

On retrouve dans l’écriture les bonnes ficelles des thrillers « de gare » : dès qu’une piste paraît froide, une révélation la rend brûlante ; au contraire, la plus prometteuse passe au second plan à cause d’un autre événement qui attire l’attention ; quand les deux enquêtrices sont séparées, il y a forcément un obstacle à ce qu’elles partagent leurs découvertes (ici, une brouille aussi violente que stupide les poussent à se faire la tête et laisser stagner les choses quelques jours). Ficelles habituelles qui expliquent mon désamour du genre.

Tout concourt à les conduire à un climax final : le concert de fin d’année, dernier espoir de sauver l’école ou de sauver leur avenir. Un moment de grand stress, de haute tension adolescente qui vient redoubler celle du thriller.
On appréciera certains rebondissements certes classiques mais efficaces, et on reconnaît sans mal les influences romanesques : les deux autrices sont allées piocher dans les mécaniques d’Agatha Christie, toujours efficaces, et notamment de son roman qui fit scandale en brisant l’un des règles tacites du policier (je ne vous dis pas le titre).

Mais mécanismes et talent ne sont pas la même choses : le twist final est trop gros. Certains auront peut-être envie de relire les deux tomes pour y traquer les indices laissés en évidence (quelques détails faisaient tiquer : certaines tournures de phrases sujettes à interprétations ; l’histoire des dessins d’Harriet, tombée de nulle part et vite oubliée, par exemple), moi pas. Si on peut justifier certains blancs par l’alternance narrative, fort bien utilisée, beaucoup de choses ne tiennent tout simplement pas dans les révélations finales du tueur, qu’il faut admettre totalement schizophrène pour ne pas avoir laisser transpirer quoi que ce soit en deux tomes, achevant de donner un côté grand-guignol à un retournement final très télévisuel qui voudrait faire passer ce roman pour plus complexe, alors qu’il n’était qu’exagérément embrouillé, truffé de coïncidences trop heureuses pour le scénario (comme la clause du testament, capillotractée).

C’est du moins ma sensation. On peut au contraire apprécier de s’être fait promener pendant deux volumes par un assassin dissimulateur, qui a su habilement jouer de l’entrée en jeu d’un élément imprévu, et saluer l’usage fort à propos du double point de vue pour nous masquer certains points cruciaux. Quitte à fermer les yeux sur les exagérations finales.

Ce n’est pas mauvais, loin de là, c’est juste un thriller parmi d’autres, avec toujours les mêmes ingrédients et un vernis adapté du lectorat cible, ici les jeunes adultes, fans de la série « Riverdale » et millions de followers de Zoe Sugg.
Bref, les jeunes lecteurs, et notamment lectrices, aimeront sans nul doute se plonger dans cette école anglaise pleine de jalousies, de langues de vipères et de vraies amitiés sincères, frappée de plein fouet par ces meurtres et ces scandales. Pas la meilleure publicité pour les pensionnats anglais.

La comptine des Pies laisse entendre qu’il y aura un 3e tome, changeant le twist final en nouveau rebondissement, feuilletonnant un peu plus le scénario. L’identité de l’assassin étant révélée et le seul témoin écarté, je ne suis pas sûr d’en comprendre l’intérêt.
Reste la couverture, identité graphique de la série, réellement captivante.


Titre : The Magpie Society (The Magpie Society : two for joy, 2021)
Série : The Magpie Society, tome 2
Autrices : Zoe Sugg et Amy McCulloch
Traduction de l’anglais (USA) : Christophe Rosson
Couverture : non créditée
Éditeur : La Martinière
Collection : Fiction J
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 411
Format (en cm) : 21,5 x 14,5 x 2,8
Dépôt légal : novembre 2021
ISBN : 9782732495742
Prix : 16,90 €



Nicolas Soffray
10 mars 2022


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