“Focus” de Gautier Langevin est un texte qui m’a totalement échappé, dans le sens où je n’ai jamais réussi à rentrer dedans, à comprendre ce que l’auteur voulait partager ici : une thérapie proposée à prix d’or pour les nantis. Un garçon y est conduit par sa mère pleine aux as et il rencontre la patronne du complexe. Je suis resté de marbre jusqu’au bout, oubliant aussi vite l’ensemble.
“Société” d’Alain Ducharme demande à être apprivoisé pour en comprendre le propos, car la forme est pour le moins étonnante, voire dérangeante à force titres, sous-titres, digressions... Pour autant le sujet se dégage assez vite avec cet enlèvement de la personnalité de l’amoureux de Joya, vivant davantage sur le plan virtuel que physique. C’est d’ailleurs ce qui vaudra au couple tous leurs ennuis. Le lecteur a droit à une avalanche de situations diverses, de stimuli visant à le déstabiliser, un procédé qui fonctionne très bien. Un texte étonnant mais plaisant.
“Point amphidromique” a été écrit à quatre mains. Ariane Gélinas et Loïc Henry nous convient à une rencontre, celle de deux personnes, de deux mondes. Chacun s’est sûrement chargé d’un des personnages qui ressentent l’appel de l’océan. L’imminence de l’équinoxe d’automne les pousse à s’y rendre. Des détails aiguisent fort justement la curiosité des lecteurs, avant qu’ils ne comprennent leur portée. Un très beau texte où les auteurs prennent le temps de nous amener jusqu’au point culminant.
Michel Lamontagne a fait court : une page pour “Rivière-morte”. Le problème avec ces miniatures, c’est que cela fonctionne ou pas. La sensibilité, les connaissances de chacun font pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. Moi, elle l’a fait dans le mauvais sens, n’ayant pas goûté ce qui ressemble à une allégorie du passage du temps.
En se concentrant, Zoé arrive à inverser le cours du temps, à le remonter jusqu’à une date butoir. Pourquoi ? Est-ce normal ? Elle s’interroge sur cette étonnante capacité, remettant en cause son existence. “L’Art de la création” de Frédéric Parrot mérite vraiment la lecture, car cette nouvelle est riche en idées et très bien menée.
“Les Carnets du Futurible” de ce trimestre s’intéressent aux tours de Babel modernes. Mario Tessier y définit ce qu’est un gratte-ciel, l’historique de ces mastodontes, leur avenir, leur empreinte dans la SF... au long d’une trentaine de pages qui font toujours aussi bonne impression.
Et il reste plus d’une trentaine de pages remplies de recensions. Claude Jannelle fait un focus sur Rodolphe Lasnes et son roman « Pinsonia (1500-2011) » paru chez Leméac à Montréal en 2018.
Un numéro consistant de « Solaris » avec une lauréate du Prix Joël-Champetier 2022 qui fait vraiment très forte impression. Un sommaire fourni et pour l’essentiel très stimulant.
Titre : Solaris
Numéro : 221
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Tomislav Tikulin
Illustrations intérieures : Sagana Squale et Suzanne Morel
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 221
Période : hiver 2022
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782924625750
Dimensions (en cm) : 13,2 x 21
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD
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