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Mauvais Coûts
Jacky Schwartzmann
Points, Policier, roman (France), roman noir, 208 pages, octobre 2017, 6,70€

Commercial dans une multinationale, Gaby Aspinall a un sale job : serrer la vis des fournisseurs pour toujours plus tirer leurs prix vers le bas, et les bénéfices de sa boîte vers le haut. A 40 ans, il se sent fatigué, fatigué de fantasmer sur sa jeune N+1 inacessible, fatigué par son père qui perd les pédales, par ses déplacements en province qui mêlent conversations gênantes, gueuletons très arrosés et étreintes bâclées et décevantes. Et là, tout est en train de lui revenir dans la tronche, alors que les Américains s’apprêtent à racheter la boîte, que les syndicats pinaillent, que son père meurt et qu’une fille lui tombe du ciel.



Avant « Demain c’est loin » et « Pension Complète », Jacky Schwartzmann publiait « Mauvais Coûts », solide galop d’essai dans le roman noir, portrait au vitriol de la France actuelle, des multinationales à la façade rutilante mais aux coulisses bien crades. Toute ressemblance avec la réalité, jusqu’aux noms (la boîte s’appelle Arema, les ricains American Electrics...), n’est probablement pas fortuite.

Niveau texte, ça crache, ça récure, c’est du venin, de la bile, de la rage : Gaby est au bout du bout, sur le fil entre la dépression et l’acceptation tranquille, selon sa dose de Gin-to ou de Get27 dans le sang. Au milieu de son quotidien de petites misères, il se souvient de son premier amour, de cet instant où tout aurait pu basculer pour le meilleur - peut-être - mais où la malédiction familiale s’est abattue sur lui aussi. Alors cette gamine qui lui tombe du ciel, c’est un peu de bleu au milieu du gris, et il veut y croire, et tant pis si l’ado n’est pas une enfant modèle - c’est génétique, de toute façon...

En 200 pages, Jacky Schwartzmann dézingue tout, n’a de pitié pour rien. Revenu de toutes les promesses, Gaby est en roue libre, déterminé à écraser le premier qui lui cherchera des poux. On ne peut que se ranger à son constat de l’état du monde, pas reluisant, et la course effrénée droit dans le mur que la société nous pousse à courir toujours plus vite. Désabusé, cynique, Gaby a encore quelques pointes d’espoir naïf, que les autres, ses collègues au premier rang, se chargent de moucher bien vite.
Tout cela va mal finir, au cours d’un dîner au Novotel avec Itsuko, sa N+1, et son collègue Bertin, pas le couteau le plus affûté du tiroir. Au passage d’un « fusil de Tchekov », on sent arriver la catastrophe et la pirouette finale, mais l’auteur, fidèle à son propos, parvient encore à en rajouter une couche.

Ses deux autres romans m’avaient déjà scotché, et je dois le dire : dès que j’ai eu « Mauvais coûts » entre les mains, je ne l’ai pas lâché. Entamé dès la sortie du travail, fini à l’extinction des feux. Un sourire goguenard aux lèvres.


Titre : Mauvais coûts
Auteur : Jacky Schwartzmann
Couverture : getty Images
Éditeur : Points
Collection : Policier
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 208
Format (en cm) : 18 x 11 x 1,5
Dépôt légal : octobre 2017
ISBN : 9782757863657
Prix : 6,70 €



Nicolas Soffray
31 janvier 2022


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