Chargée de couvrir la tragédie et le déroulement de l’enquête, Kathleen s’interroge sur le comportement suspect d’un individu ayant crié “Je donne ma vie pour le Vietnam” au moment où la fumée envahissait les rayons, ainsi que sur la conduite étrange de Tom, son amoureux rencontré quelques jours plus tôt à Paris où elle réalisait une interview de Mme Pompidou. L’incendie s’étant déclaré le jour de l’ouverture de la “semaine américaine” du magasin, les anti-impérialistes seraient-ils à l’origine du drame qui a coûté la vie à 251 personnes ? Quant à Tom, pourquoi Kathleen a-t-elle l’impression qu’il joue un double-jeu ?

Une nouvelle page de l’histoire de la Belgique

Chaque année depuis 2018, le scénariste Patrick Weber et le dessinateur Baudouin Deville donnent rendez-vous aux amateurs de “Ligne Claire” pour tourner en compagnie de leur héroïne, Kathleen Van Overstraeten, une page de l’histoire de la Belgique : l’exposition universelle de Bruxelles dans “Sourire 58”, la proclamation de l’indépendance du Congo Belge dans “Léopoldville 60”, ou encore la publication aux nez et à la barbe des nazis d’un faux numéro du quotidien “Le Soir” le 9 novembre 1943 dans “Bruxelles 43”.

Un thriller greffé sur des faits historiques

“Innovation 67” ne déroge pas à ce concept et greffe une intrigue de fiction sur la reconstitution en bande dessinée de la catastrophe qui a traumatisée le 22 mai 1967 le royaume de Belgique. Néanmoins, à la différence de “Bruxelles 43” ou de “Léopoldville 60” (je n’ai toujours pas eu l’opportunité de lire “Sourire 58”), le personnage de Kathleen n’est plus seulement un témoin ballotté par les événements. C’est une femme sexy et libérée qui voyage en mini-jupe et cuissarde et profite d’un passage à Paris pour se faire une virée nocturne avec une copine dans les caves de Saint-Germain des Prés. Et en même temps, une journaliste en butte au machisme de sa profession qui se retrouve confrontée à l’hypothèse d’avoir été bernée par son amant.

Un coup de projecteur sur un drame qui changea la Belgique

Coup de de projecteur, fort bien documenté et mis en scène, sur une époque et un chapitre tragique du passé belge, “Innovation 67” est complété, comme à l’accoutumé, d’un cahier de textes qui vient recadrer les éléments fictionnels du récit. Un nouvel album d’une série passionnante qui profite, comme ses deux prédécesseurs, d’une mise en couleurs experte de Bérengère Marquebreucq qui, décidément, excelle sur les jeux d’ombre et de lumière des cases en extérieur.

Et dans l’attente de savoir où et quand nous mènera le prochain album des aventures de Kathleen, je me mets en quête d’un exemplaire de “Sourire 58” afin de passer enfin à la question ses auteurs et sa metteuse en lumière.

Innovation 67
 Scénario  : Patrick Weber
 Dessin : Baudouin Deville
 Mise en lumière : Bérengère Marquebreucq
 Éditeur : Anspach
 Pagination : 64 pages couleurs
 Format : 24 x 32 cm
 Date de parution : 12 novembre 2021
 ISBN : 978-2931105054
 Prix public  : 14,50€

À lire également sur la Yozone :
 Léopoldville 60
 Bruxelles 43
 Berlin 61

 Bérangère Marquebreucq : l’interview Innovation 67

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Illustrations © Baudouin Deville / Éditions Anspach