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Noël 2021 à plus de dix euros
China Miéville, C.S. Lewis, Régis Jauffret, Xavier Boissel, Larry Correia, Ramon Gomes de la Serna, Roger Price et Christophe Napias
Quelques idées pour les fêtes de fin d’année

Une fois encore, nous proposons une petite sélection de Noël pour ceux qui, en ce temps difficiles, ont encore un peu plus de dix euros à donner à leur dealer favori. Une fois encore, nous ne nous focalisons pas sur ce qui vient d’arriver sur les tables des libraires et faisons des propositions pouvant sortir du cadre convenu des sorties récentes. Où l’on verra que quantité et qualité ne sont pas forcément antithétiques, et que la littérature, quand on regarde bien, reste un cadeau d’un rapport qualité/prix difficilement surpassable.



Un cadeau pour les amateurs de nouvelles fantastiques : « En quête de Jake et autres nouvelles » de China Miéville

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Dans le domaine des récits brefs pour les littératures de genre, ces dernières années, nous retenons « Expiration  » de Ted Chiang et les « Technofictions  » de Pierre Cassou-Noguès, dont nous avions parlé dans une précédente sélection de Noël, ainsi que le recueil de China Miéville, « En quête de Jake et autres nouvelles ». Dans ce dernier, à partir du fantastique le plus classique avec les topographies impossibles (“De certains évènements survenus à Londres”) jusqu’à la science-fiction mettant en scène un futur où les multinationales ont absolument tout « trademarqué », y compris les fêtes de Noël (“ De saison”), l’auteur décline une vaste palette tantôt poétique et tantôt horrifique, mais toujours riche et inventive. On lira une chronique complète en suivant ce lien

Un cadeau pour les amateurs d’auteurs classiques : La Tour noire de C.S. Lewis

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Pourquoi lire « La Tour noire » de C.S Lewis alors que pour briller en société il suffit d’avoir lu, ou d’être capable de faire croire que l’on a lu, les meilleurs tomes des « Chroniques de Narnia  » ? Pourquoi lire « La Tour Noire » de C.S. Lewis, ces vieux textes qui aux yeux de plus d’un sembleront remonter à Mathusalem ?
Parce que des textes brefs ou inachevés d’un auteur mort mais classique vaudront toujours mieux que des tri-, quadri-, penta-, hexa, -hepta et autres beaucoup-trop-logies jetables d’auteurs encore vivants mais déjà oubliés.Parce que cette « Tour noire » renferme en quantités soigneusement dosées du tragique, de l’humour du rêve, et bien d’autres choses.Parce que des nouvelles avec une certaine dose de sobriété à l’anglaise permettent de se reposer des excès, clichés, surenchères et facilités de bien des fictions contemporaines.Parce que c’est un livre qu’on ne trouve pas sur toutes les tables de libraires et qu’il y a peu de chances que la personne à qui vous l’offrirez l’ait déjà.
Parce que la personne à qui vous l’offrirez pourra se vanter d’avoir lu du C.S-Lewis-que-personne-ou-presque-n’a-encore-lu. Et parce que si elle n’est pas du genre à se complaire dans la vantardise, un peu d’érudition pour l’érudition n’a jamais fait de mal à personne.
Parce que c’est la classe et puis c’est tout.
(Mais ceux qui souhaitent en savoir plus peuvent quand même lire la chronique en suivant ce lien.

Un cadeau pour les amateurs de textes courts et de littérature des marges : les « Microfictions » tomes I et II de Régis Jauffret.

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Est-il possible d’avoir vraiment en même temps la qualité et la quantité ? De tels termes ne sont pas toujours antithétiques, surtout avec un auteur comme Régis Jauffret qui de toute évidence ne ménage pas ses efforts et continue à creuser un sillon dont bien des éditeurs et des écrivains se sont depuis longtemps détournés. Un Régis Jauffret qui s’acharne et persiste avec un bonheur certain et sans cesse renouvelé dans le registre du conte bref, percutant, calibré à tout juste deux pages. Le tout sans jamais s’essouffler semble-t-il, avec une constance qui laisse pantois. Qu’on en juge : deux énormes volumes de cinq cents textes chacun, des textes qui composent une véritable comédie humaine en mille vignettes, une comédie humaine dans laquelle on trouvera des fables prosaïques, fantastiques, stupéfiantes, cruelles, cyniques, provocantes, poétiques, scabreuses, troubles, élégantes, touchantes, des fables mettant en scène une galerie de personnages et de narrateurs souvent atypiques mais si proches de nous-mêmes, souvent touchés par une folie qui est celle qui chaque jour nous effleure. Les amateurs de littérature aussi bien que ceux de littérature blanche devraient trouver leur bonheur dans ces récits souvent délicieusement « borderline » qui oscillent perpétuellement sur une frontière caractérisée par mille interstices, une frontière qui unit les genres plus qu’elle ne les sépare. On se gardera toutefois d’en lire trop à la suite : comme pour les chocolats de Noël accumulés dans des boîtes trop copieuses, on les consommera avec modération, et l’on fera durer le plaisir. Avec ces mille récits, le lecteur aura de quoi tenir d’un bout à l’autre de l’année. Et mille récits et plus de deux mille pages pour vingt-cinq euros et vingt centimes, cela fait à peine plus de deux centimes et demie le récit, c’est donné.

Titre : Microfictions I et II
Série : Microfictions
Auteur : Régis Jauffret
Couverture :Julie Guiches / Picturetank (tome I) Plainpicture / Goto Foto / Françoise Hillemand (tome II)
Éditeur : Folio (édition originale : Gallimard, 2007, 2018)
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéros : 4719 et 6672
Pages : 1024 et 1150
Format (en cm) : 10,5 x 18
Dépôt légal : mars 2008 et juillet 2019
ISBN : 9782070355686 et 9782072832222
Prix : 12,30 et 12,90 €

Un cadeau pour les amateurs de trilogies, de steampunk, et d’aventures échevelées : « Les chroniques du Grimnoir » par Larry Correia.

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Les éditions l’Atalante ont eu l’excellente idée de republier au format poche les trois forts volumes des « Chroniques du Grimnoir  », à savoir « Magie brute », « Malédiction  » et « Foudre de guerre ». À mille lieues des trilogies insipides basées sur le principe introduction-transition-déception, ces « Chroniques du Grimnoir », très denses et jamais dépourvues d’intelligence, descendent en droite ligne de la meilleure littérature populaire. Flamboyantes, profuses, bourrées de rebondissements et d’action, mais n’oubliant jamais d’être très humaines et ne négligeant pas les arrière-plans politiques, ces chroniques se déroulent aux États-Unis dans des années trente parallèles. Parallèles, car, dans l’univers imaginé par Larry Correia, certains pouvoirs magiques, limités à un nombre restreint de personnes, ont commencé à apparaître dans les années 1850. Une confrérie secrète d’ « actifs » empêche ainsi le monde de sombrer sur de bien mauvaises pentes, et commence par sauver l’Amérique d’elle-même en même temps que de visées militaires japonaises. Des combats, des trahisons, des enquêtes, des affrontements en dirigeables ? Tout cela comme s’il en pleuvait, et bien plus encore. Plus de mille cinq cents pages de littérature généreuse pour tout juste trente euros, avec en prime des personnages attachants et une bonne dose d’humour, c’est tout simplement donné.

Un cadeau pour les amateurs d’essais atypiques : « Capsules de temps, vers une archéologie du futur » de Xavier Boissel

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Les éditions Inculte, que nous avions déjà fortement recommandées dans une précédente sélection de Noël avec « Mojave épiphanie » d’Ewen Chardronnet, proposent avec « Capsules de temps » un passionnant petit essai de Xavier Boissel. Les « capsules de temps », ce sont des contenants divers et variés grâce auxquels l’on expédie dans le futur, sans machine temporelle mais en les plaçant en des lieux jugés adéquats, des œuvres, des messages, des objets destinés aux générations futures. Avec des titres de chapitres tels “ Atomic Punk ”, “ La Forêt de cristal ”, “ Zoodystopie ”, “ Bombes du temps ”, “ Témoin du futur”, la filiation avec la littérature de genre et les thématiques d’anticipation est on ne peut plus évidente. Bref mais riche, cet ouvrage recense les différents types de capsules temporelles, pour certaines déjà ouvertes et ayant fait leur œuvre, pour d’autres encore en transit vers le futur, en rappelant que le procédé n’a rien de récent et qu’il en reste plus d’une à découvrir. En faisant maints détours passionnants par des sujets explicitement ou subtilement corrélés comme par l’art contemporain (Ant Farm, Daniel Spoerri et beaucoup d’autres), le stockage des déchets nucléaires, les feuillets retrouvés des prisonniers d’un camp de concentration, en faisant des parallèles intéressants avec de grands voyageurs temporels comme les forêts d’arbres silicifiés, Xavier Boissel attire l’attention sur ce qui passe et qui perdure, sur ce qui sombre et pourtant garde sens. En cent cinquante pages faciles à lire, un petit essai passionnant et qui donne à réfléchir.

Titre : Capsules de temps, vers une archéologie du futur
Auteur : Xavier Boissel
Couverture : Pépin
Éditeur : Inculte
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 153
Format (en cm) : 14 x 19
Dépôt légal : novembre 2018
ISBN : 9791095086963
Prix : 16,90 €

Un cadeau pour les amateurs de littérature blanche : « Automoribundia » de Ramon Gomez de la Serna

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Il fallait, aux éditions de La Table Ronde, oser publier cette énorme somme autobiographique, monumental volume de plus de mille pages –mille trente-cinq pages très exactement pour couvrir six décennies, de 1888 à 1948 – écrites par un auteur espagnol majeur pendant son exil en Argentine. Un auteur oscillant perpétuellement entre le sérieux compassé, l’humour britannique et la fantaisie débridée, qui, le 15 septembre 1927, en découvrant dans un quotidien l’annonce de sa propre mort, se demanda sans rire s’il devait porter ou non le deuil. Un auteur dont, en février 1928, le portrait chirologique fut publié dans un autre journal, permettant aux lecteurs les plus avisés de voir que sa ligne de vie ne s’interrompait pas aussi brutalement que l’on aurait pu le croire. Du détail original et de l’humour à froid, on en trouvera à foison chez cet auteur qui plus qu’aucun autre eut le goût de la formule – il est considéré comme l’inventeur de la « gregueria », entre sentence amusante et aphorisme inattendu – de l’humour tour à tour noir, poétique, grinçant, ravageur, dévastateur, doucereux ou surréaliste. On y trouve bien des conseils avisés (ainsi est-il recommandé, dans le magnifique chapitre consacré au tabac, de “tenir sa pipe dans sa main avec la nonchalance du suicidé indolent qui tient encore le pistolet avec lequel il s’est tiré une balle dans la tempe”), des personnages décrits en fonction des guerres et des tensions historiques (“des comtesses dont on lave le dos avec des réactifs pour vérifier qu’elles ne portent pas de messages écrits à l’encre sympathique“, un étranger qui “ne sait pas boire la lumière des verres vides qu’on nous sert à côté du café venimeux”) dans un monde devenu un gigantesque guet-apens et “peuplé d’étrangleurs aux visages effrayants et aux mains d’araignées”, une théorie des antibiotiques joyeusement délirante (“En attendant, il faut se pourvoir de réserves d’antimicrobiens qu’on trouvera, bien sûr, dans les boîtes de sardines, dans les cinématographes – remplis de convalescents spontanés – , entre les pages des livres anciens et surtout dans les salles de ventes”), une vision ravageuse de la médecine (et des malades et même des défunts qui “au moins ne tomberont plus malades et pourront s’occuper à se promener sur la bicyclette de leurs os, étant cyclistes d’eux-mêmes”). Tout n’est pas drôle ou poétique dans ce volume qui apparaît comme un grand carrousel de choses vues, entendues et relatées à travers des époques historiques particulièrement troubles, comme une grande malle aux trésors où l’on trouve pêle-mêle anecdotes personnelles, faits divers sinistres, scénettes hilarantes, commentaires sur l’état du monde ou réflexions sur la littérature. Une sorte d’immense journal désenchanté que l’auteur ré-enchante de fulgurances qu’il faut aller cueillir ici et là, un volume un peu fou dans lequel on s’aventure sans jamais savoir ce qu’on va y trouver. Mais on reviendra rarement bredouille de ces raids successifs au hasard des pages, à la rencontre d’un auteur dont les interlocuteurs devaient parfois se demander s’il était un fou intégral ou un pince-sans-rire absolu. Tour à tour burlesque, sensible, désabusé, passionné, Ramon Gomez de la Serna, qui faisait des bilans personnels en “unités de déconvenues”, ne devrait lui-même – bien au contraire – pas décevoir beaucoup de lecteurs.
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Titre : Automoribundia (Automoribundia , 1948)
Auteur : Ramon Gomez de la Serna
Traduction de l’espagnol : Catherine Vasseur et Delphine Valentin
Éditeur : La Table Ronde
Collection : Quai Voltaire
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 1035
Format (en cm) : 13,5 x 22
Dépôt légal : octobre 2020
ISBN : 9782710381976
Prix : 34 €

Un cadeau pour les fêtes et pour ceux qui sont las de la lecture : « Un Mexicain sur son vélo et 119 autres droodles de Roger Price ».

Enfin, et toujours chez La Table Ronde, comme en miroir inversé du fort copieux volume de de la Serna, n’oublions pas les livres minimalistes façon « nouvelle cuisine » pour les fêtes. Du fin, de l’émincé, du dégraissé mais du bon, et une belle idée de rééditer ce « Mexicain sur son vélo et 119 autres droodles de Roger Price  ». Inventés au début des années cinquante, les droodles (de drawing pour dessin, doodle pour gribouillage, et riddle pour énigme) sont des dessins eux-mêmes minimalistes dont le sens s’éclaire subitement en quelques mots. Succès et éclats de rire garantis pour les réveillons en famille où les plus obstinés pourront être conduits à s’arracher longuement les cheveux en attendant le « ha ha ! », nom donné par les mathématiciens à cet éclair d’illumination où la solution apparaît d’un coup en pleine lumière. Gageons que bien des hypothèses seront aussi drôles que les solutions proposées, parfois surréalistes, parfois alambiquées, souvent ingénieuses, toujours surprenantes, qu’il faudra bien se garder de consulter avant de s’être suffisamment torturé les méninges – et de s’être longuement amusé. Cent vingt droodles pour douze euros et quatre-vingt-dix cents, cela fait à peine plus de dix centimes le droodle. Aucun doute, c’est donné.

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Titre : Un Mexicain sur son vélo
Auteur : Jean Christophe Napias et Roger Price
Couverture : Roger Price
Éditeur : La Table Ronde
Collection :
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 164
Format (en cm) : 15 x 16
Dépôt légal : septembre 2015, réimpression juillet 2021
ISBN : 9782710377214
Prix : 12,90 €

Noël à plus de dix euros sur la Yozone :

Noël 2019 à plus de dix euros
Noël 2018 à plus de dix euros
Noël 2017 à plus de dix euros


Hilaire Alrune
13 décembre 2021


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