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De Ira
Stéphane Hirlemann
Delcourt

« De Ira » : de la colère. De la colère qui sourd en nous, lentement, patiemment. De la colère qui explose, qui jaillit, qui déborde et surgit avec fracas sur le monde. De la colère qui meut, enfin, qui guide vers un ailleurs, inconnu mais forcément meilleur que ce que l’on vit actuellement, meilleur que ce qui l’a provoquée, cette colère.



La colère d’hommes et de femmes, d’une femme en particulier, qui voudrait « tordre le monde, l’étirer, le remodeler, mélanger les jours de la semaine, éviter l’inévitable ». La colère de l’utopie, de ce qui n’est pas encore arrivé et non de ce qui n’arrivera jamais. La colère comme moteur, pour faire advenir ce qui n’est pas prévu, ce qui est impensable, impossible, utopique.

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La colère parcourt chaque page, chaque case, chaque trace d’encre de « De Ira ». Elle suinte, elle transpire de cet album, présente à chaque instant, derrière chaque trait, chaque ombre et chaque rayon de lumière. Parfois lointaine, parfois destructrice, elle vous prendra comme elle a pris Caro, Pêche et Rix, comme elle a pris les fous, les sages et tous les personnages de ce récit, à l’exception peut-être d’un vieil homme qui, pensant avoir tout perdu, perdra encore. Étrange comme la colère ne touche pas ceux qui la méritent mais ceux qui ne l’embrassent pas.

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Dans un monde qui s’effondre, la noirceur des rues, des bâtiments, des hommes tranche avec la pureté des éléments, de la pluie qui laisse place à la neige, des hommes aussi. Le blanc et le noir, le noir et le blanc. Décors et personnages, animaux et humains passent de l’ombre à la lumière selon la force et l’intensité de cette colère qui grandit en tous et en chacun, insatiable, imperturbable.

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Sur la splendide couverture de l’album, au milieu d’une meute de loups enserrée entre un pont en ruine et deux immeubles délabrés, un personnage nous fixe, imperturbable lui aussi, coiffé d’une tête d’ours et d’un masque énigmatique. Les lourds flocons se déposent sur le linceul de neige tapissant le sol. Le regard du masque ne vous quitte pas alors que le vent froid souffle sur les loups et la coiffe d’ours, métaphore d’une volonté sourde et implacable au beau milieu du déchaînement des éléments. Comme un prélude à l’album, où la colère monte lentement, et touche implacablement toutes et tous alors que le tourbillon des évènements ne s’arrête, comme le blizzard, qu’à de brefs moments.

Un album puissant, fort, somptueusement mis en images, au scénario savamment construit par Hirlemann, un jeune auteur dont je vous fais le pari qu’on reparlera. Un grand bravo.


De Ira
- Scénario, dessin et couleurs  : Stéphane Hirlemann
- Éditeur : Delcourt
- Pagination : 144 pages couleurs
- Format : 22,8 x 29,9 cm
- Date de parution : 13 octobre 2021
- ISBN : 9782413028239
- Prix public : 21,90€


Illustrations © Stéphane Hirlemann et Éditions Delcourt (2021)



Yvain Mahé
13 novembre 2021




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