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Terraforming Mars
créé par Jacob Fryxelius, illustré par Isaac Fryxelius
Fryxgames & Intrafin, 2017

C’est être bien en-dessous de la vérité de dire que nous voulions y jouer. Difficile de se le procurer il y a quelques mois, les spéculations les plus folles sur ce jeu étaient légion, les occasions étaient rares et vendues au prix du titane. Nous l’attendions donc le pied ferme et lesté, nous demandant ce que ce jeu avait de plus que les autres. Pourquoi tant de « hype » ? Son aura galactique aiguisait notre curiosité autant que notre envie d’y jouer. Le fait qu’il soit inspiré de la célébrissime trilogie de Kim Stanley Robinson ne manquait pas non plus d’affuter notre appétence de bibliophiles versus plateau.
Bref, c’est peu dire que nous étions prêts à terraformer !



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Toutefois, à l’ouverture de la célèbre boîte aux teintes orangées, façon biscuits « chamonix » à la pulpe d’orange des eighties, la découverte fut en demi-teinte.
Si certaines boîtes de jeu sont pléthoriques en matériel, thermoformées à merveille, conçues avec un souci du détail, du fonctionnel, dont l’ouverture est déjà un voyage - comme un Lacerda - là, déception. Clairement, nous étions loin du compte.

Loin du prolixe lusitanien, la boîte possède l’austérité de la RDA. Un joli plateau certes, des cubes de couleur, mais point trop n’en faut. Certains paraissaient métalliques à première vue, mais en s’approchant plus avant, se révélaient n’être que des cubes plastiques peints à l’autre bout du monde avec de la peinture de qualité médiocre.
Cubes assortis de 170 cartes dont la plupart sont d’une laideur étonnante, qui flirtent avec l’art conceptuel. Les éditeurs demandent de terraformer Mars, mais n’ont pas jugé utile d’améliorer le jeu en y glissant non quelques fantaisies mais un peu de matériel qualitatif. Car, tout de même, les mauvaises découvertes s’enchaînent : chaque joueur possède un plateau individuel en papier couché, même pas en modeste « cartonnette ». Et les explications de la règle ne sont pas toujours très claires.

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Bref ! Comme de toute façon, nous voulions tenter l’aventure et que nous nous sentions déjà engagés dans cette mission martienne, nous nous sommes farcis quelques heures de vidéo sur le jeu (merci Yahndrev, Chaps et les autres pour avoir été sans le savoir de précieux compagnons pour nos futures aventures galactiques.).
Force est de constater qu’en dépit de tous ces points négatifs sur le matériel, et du prix prohibitif de la boîte au regard de l’absence du matériel fourni (oui, oui, me direz-vous on achète un concept ! Une expérience de jeu… bla bla bla), franchement notre première déconvenue passée, l’excellente surprise fut au rendez-vous. Et après les affreuses critiques assénées plus haut, voici le moment dithyrambique.

« Terraforming Mars » est un jeu d’une grande finesse, d’une intense force immersive, qui offre une multitude de possibilités, de choix tactiques, de stratégies combinatoires complexes. Quand vous réussissez à piloter votre partie après quelques tâtonnements et essais modestes, c’est un régal galactique !

Vous devez choisir deux actions parmi les 7 que vous avez la possibilité d’exécuter à chaque tour de jeu. Il vous faut veiller à métisser vos combinatoires de terraformation, à faire monter le pourcentage d’oxygène et à élever la température de la planète, gérer les océans et vos ressources.
C’est un jeu, vous l’aurez compris, de gestion de ressources et de mécanique de planification. Alors qu’elles soient en monnaie sonnante et trébuchante de millions d’euros (oui sur Mars, on parle en millions d’euros), en titane, acier, forêts et plantes, énergie, et chaleur, vous devrez en bon colon de l’espace, veiller à la prospérité libérale de la planète nouvellement colonisée. Sur terre comme dans l’espace, il est des constantes pour le moins… contestables. Mais faisons fi de ces réflexions désabusées.

« Terraforming Mars » est un jeu tellement prenant que les 3 heures nécessaires à la partie filent sans jamais d’ennui. Les combinatoires s’enchaînent, les combos stratégiques s’affinent. Dès que les points de règles litigieux sont résolus, tout est malin, clair et limpide comme l’eau de ganymède.

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Vous possédez une corporation de départ et quelques millions d’euros à votre disposition. Ne rêvez pas, sur Mars aussi l’argent file entre les doigts et l’argent est précieux. Vous piocherez des cartes, et si vous souhaitez les conserver il faudra les payer, puis financer les actions de vos cartes. Si vous avez été un peu dispendieux et que le choix de votre carte n’est pas aussi judicieux que vous l’aviez imaginé quelques tours précédents, vous pourrez la revendre. Vous dilapiderez un peu, certes, mais vous aurez l’esprit plus léger.

À chaque tour de pioche, des dilemmes délicats s’offriront à vous.
Vous venez de piocher une carte intéressante, mais il faut un certain pourcentage d’oxygène pour la financer et la poser, et à ce stade du jeu il est encore lointain. Est-ce pertinent de la conserver ?
Vous orientez votre stratégie sur les plantes, mais à cette température glaciale, il faudra développer l’énergie pour faire monter le thermomètre. Sinon pas le moindre lichen ne percera la croûte martienne.
Cette carte que vous venez de piocher n’est pas chère mais est-elle vraiment utile à ce moment de jeu ? Que jouer ? S’orienter vers la corpo de départ exclusivement, tenter d’autres stratégies si les cartes affiliées à la corpo sont longues à venir ?
Voilà ce vous propose cette terraformation. Planifier, s’adapter, être capable de conjuguer ses tactiques, s’autoriser à les modifier.

Dans ces chroniques martiennes vous découvrirez au fil des actions des centaines de possibilités. Ce jeu permet d’apprendre une foultitude de choses sur la vie sur une planète, l’eau, l’oxygène, la température, les microbes sans jamais avoir l’outrecuidance de se targuer de pédagogie.

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« Terraforming Mars » est génial dans son inventivité, son immersivité. Il mérite sa place au panthéon des grands jeux. C’est vraiment une expérience forte, une plongée cosmique.
Les trois heures nécessaires au jeu filent sans que le temps soit un problème. Il est vrai que sur Mars, les générations se succèdent dans un espace- temps différent. Les joueurs sont plongés à chaque tour de jeu dans des choix drastiques, techniques, financiers et logistiques. Vous devez préparer votre esprit sur une planification à court, moyen et long terme. Vous devez aussi être capable de modifier votre stratégie de jeu si les planètes ne s’alignaient pas et que les cieux n’étaient pas cléments.

Ce jeu tient toutes ses promesses et le jouer avec des tuiles en 3 D, du matériel upgradé, des inserts, des overlays et tout ce que le monde ludique peut apporter aujourd’hui aux pauvres ludistes que nous sommes doit offrir sans nul doute une valeur ajoutée à l’expérience de jeu.
Mais soyons clair, le jeu se suffit à lui-même. Il est autant sidéral que sidérant.

N’hésitez pas à vous replonger dans les grands auteurs de SF pour finir vos soirées martiennes, un Stanley Robinson, un Bradbury, un Asimov et même un Damasio prolongeront l’expérience ludique et la sublimeront.
C’est un jeu exigeant mais un indispensable !
Foncez chez votre ludicaire préféré, et n’hésitez pas à ajouter les extensions « Prelude » et « Hellas & Elysium » ; la première permettant d’accélérer le début de partie, la seconde offrant un nouveau plateau.
Et en parlant d’améliorations, la Big Box et ses tuiles en 3D arrive à grands pas...


Terraforming Mars
Type : cartes, combinaisons, tuiles, engine building, draft
Âge : 12 et +
Nombre de joueurs : 1 à 5
Durée d’une partie : 1 à 2h
Auteur(s) : Jacob Fryxelius
Illustrateur(s) : Isaac Fryxelius
Éditeur : Fryxgames & Intrafin
Format de la boite (en cm)  : 29,7 x 29,7 x 7
Date de sortie : 2017
Prix public conseillé : 60€

Contenu de la boite :
- 1 livret de règles
- 1 plateau de jeu 5 plateaux individuels
- 17 cartes corporation
- 208 cartes projet
- 8 cartes de référence
- 200 marqueurs joueurs (cubes transparents de 5 couleurs)
- 200 marqueurs ressource (cubes opaques couleur or, argent et cuivre, de tailles différentes)
- 3 marqueurs du plateau (Gros cubes blancs)
- 9 tuiles océans
- 60 tuiles verdure/cité
- 11 tuiles spéciales
- 1 marqueur premier joueur


Illustrations © Isaac Fryxelius & Fryxgames & Intrafin


Michael Espinosa
Christelle Espinosa
18 octobre 2021



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