Quel discret étrange et talent !
Mais revenons donc au talent de Célestin, le discret, le charmant, l’invisible Célestin qui sait se fondre en ce lieu où le crime est roi, L’Auberge de la Pieuvre !.
Lui voit les humains tels qu’ils sont réellement, une galerie de monstres à laquelle il s’est habituée. Personne ne sait qu’il voit derrière chacun la réalité malsaine qui se cache, ni que son don lui permet de saisir, dès le premier regard la réalité de l’âme.

Il navigue, au gré des jeux de pouvoirs et de domination qui constituent ce quatuor qu’est la Pieuvre, entre l’œil, l’ouïe, l’oreille et le plus secret et fascinant, la bouche. Lui, il ne peut lire en ses yeux ... indéniablement, c’est le boss. À chaque future naissance, le cœur de Vendrezanne gonfle et devient cette chose, ce feu inarrêtable qui tue toute descendance masculine proches du domicile de l’œil. il a déjà perdu deux nouveaux nés, ses précautions sont immenses alors qu’un nouvel enfant s’annonce.
Entre ce mystère fantastique qui occupe les esprits de la Pieuvre, cette malédiction qui touche tous les enfants mâles de celui qu’on nomme l’œil et avec l’exécution de gamins voleurs des égouts, Daumale ou Mimiche-doigts-de-fée, ces membres des Asticots qui en ont trop vu, le cœur pur de Célestin devra affronter le mal absolu.
Le Cabaret Monstrueux
Célestin, et son don de discerneur, en saura beaucoup trop, se mêlera de justice selon ses idéaux, sera à deux doigts de se faire exécuter par Pilon dans l’arrière-cour de l’auberge mais verra son humanité sauvée par ce cœur d’enfant, ce cauchemar de feu et de mort qui n’a pu vivre car il était féminin.

Gess poursuit avec un immense don de conteur cette balade parisienne autour des méfaits de la Pieuvre. On crée, on change, on gouaille, on égorge et on trucide aux ordres des quatre. L’esprit criminel est roi mais le « talent » fait tout le sel de ce Paris décalé sondé par l’esprit d’un enfant, d’un juste pétri d’humanité. Mais le chemin des justes est aussi ardu que dangereux, surtout en L’Auberge de la Pieuvre où Gess tire des cordes sensibles sans oublier qu’elles ne font pas loi.
Prenant, par la qualité d’une écriture mise au service d’un talent graphique qui pousse les portes du temps, du passé, du souvenir, de l’imagination, “Célestin et le cœur de Vendrezanne” est touchant autant que cruel.
Ce récit sombre, cruel et fantastique est remarquable.
Célestin et le cœur de Vendrezanne
Série : Un récit des Contes de la Pieuvre
Scénario : Gess
Dessin : Gess
Couleurs : Gess
Éditeur : Delcourt
Pagination : 208 pages couleurs
Format : 19,8 x 26,3 cm
Date de parution : 7 avril 2021
Numéro ISBN : 9782369810698
Prix public : 25,50 €
À lire sur la Yozone :
Malédiction de Gustave Babel
Un Destin de Trouveur
Illustrations © Gess et Éditions Delcourt (2021)