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A Scanner Darkly
Film américain de Richard Linklater (2006)
13 septembre 2006


Genre : SF hallucinogène
Durée : 1h40

Avec Keanu Reeves (Bob Arctor), Robert Downey Jr. (James Barris), Mitch Baker (Brown Bear Lodge Host), Woody Harrelson (Ernie Luckman), Rory Cochrane (Charles Freck), Winona Ryder (Donna)

En mars dernier, Christian Volckman subjuguait les cinéphiles de la YOZONE avec un polar animé d’inspiration « dickienne » situé dans un Paris futuriste en noir et blanc. Six mois plus tard, juste le temps d’un printemps et d’un été où remakes (« Fog »,« Poseidon », « Terreur sur la ligne ») et blockbusters mous du genou ou ratés (« Superman Returns », « Pirates des caraïbes 2 ») étaient surclassés par des survival-horrors de premier plan (« La colline a des yeux », « The Devil’s Reject », « Wolf Creek »), Richard Linklater contre-attaque sur le front du roman graphique animé pour adulte avec l’adaptation de l’un des romans les plus personnels de l’incontournable auteur de « Blade Runner », « Total Recall », « Minority Report », « Planète Hurlante », « Paycheck », « Impostor » ou encore « Confession d’un barjo ».

« A Scanner Darkly », édité chez nous sous le titre « Substance Mort », est un récit cathartique, quasi autobiographique, dans lequel Philip Kindred Dick, toxicomane paranoïaque notoire, transpose ses expériences personnelles dans un monde futuriste (mais pas trop) en pleine déliquescence.

En 2013, l’invasion d’une nouvelle drogue, « Substance Mort », a amené les autorités à complètement repenser ses méthodes d’investigations. A tel point que l’identité des agents des narcotiques n’est plus connue de leurs patrons. Infiltrés dans le milieu où souvent ils s’adonnent aussi aux paradis artificiels, ces flics d’un genre nouveau enfilent un complet brouillé (une sorte de combinaison holographique à physionomie aléatoire qui modifie également la voix afin d’éviter toutes possibilités d’indentification) quand ils agissent officiellement en tant que policiers. Parmi eux, Bob Archor (Keanu Reeves) se métamorphose en l’agent Fred lorsqu’il va au bureau ou qu’il doit diriger un interrogatoire, une perquisition ou une arrestation. Infiltré dans une banlieue d’Orange County en Californie (le lieu de résidence de Philip K.Dick jusqu’à sa mort), Bob est en charge de la surveillance de son voisinage et, par voie de conséquence, de ses propres amis et colocataires. Jusqu’au jour où son patron lui donne l’ordre d’enquêter sur Bob Archor. Obligé de s’espionner lui-même, le jeune flic entame une inexorable descente dans l’absurde et la paranoïa où loyautés et identités sont désormais indéchiffrables.

Fer de lance du cinéma indépendant américain (« Génération Rebelle », « Before Sunset », « Before Sunrise », « SubUrbia », « Fast Food Nation »), Richard Linklater s’était déjà livré, en 2001, avec son pote Tommy Pallota, à une première expérience dans le domaine de l’animation infographique, ou plus précisément dans celui de l’habillage de prises de vue en images réelles via la palette graphique. Véritable OVNI au sens strict (Objet Visuel Non Identifié), « Waking Life » a convaincu les deux hommes du bien fondé et de la viabilité de leur procédé qui se sont mis en tête de racheter les droits de « A Scanner Darkly » aux deux filles du père de la SF moderne.

Nantis de leur savoir-faire, de leur admiration pour l’œuvre de Dick et d’un script en béton armé, ils rallient à leur cause les ayants droits du roman et réunissent, avec l’aval de Steven Soderbergh et George Clooney (les producteurs exécutifs), un casting d’enfer (Keanu Reeves, Winona Ryder, Woody Harrelson, Robert Downey Jr. et Rory Cochrane) pour un tournage « live », loin des sirènes d’Hollywood, dans le fief de Richard Linklater, à Austin au Texas. Cette fois, pas de cité futuriste aseptisée peuplée de gadgets de l’ère post-cyber mais une transposition assez fidèle de l’univers post-soixante-huitard décrit par Dick dans son livre. Tourné et monté comme un film traditionnel, « A Scanner Darkly » a ensuite été transféré via Quicktime à l’équipe d’animation pour qu’elle superpose aux images réelles une « couche » pop-art psychédélique. Un véritable travail de création de 15 mois durant lesquels les animateurs ont peint directement sur les images en vidéo numérique par le biais d’un procédé rotoscopique leur évitant d’avoir à dessiner chaque ligne ou composant visuel du film d’origine. Une technique qui mobilise néanmoins 500 heures de 30 artistes pour aboutir à une minute de projection mais permet au réalisateur de déployer toutes les ressources de son imagination.

Le résultat est tout simplement époustouflant. Un roman graphique halluciné, à la fois drôle et tragique, un cauchemar éveillé dont l’approche hybride (le mélange d’images réelles et de bidouillages infographiques) provoque d’elle-même un enchevêtrement de réalités énigmatiques et bouille, tel les écrits de Dick, les parts du réel et celle de l’illusion.

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Richard Linklater
Scénario : Richard Linklater d’après le roman de Philip K. Dick

Producteurs : Tommy Pallotta, Jonah Smith, Erwin Stoff, Anne Walker-McBay, Palmer West
Coproducteur : Erin Ferguson
Producteur associé : Sara Greene
Producteurs exécutifs : George Clooney, John Sloss, Steven Soderbergh

Musique originale : Graham Reynolds
Image : Shane F. Kelly
Montage : Sandra Adair
Distribution des rôles : Denise Chamian, Beth Sepko
Création des décors : Bruce Curtis
Décorateur de plateau : Joaquin A. Morin
Création des costumes : Kari Perkins
Maquillage : Darylin Nagy .... makeup department head
Son : Justin Hennard
Effets spéciaux : Steve Krieger, Randy E. Moore, Bob Sabiston
Effets visuels : Richard Gordoa, Randy Cole

Production : Warner Independent Pictures, Thousand Words, 3 Art Entertainment, 3 Arts Entertainment, Detour Filmproduction, Section Eight Ltd.
Distribution : Warner Bros. (2006)

Relation presse : Carole Chomand assisté de Sabri Ammar pour Warner Bros. France

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  • La bande annonce
  • Diaporama du film
  • Dick en 5 dates
  • Dick en 5 livres
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    INTERNET

    Le site officiel : www.scannerdarkly-lefilm.com


  • Bruno Paul
    11 septembre 2006



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