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Bifrost n°103
La revue des mondes imaginaires
Revue, n°103, nouvelles - articles - entretiens - critiques, juillet 2021, 192 pages, 11,90€

Le dossier de ce numéro est consacré à une personne discrète, qui dispose pourtant de nombreuses cordes à son arc : auteure, éditrice, anthologiste, traductrice et révélatrice de talents hors pair. Vous avez trouvé ? Il s’agit de Sylvie Denis, plus connue pour ses nouvelles que ses romans qui sont plutôt égratignés dans le volet critique abordant son œuvre.
Elle se livre dans un long entretien accordé à Richard Comballot, un orfèvre pour faire parler ses interlocuteurs, ce qui permet de découvrir la carrière de Sylvie Denis et de mieux comprendre tout ce que l’amateur de SF lui doit. En effet, avec Francis Valéry, elle est à l’origine de la revue « Cyberdreams » dans les années 1990, s’alimentant en grande partie dans « Interzone ». C’est ainsi que des auteurs tels Greg Egan, Kim Newman, Ian R. MacLeod, Stephen Baxter, Eric Brown... ont été révélés en France.
Toutefois, ce serait un tort de résumer la carrière de Sylvie Denis à cette incontestable réussite, lisez son recueil « Jardins virtuels » pour vous convaincre de son talent d’auteure.



La nouvelle “Contaminations”, déjà parue dans « Dimension Technosciences @ venir » nous ouvre une fenêtre sur une trentaine d’années dans l’avenir où des irréductibles vivent encore dans la campagne refusant un progrès, entre autres, source de tous nos maux. Un texte bien dans l’air du temps, donnant une vision réaliste de notre futur. Une fois achevé reste le regret de ne pas lire plus souvent de publications de Sylvie Denis, hélas trop rares. En effet, c’est bien écrit et intelligent, un plaisir à lire.

Quatre autres nouvelles l’accompagnent.
La construction de “57 raisons qui expliquent les suicides de la carrière d’ardoise” s’avère déroutante avec cette liste de 57 points prenant sens au fil de la lecture pour livrer une vraie histoire. Au final, Sam J. Miller réussit à être original et enthousiasmant ; alors que la narration est saccadée.

Olivier Caruso n’en est pas à sa première apparition dans « Bifrost », son imagination débordante, servie par une plume nerveuse, a déjà fait ses preuves, et consécration, il publiera en août 2021 dans la collection Une Heure-Lumière. Pour autant, “Chacal” ne m’a pas entièrement convaincu, alors qu’il y a du bon dedans avec cet avenir exploitant les morts, les transformant en main-d’œuvre corvéable à merci. Il y a moyen d’échapper à ce triste sort, mais ce n’est pas donné !
Il reste des zones d’ombres, des interrogations demeurent, car l’auteur se concentre sur quelques personnages sans exploiter plus avant le contexte qui n’apparaît que petit à petit et pas forcément dans sa globalité. Malgré tout, il appartient sans coup férir à la catégorie des noms à suivre.

La hard SF de Peter Watts n’est pas toujours facile à suivre, il ne faut surtout pas le lire en piquant du nez sous peine de ne rien comprendre, comme dans le présent “Test d’écho”. Méduse, une sorte de sonde explorant les profondeurs d’Encelade, un satellite de Saturne, subit une avarie et un de ses membres s’éveille à la conscience. C’est des plus étonnants et le lecteur en prend plein la vue dans le bon sens du terme. Une incursion exigeante mais ô combien stimulante.

Un père emmène son fils voir “Le palais du désert”, l’œuvre d’un vaisseau extraterrestre dont les motivations restent inconnues. Pèlerinage, parcours initiatique, moment de complicité entre un père à l’article de la mort et un fils qui a la vie devant lui, ce texte est empli de nostalgie, de regrets des moments disparus. Les lecteurs retrouvent Thomas Day dans un registre qui ne lui est pas coutumier, bien plus intimiste qu’à l’habitude.

À l’ère des fausses informations aux conséquences dévastatrices et circulant à la vitesse de l’éclair, Roland Lehoucq et Fabrice Chemla reviennent sur une nouvelle d’Isaac Asimov au fort vernis de respectabilité scientifique. Construite comme un article, elle expose les caractéristiques de la thiotimoline, une molécule aux étonnantes propriétés. Le raisonnement, la démonstration, tout se tient, sauf qu’elle n’existe pas ! Un très bel article.

Si « Bifrost » a déjà parlé de libraires, d’éditeurs, de traducteurs... la revue n’avait encore jamais évoqué les agents. Voilà qui est chose faîte avec Corinne Marotte dans un entretien instructif révélant un métier finalement très peu connu.

Sous une couverture flashy, ce « Bifrost » met en avant Sylvie Denis, une personnalité discrète du milieu SF, qui mérite d’être connue aussi bien pour ses écrits que pour tout le travail effectué afin de faire grandir la sphère SF en France.
Et puis elle est bien accompagnée au sommaire...
Un bon numéro de plus au compteur.


Titre : Bifrost
Numéro : 103
Rédacteur en chef : Olivier Girard
Couverture : Pascal Blanché
Illustrations intérieures : Nicolas Fructus, Lucas Bardoux, Quentin Aubé, Olivier Jubo et Franck Goon
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, nouvelles, entretien, etc.
Sites Internet : le numéro 103, la revue (Bifrost) et l’éditeur (Le Bélial’)
Dépôt légal : juillet 2021
ISBN : 9782843449857
Dimensions (en cm) : 15,1 x 21
Pages : 192
Prix : 11,90€



Pour contacter l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
12 août 2021


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