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Flic bien trop honnête (Un)
Franz Bartelt
Seuil, Cadre noir, roman (France), polar burlesque, 196 pages, mai 2021, 17,90€

Quatre ans, quarante meurtres et un assassin qui échappe toujours à l’inspecteur Gamelle. Les arrêts bus et les passages piétons, autant de scènes de crimes qui n’ont pas livré le début d’une piste. Et ce n’est pas son adjoint, un cul-de-jatte surnommé le Bourrin, qui lui apporte une grande aide. Ce dernier se contente de passer ses journées à tracer des traits sur des feuilles.
Et pas de moyens supplémentaires à attendre, car son supérieur estime que le temps fera son œuvre et que le coupable finira bien par se trahir. Contre toute attente, l’enquête trouve un second souffle après la rencontre fortuite de Gamelle avec un aveugle.



Le résumé donne le ton, rien de sérieux à attendre avec ce roman. La situation se situe en totale décalage avec la réalité. Aucune pression n’est exercée sur Gamelle pour obtenir des résultats rapides en lui donnant toute l’aide disponible. L’humour avant tout !
Lors d’une virée en bus, sait-on jamais ! - Gamelle perd son sang froid et ne saisit que trop tard, lorsque son poing part, qu’il s’en prend à un aveugle. « Ah, celui-là, gémissait l’aveugle en se pliant de douleur, je ne l’ai pas vu venir... », une répartie qui claque et qui ne manque pas de faire sourire. Dès la seconde page, le lecteur est dans l’ambiance.
Gamelle est un flic honnête, même trop d’après le titre, et il recherchera l’aveugle pour réparer ses torts, même s’il doit y laisser sa chemise. En effet, sa femme est partie et Gamelle est sur la paille, fortement endetté.

« Un flic bien trop honnête » suit les tâtonnements de Gamelle et du Bourrin, ainsi que la relation entre Gamelle et l’aveugle qui a toujours rêvé de participer à une enquête et ne se prive pas de donner ses idées à l’inspecteur, bien trop heureux qu’au moins quelqu’un en ait pour trouver l’assassin. Autant dire que l’affaire piétine.
Les situations ubuesques ne manquent pas et ce n’est pas vraiment la recherche du coupable qui est mise en avant mais l’absurdité de celle-ci. Ce polar burlesque insiste davantage sur le côté humour que sur le versant policier qui se réduit comme peau de chagrin. Gamelle se révèle bien gentil, mais ça ne l’empêche pas d’être incompétent. Franz Bartelt force trop le trait. Heureusement que ce roman ne dépasse pas les deux cents pages sous peine d’atteindre l’overdose. Et puis il faut reconnaître que l’auteur a du style, il écrit très bien, ce qui rend la lecture fluide.
Le début est prometteur, mais l’histoire a tendance à s’enliser et l’intérêt pour les personnages diminue. Que Gamelle change de voie, devenant un temps chauffeur, n’est qu’un artifice de plus.

La série consacrée au commissaire Oberhofer signée Rita Falk ne manque pas de faire sourire mais reste ancrée dans le quotidien. Tout comme la série « In Vino Veritas » de Robert Reumont. « Un flic bien trop honnête » n’est pas de la même eau, la prise sur la réalité s’étiole rapidement et il devient difficile de se raccrocher au seul humour pas toujours fin. L’amateur de polar risque clairement de ne pas s’y retrouver.
Comme faut-il prendre ce livre ? Plutôt comme un roman loufoque que parler de polar burlesque. La cible diffère, ainsi que les attentes pour une telle lecture.
Si je n’y ai pas trouvé mon compte, d’autres y trouveront sûrement le leur.


Titre : Un flic bien trop honnête
Autrice : Franz Bartelt
Couverture : Virginie Perrollaz
Éditeur : Seuil
Collection : Cadre noir
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 196
Format (en cm) : 20,5 x 14,1
Dépôt légal : mai 2021
ISBN : 9782021479348
Prix : 17 ;90 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
9 juin 2021


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