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Nadejda : l’interview Les Enfants Tristes et la Faim du Monde
L’interview exclusive yozone de Nadejda ...
31 mai 2021

A l’occasion de la sortie de « Les Enfants Tristes et la Faim du Monde », leur troisième EP, John et Korvenn, respectivement guitariste chanteur et batteur de Nadejda, un groupe de rock français qui dépote, ont accepté de répondre à quelques questions !



Bonjour les Nadejdas, pour commencer pourriez-vous vous présenter ?

Korvenn  : Salut, nous c’est John à la gratte et au chant, Rémi au saxophone, Tinmar à la basse et moi derrière les fûts

John  : On est des potes qui faisons de la musique ensemble

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Comment est né Nadejda ?

John  : j’ai toujours écrit des chansons mais je n’en étais pas satisfait, c’était soit trop pompeux soit trop larmoyant. Ou trop copié sur ce que faisaient d’autres. Et un jour il y a eu un morceau dont j’ai été assez content pour le montrer à Rémi. Ca a été le point de départ de ce qu’on est devenus.

Nadejda (Nadège en russe), évoque à la fois l’espérance, mais aussi les prénoms de la compagne de Lénine, de la seconde femme de Staline et de Nadejda Tolokonnikova des Pussy Riot. Quel est le lien de votre groupe avec la Russie et à quelle Nadejda le nom de votre groupe fait-il référence ?

Korvenn  : Alors pour être honnête, nous n’avons aucun lien culturel, spirituel ou autre avec la Russie ! En revanche, Nadejda fait bien référence à une femme russe, moins connue que celles que tu as citées : Nadejda Mandelstam, femme du poète essayiste Ossip Mandelstam. Son histoire que John a entendu à la radio en venant en répète, nous à beaucoup plu et beaucoup touché car elle réunit beaucoup de thèmes que l’on retrouve dans nos chansons : l’amour inconditionnel, la beauté et la tristesse de la vie et l’insoumission.

Votre quatuor balance un rock brut direct percutant et festif auquel l’emploi d’un saxophone baryton confère des sonorités originales qui rappellent par endroit Morphine, le groupe de Mark Sandman . Qu’en est-il de vos influences musicales ?

Korvenn  : La question piège ! Il faut savoir que nous venons tous d’univers assez différent, , Nadejda est influencé de près ou de loin par le rock américain principalement, le blues, le jazz, le punk, la musique tribale, le hip hop… Et si vous voulez en savoir plus sur nos goûts musicaux, on vient justement de créer une playlist sur spotify (https://open.spotify.com/playlist/3bwJywJZMbaceCOd8jj7Vr) dans laquelle on partage nos titres préférés du moment.

John  : Je ne peux pas dire que la musique que je joue soit celle que j’écoute. En vrai on se nourrit de livres, d’expériences, de désillusions, de musique bien sûr mais aussi de films, de rencontres. Et quand ça a macéré assez longtemps, on accouche de notre truc, parce qu’il faut que ça sorte. Parce que c’est trop dur à garder pour soi.

Parlez-nous de vos procédés de création. Comment naissent et prennent forme vos morceaux ?

Korvenn  ; En général, John arrive avec un riff ou deux de guitare, et une structure de morceau qui parfois peut être assez sommaire. On commence par jammer dessus. Quand on a le sentiment qu’il en ressort des choses intéressantes, on met de côté. Ca macère plus ou moins longtemps jusqu’au résultat final.

John  : Souvent comme je le disais juste avant, les chansons explosent comme des abcès. C’est souvent sous le coup de l’émotion que je prends ma guitare et que j’enregistre des riffs que je propose ensuite aux autres. Pour les textes c’est pareil, j’ai des phrases qui me tournent dans la tête, des cahiers raturés un peu partout. Et au bout d’un moment ça prend sens, ce que j’ai noté pendant des jours s’emboîte. Et parfois ça met des mois !

Qu’en est-il de vos textes ? Du choix du français ?

John  : On entend souvent que c’est compliqué de faire du rock en français. Mais il y a quand même eu Téléphone, Noir Désir, M, Higelin, Bertignac, Saez, Soan, Mass Hysteria, Lofofora... Et puis franchement, je ne suis passez bon en anglais, je fais déjà assez de fautes en français (rires)

Korvenn ; Il y a aussi cette volonté de toucher les gens par les mots, et c’est quand même vachement plus pratique quand on parle la même langue que le public ! John aime prouver qu’on peut écrire de belles choses en français, ce qui n’est pas facile car c’est une langue exigeante, qui peut soit vite devenir bateau quand elle est écrite trop simplement, soit devenir pompeuse quand elle est écrite de manière plus chiadée…

Mettez-vous vos textes en musique ou de la musique sur vos textes ?

John  : Depuis quelques temps c’est plutôt la musique qui vient en premier. C’est une manière de travailler qui me permet d’avoir un cadre. Je sais combien il y a de couplets, de refrains, etc... Avant j’écrivais des textes beaucoup plus longs et parfois je devais couper dedans, mais ça me gonflait franchement ! Alors maintenant j’attend de savoir quelle place j’ai pour le texte !

Je n’ai pas encore eu le plaisir de vous y voir, mais l’on sent à l’écoute de vos titres, de l’énergie que vous y déployé, que vous êtes un groupe de scène. La pandémie vous en a privé depuis un an et demi. Comment avez-vous vécu cette période ?

Korvenn  : Au début ça nous a frustré car on était en pleine phase de lancement de notre précédant clip, « Turn around », et qu’on à pas pu défendre ça sur scène. On devait jouer sur pas mal de festivals, et les annulations nous ont mis un coup. Mais on a décidé assez rapidement qu’on allait en profiter pour travailler sur le reste : composer, enregistrer, préparer le « retour à la normal » (si ça arrive un jour). Mais on a qu’une hâte c’est de se serrer dans un camion et de ressentir à nouveau l’odeur et l’ambiance moite des salles de concert !

John : J’ai eu des phases de léthargie, d’apathie. Avoir une année blanche c’est bien mais pas pour jouer à la console et prendre du poids à la maison ! Avec du recul on s’en tire pas si mal car on a fait un EP, un Ulule qui a cartonné, on a réussi à continuer d’avancer.

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Crédits @Eric Meurice

Avez-vous, durant cette période, poursuivi votre collaboration en télétravail ?

John  : On s’est fait des cancers de l’oreille tu veux dire ! J’ai dû perdre des fréquences auditives à force de faire des réunions où tout le monde crie parce qu’on n’a peur que les autres n’entendent pas (rires) Ca te fait pas pareil ? Quand tu fais des réunions Skype et que tu parles 2 fois plus fort, alors que tout le monde t’entend, mais tu le sais pas ?

Korvenn  : Il faut savoir qu’on habite toutes et tous dans un département différent de la région Rhône Alpes, même si pour simplifier on dit souvent qu’on vient de Lyon. Car c’est là que le groupe est né. De fait le « télétravail » était déjà dans nos habitudes, mais à petite dose. Là c’est devenu la norme et on a renforcé notre capacité à travailler de cette manière . Mais on a surtout fait en sorte de se retrouver, de faire le maximum pour se voir, dès que c’était possible. On a besoin les uns des autres. Musicalement et humainement.

Après “L’n’G” et “1.3.1.2”, sortis respectivement, si je ne m’abuse, en 2014 et 2017, votre nouvel EP, financé via une campagne de crowdfunding, sort ce 21 mai ?

Korvenn  : Si on peut se permettre, il n’a pas été financé en totalité par le crowdfunding. Même si ça nous a considérablement aidés à aller au bout du projet. On voulait mettre la barre beaucoup plus haut que les 2 EP que tu as cités. Et c’est pour ça qu’il y a eu plusieurs années entre 1312 et ce qu’on propose aujourd’hui.
Pour ce disque, plusieurs de nos proches, amis ou famille ont accepté de nous faire des dons (des mécènes en quelque sorte), et nous mêmes les membres du groupe avons mis pas mal d’argent de notre poche. On ne remerciera d’ailleurs jamais assez toutes ces personnes. La sortie digitale est le 21/05 et la sortie physique le 19/06. Il y aura pas mal de surprises encore jusqu’à cet été, pour accompagner cette sortie et remercier notre public de tout le soutien qu’il nous apporte.

Son titre, “Les Enfants Tristes et la Faim du Monde”, semble être en résonance avec l’actualité. Pouvez-nous en dire un peu plus ?

Korvenn  : Ce titre est surtout en résonnance avec nous. On a eu besoin de se recentrer sur nous mêmes, parler de nos émotions, et de la bande de potes qu’on est avant tout.

John : C’est ça. En fait on a ce titre en tête depuis des lustres. C’est le premier disque où je ne parle pas frontalement du monde qui nous entoure, mais de nous, de notre petite nation pirate. Ce titre, c’est un clin d’oeil aux gamins en vrac qu’on était, qui se lançaient dans le monde avec leurs tripes et leurs couteaux, sans savoir ce qui allait se passer.

Pouvez- vous aussi nous confirmer que “Turn Around” et “Lubka”, dont les clips sont relayés sur notre site, font partie de la track-list ?

Korvenn  : Toutafé ! Ce sont les 2 singles de cet ’EP qui comprend en tout 5 titres. Dont une reprise. Qu’on vous laissera découvrir !

Outre la sortie de cet EP, je crois savoir que vous avez un concert en ligne prévu début du mois de juin ?

Korvenn  : C’est ça, cette semaine, suite à une résidence de plusieurs jours à la MJC Ô Totem de Rillieux, on va faire une captation live qui sera diffusée sur les réseaux le 2 juin à 20 H. C’est un exercice qu’on n’a jamais fait dans ces conditions, et après plus d’an an sans faire de concert c’est un sacré défi, mais on à hâte !

Pour finir, que peut-on souhaiter à Nadejda et à ses membres dans un futur plus ou moins proche ?

Korvenn  : L’effondrement de notre civilisation et la fin du capitalisme outrancier ! On aura peut être moins de trucs à raconter dans nos chansons, mais on sera vachement plus contents !

John  : J’aimerais être aussi ambitieux que lui (rires) mais dans un avenir proche j’aimerais juste pouvoir me retrouver avec mes potes sur scène devant du public. Que ce soit une salle de 100 ou de 2000 personnes, je m’en fous. Et je veux faire la fête. Un truc où tu n’as pas peur de croiser des gens, où tu t’en fous qu’on te postillonne dessus, ou des gens inconnus de prennent par l’épaule et te paye une bière, des nouvelles têtes, un truc bruyant, où il fait trop chaud et où t’as pas de place !

Merci à vous.

Korvenn : De même !

John : Merci à toi !


A voir également sur la yozone
- Clip Lubka
- Clip Turn Around
- Live stream Ô Totem Live // Rillieux-La-Pape


Lien(s) utile(s)
- Le site officiel
- Nadejda sur Facebook


Remerciements à Lyne de Vibrations sur le Fil pour l’organisation de cette interview réalisée par courriel.


Bruno Paul
31 mai 2021



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Crédits @Eric Meurice



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Crédits @Eric Meurice



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