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Royaumes ennemis, tome 1 : Les Magiciennes
Sylvie Kaufhold
Editions du 38, Collection du fou, roman (France), fantasy, 312 pages, février 2021, 18€

Jeune chef de guerre, Khazan a unifié les tribus des steppes de l’Est. La guerre contre Arak, à l’Ouest, ne reprendra pas avant l’hiver suivant, et l’été sera rythmé par les incursions des pillards de Méri. Sur le conseil de son mage, le guerrier part chercher des alliés à la Ruche, une enclave de créatures insectoïdes à la technologie bien plus avancée que celle des peuples de la steppe. Mais à peine revenu avec un ingénieur féru d’explosifs et de machines de guerre, Khazan se porte vers les terres australes, irrésistiblement attiré par Lulaï, une belle magicienne qui hante ses rêves. Son pouvoir lui apportera-t-il l’avantage décisif ? Ou cela fait-il partie d’un jeu politique bien plus grand, orchestré par la reine magicienne de Méri qui place ses enfants dans chaque camp pour être sûre de l’emporter ?



Après ses « Chroniques du jour pâle », l’autrice met à nouveau en scène un choc entre différentes civilisations. « Royaumes ennemis » porte bien son titre, puisque trois puissances se disputent cette partie du monde. On suit le destin de Khazan, jeune et charismatique chef des steppes de l’Est, mais dès l’introduction on découvre, sans surprise pour qui a déjà lu Sylvie Kaufhold, que ses personnages sont loin d’être lisses : le glorieux chef est déjà hanté par la mort annoncée de son premier amour, qui ne survivra pas à son accouchement. Et le futur père fuit un combat qu’il n’a pas la force de mener, car il sait qu’il ne pourra pas le gagner.
L’univers présenté, à la magie rare (Khazan a un mage plus proche du druide) et aux sociétés tribales des steppes, nous change (agréablement) des poncifs de la fantasy calquée sur un Moyen-âge européen idéalisé. On y voit néanmoins des traces flagrantes d’influences dark avec l’omniprésence des factions militaires et des dirigeants aussi prompts à verser le sang qu’à satisfaire leurs appétits sexuels, comme Zeilin, la fille de Zei et princesse de l’Ouest.
On ne sera pas surpris non plus par la vague de personnage féminins forts, comme Iridiane, la cousine de Khazan et son bras droit, qui ira jusqu’à bousculer les traditions pour être cheffe de guerre et femme à la fois ; la reine Zei et ses filles (dont les noms commencent tous par Zei…, attention à ne pas les confondre), dirigeantes puissantes et guerrières farouches aux amants multiples et éphémères. A côté, l’autrice laisse aussi la place à quelques hommes sensibles au milieu des brutes.

La bonne surprise vient de la Ruche. Au milieu de ses humains batailleurs, le peuple insectoïde apparaît rationnel, pacifique, organisé.. il n’en est rien. Aux prises avec une grave crise sociétale (leur reine refuse de pondre de nouvelle larves), ils vont faire montre d’autant de défauts que les hommes. Tandis que certains idéalistes sont brutalement évincés, voire simplement exécutés, la Ruche se retrouve à un tournant de son histoire, et les femmes / femelles / matrices sont au cœur de ce changement. Elles vont néanmoins l’accompagner, et non plus le subir. Au travers des futures reines, l’autrice brosse des portraits de femmes déterminées et pas moins ambitieuses que les mâles.
Côté écriture, si on regrette parfois une psychologie plus dite que montrée (le fameux show, don’t tell) et submergée par le déroulé des événements, c’est une sensation qui s’estompe très rapidement, car elle est cohérente avec la narration de la saga, toute en tableaux successifs qui s’achèvent tous sur un point de tension assez fort.

Dans une narration entrainante et des décors grandioses, Sylvie Kaufhold confronte des mondes à la violence prégnante, sociétés en perpétuelles guerres de conquête ou rongées par des conflits internes où le plus fort ou le plus rusé s’arroge le trône et le lit de la reine. Et pourtant, tous rêvent de paix, pour après... après l’unification par la force. Si les femmes de pouvoir sont nombreuses, et très différentes, elles sont aussi les moteurs du changement, vers plus d’égalité et de considération dans des groupes foncièrement patriarcaux.

Ce premier tome offre également une vraie fin, qui ne nous laissera pas insatisfait... on en aura guère le temps, le tome 2 est annoncé pour le 11 juin.


Titre : Les Magiciennes
Série : Royaumes ennemis, tome 1
Autrice : Sylvie Kaufhold
Couverture : Step / Anne-Eléonor Olivier
Éditeur : éditions du 38
Collection : collection du fou
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 312
Format (en cm) : 21,5 x 14
Dépôt légal : février 2021
ISBN : 9782374538334
Prix : 18 € ou 6,99€ en numérique



Nicolas Soffray
1er juin 2021


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