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Entretien avec Fabien Gridel
créateur du jeu Rest In Peace - Blue Cocker
15 mai 2021

La bataille des demeures hantées des 2 familles bourgeoises de Rest in Peace est l’oeuvre de Fabien Gridel. Pour son premier jeu, il a monté une mécanique bien huilée pour un duel dans les ténèbres.
Il a sacrifié un peu de son temps de création pour répondre aux questions de la Yozone...



Vous êtes aujourd’hui créateur de jeux mais quel a été votre parcours pour y parvenir ?

Comme tous je crois ! Passionné de jeux, au point d’en programmer quelques-uns sur un site web pour jouer en tour par tour (C’était Ludagora.net). Et puis, écrire beaucoup d’avis sur les sites de Trictrac et Ankou au début des années 2000. Enfin, j’ai rédigé pas mal d’articles dans la revue JSP (Jeux Sur un Plateau). Et puis j’ai de moins en moins participé, et me suis de moins en moins impliqué dans le microcosme ludique même si je n’ai jamais arrêté de jouer...
J’ai basculé en étant impliqué dans un projet de jeux avec Yoann Levet (« Myrmes »). C’est à son contact que l’envie d’aller au bout de la création est venue.

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Démarrez-vous un jeu plutôt par sa mécanique, son thème, ou son matériel ? Et pour vous l’expérience de jeu centrale est-elle primordiale ?

Par sa mécanique. On rejoue à un jeu parce qu’il est bon, pas parce qu’il est beau. Qui oserait dire que l’expérience de jeu n’est pas primordiale ?

Pour Rest in Peace, vous avez choisi le guessing, les enchères et le bluff. Sont-ce les genres de jeu que vous aimez ?

Au risque de vous surprendre, Rest in Peace est à mon sens assez éloigné d’un jeu de guessing ! Plus on le pratique et plus on se rend compte du nombre de subtilités et plus nos évaluations sont pertinentes et plus on s’éloigne du guessing. Je vois Rest in Peace comme un jeu d’évaluations, teinté de prise de risque et mâtiné d’un peu de bluff. Les jeux d’enchères, par contre, c’est ma came. Je suis admiratif des jeux du Maître Reiner Knizia quand il a sorti des années durant des perles des jeux d’enchères (Modern Art, Medici, High Society, , Money/Razzia, Dream Factory, Amun Re et encore tant d’autres) !

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Rest in Peace est un « petit » jeu. Était-ce une volonté de vous essayer d’abord à un jeu de ce format avant de vous attaquer peut-être à des « gros » jeux ou est-ce le genre de jeu que vous voulez créer ?

Pour être franc, je ne suis pas vraiment maître des idées que j’ai… Un moment, je me dis, « Ah tiens, ça c’est chouette comme idée ! C’est sûrement exploitable ! » Et puis, j’y pense longtemps avant de me lancer dans un proto parce que j’ai la flemme de faire des trucs pour rien… Là, ça a donné Rest in Peace, un jeu à deux en 15 minutes (rires) ! Mais, j’ai d’autres protos plus conséquents en stocks (45mn à 1h15 pour 2 à 4 joueurs) ! Peut-être que j’aurais un jour l’idée d’un truc costaud, en 2h. Rien n’est sûr, sauf qu’il n’y a pas beaucoup d’éditeurs sur le créneau...

Comment s’est déroulé votre travail avec l’éditeur ?

Le travail avec Blue Cocker a été juste simple et parfait. Je connais Alain Balay depuis presque 20 ans, donc le contact est très facile. On fait preuve chacun d’une bienveillance et d’une confiance mutuelle. Et le proto a énormément changé et c’est tant mieux ! Il n’y avait par exemple pas de demeures mais un système de tir à la corde. Et la manche finale n’était pas du tout gérée comme elle l’est maintenant.

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Quelles sont les jeux qui vous inspirent ? Appréciez-vous plutôt des mécaniques, des auteurs, des univers ?

J’ai toujours aimé les gros jeux de gestion, même si je ne les pratique quasiment plus ! Dans un autre genre, j’adore les jeux d’enquêtes et de déduction. Et oui, je suis comme énormément de joueurs de ma génération un fan absolu d’Alex Randolph (« Ricochet Robots »). Côté US, j’admire Sid Sackson (« Cant Stop »). Côté allemand, outre Knizia, on peut citer Stefan Dorra (« Medina »). Et puis plein d’autres encore Jeroen Doumen (« Pandemic : Rising Tide »), Wolfgang Warsh (« Les Charlatans de Belcastel »), Alexander Pfister (« Mombasa ») ou Vlaada Chvatil (« Mage Knight »)….

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Quelles sont vos influences venant d’autres media ?

Moi, ce serait plutôt le jeu vidéo ! Il y a eu un renouveau du jeu vidéo indépendant cette dernière décennie avec énormément d’innovations ludiques. J’ai d’ailleurs plusieurs protos dont les idées me sont venues après avoir découvert certains jeux vidéo.

Quelle sont vos techniques de travail, vos routines ?

Ni technique, ni routine. Je suis un effroyable fainéant. Je retarde le plus possible la production du prototype car j’ai une flemme de dingue et que je suis assez mal équipé. Par contre quand le proto est produit, je suis un acharné du test. Je fais un nombre incroyable de parties, sûrement par peur de rater un truc important.

Comment concevez-vous vos prototypes ?

Sur Table Top Simulator ! C’est une vraie révolution pour moi. Je n’envisage même plus de faire autrement. TTS permet de tester rapidement et dans de bonnes conditions et c’est tellement appréciable. Donc vraiment pour moi, c’est la première étape, juste après avoir réfléchi de très très longs moments...

Quels conseils pourriez-vous donner à un apprenti créateur de jeux ?

Je suis moi-même un apprenti créateur ! Pas du tout un vieux routard aguerri, alors je ne suis pas sûr d’être la bonne personne pour aider les autres. On a la chance d’avoir de très nombreux auteurs français de talents facilement accessibles, alors je vous oriente vers eux !

De futurs projets ?

Oui bien sûr. J’ai deux jeux signés avec mon ami Yoann Levet. Et pas mal de protos en solo et en co-auteur sous le coude.


5 jeux conseillés par Fabien Gridel :

GloomHaven : C’est juste le pied si on aime tabasser du monstre en équipe. Bien devant les autres dungeon crawler.

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Roads&Boats : La perfection du jeu de logistique (genre que j’adore). Un jeu où on peut toujours faire mieux et s’améliorer.

Puerto Rico : C’était tellement une claque quand c’est sorti. tellement mieux que le reste.

Agricola : J’y ai même joué en allemand au début ! Je crois en avoir fait 7 parties la première semaine… Juste fantastique.

Les 3 saisons de Pandemic Legacy : Dans le genre, y’a juste pas mieux !

Ricochet Robots : Oups, en fait ça fait 6 jeux. Mais là encore, 20 ans après, je n’y vois que du génie.


Illustrations & photos : Fabien Gridel & les éditeurs


Michael Espinosa
Christelle Espinosa
16 mai 2021



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