« Botanik » est un jeu exclusivement à deux joueurs dont la mécanique est ciselée aux petits oignons, précise comme une horloge steampunk suisse, mais simple et accessible comme un jeu de dominos.
À la tête de ce jeu, le trio helvète Lartinchon (Grégoire LARgey, Frank CritTIN et Sébastien PauCHON) s’est reformé, précédemment à l’origine d’« Ankhor » dans la même gamme chez Space Cowboys. Côté graphismes, c’est une réussite signée Franck Dion, réalisateur et illustrateur du célèbre « Une tête disparaît », film d’animation largement récompensé.
Ce que « Botanik » est prêt à vous offrir : une grande subtilité, des rouages taquins, des graphismes soignés et des règles que vous apprendrez très rapidement.
Mais concrètement, comment cette méca-machine fonctionne-t-elle ?
Tout simplement, sur un mode binaire : similarité dans la pose de tuiles et discrimination dans la prise de tuiles pour créer sa propre machine à côté du plateau.
Pour y parvenir, vous partagez avec votre adversaire un petit registre de jeu à ouvrir comme un livre. Sur la zone médiane, vous disposez 5 tuiles piochées au hasard. Des deux côtés de cette zone, chaque joueur dispose de son propre espace de 5 emplacements de tuiles.
À côté du plateau, une zone d’arrivage est constituée de 3 tuiles tirées au hasard. Chacun des deux joueurs va tour à tour choisir une tuile parmi les 3 qu’il pourra soit placer du côté de son aire de jeu, soit déposer dans la zone médiane et libérer ainsi l’une de ses tuiles s’il le peut.
« Botanik » n’est pas le jeu classique dans lequel vous prenez une tuile et la posez simplement sur votre figure en fonction de vos besoins. Il vous faudra la récupérer dans un premier temps, puis la libérer. Les contraintes ? S’il exige la similitude de forme ou de couleur dans la pose sur le registre, pour libérer, délivrer, ladite tuile, l’infernale machine exigera que vous posiez dans la zone médiane une tuile complètement différente, sans aucun rapport ni de forme, ni de couleur.
Et comme les joueurs ont leurs tuiles de chaque côté de la zone centrale, il arrive que le joueur libère sa tuile et celle de l’adversaire, parfois à son avantage, souvent avec une amertume à peine dissimulée.
Heureusement, les méca-botaniciens apparaissent comme des Jokers permettant de libérer 2 tuiles au même moment. De rares instants de combo bien appréciables.
Il vous faudra ensuite composer votre machine en connectant les tuyaux des tuiles à la source de départ, puis ensuite les uns avec les autres afin de permettre à vos fleurs et fruits de pousser.
Au final, vous ne pourrez compter que les groupes d’au moins trois tuiles adjacentes et les fleurs et fruits connectés à une tuile de couleur identique.
Cette mécanique de précision toute de tuiles vêtue entraîne à la fois stratégie et tactiques. Prédisons une longue vie et un énorme succès à ce jeu qui risque de détrôner certains des plus célèbres jeux de duel. Il est en effet accessible, facilement transportable, rejouable à l’envie, abstrait au possible et exige une réflexion tendue tout au long de la partie pour mener à la victoire « horticolo-mécanique » ou « botano-quantique ».
Une vraie réussite des Lartinchon, et de l’éditeur Space Cowboys qui atteint le pari une nouvelle fois de la qualité dans leur gamme de jeux à 2 en offrant un petit frère de talent à « Jaïpur », « Ankhor » et « Tea for two ».
Précipitez-vous pour découvrir si vous avez la main verte.
Botanik
Type : placement de tuiles, jeu abstrait
Âge : à partir de 10 ans
Nombre de joueurs : 2
Durée d’une partie : 20 min
Auteur(s) : Frank Crittin, Grégoire Largey et Sébastien Pauchon
Illustrateur(s) : Franck Dion
Éditeur : Space Cowboys
Site de règles : Tric Trac
Format de la boite (en cm) : 13 x 18 x 4
Date de sortie : avril 2021
Prix public conseillé : 20€
Contenu de la boite :
67 tuiles
1 registre de 3 lignes et 5 colonnes
1 pion Méca
1 pièce de premier joueur dans la 1ère édition
Illustrations © Franck Dion & Space Cowboys