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Galaxies n°67 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°67, SF - nouvelles - articles - critiques, septembre 2020, 192 pages, 11€

En entame de ce « Galaxies » spécial Mary Shelley, Émilie Gévart décrit comment le roman « Frankenstein » est né l’été 1816, la chaîne des événements qui a poussé la jeune femme à le rédiger, le cadre, les protagonistes... Tout était en place pour cette œuvre majeure qui depuis deux siècles nourrit l’imaginaire.
Il suffit de lire l’important article “Sur les écrans : Frankenstein à travers les âges” signé Jean-Pierre Andrevon ou encore les chroniques des romans de Benoît Becker présentés par Didier Reboussin pour comprendre l’engouement qu’il a suscité, aussi bien à travers le cinéma que la littérature.
À ce titre, « La villa des mystères » de Federico Andahazi plonge justement les lecteurs sur les rives du lac Léman où tout a commencé...



Ce ne sont pas moins de 11 nouvelles qui viennent étayer ce dossier.
Dans “Des monstres et des femmes (… et quelques hommes aussi)”, Sylvain Lamur évoque le rapport avec l’œuvre fondatrice à travers le temps, mais parler des Schtroumpfs pour la période de 1816 est rédhibitoire. À oublier, ce qui n’est pas difficile.
“Frankenstein 3.0” ou la version robotique de la création de « Frankenstein » vue par Éric Lysøe et mettant en scène des avatars des personnages de l’époque. Proche des faits et s’en éloigne juste vers la fin en se raccrochant à la genèse. Trop peu et pas très enthousiasmant.

Élodie Boivin qui est aussi l’illustratrice de couverture s’attache à la vie de Mary Shelley à travers une boîte à souvenirs permettant d’assister à quelques passages clés vécus par Mary. Le développement de “La Boîte de Mary ou Les Créatures de la Shelley Society” est intéressant, notamment avec l’interaction entre les deux époques.
Autre nouvelle bien vue, “Néc-Romantique ou l’Epiméthée Moderne” d’Anthony Boulanger qui aborde la figure de l’écrivaine de manière détournée dans un futur où Mars est colonisée. Enfin un qui s’affranchit des frontières et dépasse le cadre étriqué de départ.

En mode intimiste ; “Le don” de Pierre Montbrand évoque en filigrane « Frankenstein » mais cette nouvelle ne remplit pas les critères de l’imaginaire. Pas sans intérêt mais hors sujet dans une revue de SF.
“La chair ressuscitée” d’Anna Doganovitch date de 1909 et rejoint la thématique du roman. Deux savants cherchent à ranimer un mort. Leur victoire se transforme rapidement en échec cinglant. Encore une belle trouvaille à mettre au crédit du couple Lajoye.
Thierry Fauquembergue la joue efficace avec le “Chapitre XXII bis” de « Frankenstein » retrouvé par le plus grand des hasards. Beau moment de lecture en mode À la manière de... Exercice toujours périlleux mais relevé avec brio ici.

Dans “Le Dernier des Hommes”, le roman « Frankenstein » n’existe pas, mais la créature, oui. Belle idée ramenant à la vie un être déphasé avec notre époque. Quelle serait son existence ? La réponse d’Anaïs Buffet ne manque pas de pertinence et offre une belle conclusion.
“Less is more” ou la créature de Frankenstein version féminine des Sœurs Fox. Une femme apprend par elle-même en très peu de temps, prend la fuite et comprend que trouver sa place ne sera pas aisé. Quelques traits d’humour, mais cela ne suffit pas pour que l’ensemble prenne...

“Interview d’un monstre” de Constantin Louvain : le livre ne serait autre qu’une biographie et la créature désire se dévoiler aujourd’hui dans un entretien. Manque un peu de matière, un brin trop léger.
“Bout d’essai” de Noé Gaillard met en scène H. G. Wells, écrivain et inventeur à la recherche de cobaye pour sa machine à remonter le temps, Bela Lugosi, auditionné pour le rôle de la créature et avide de découvrir comment est née l’œuvre. Drôle de mélange pour un résultat peu probant, alors que les références étaient prometteuses.

Il est un peu dommage que la seule analyse du roman repose sur quelques passages d’un article de Michael Nicholson et qu’il y ait répétition de « I, Frankenstein » (2013) vers la fin de la fort belle et exhaustive étude sur Frankenstein dans le cinéma.

La quarantaine de pages restantes abritent les habituelles recensions de livres, bandes dessinées et films.

Frankenstein, du nom du savant et non de la créature, marque toujours les esprits. Qui mieux que Boris Karloff incarne cette créature à la présence si forte ? La genèse du roman est d’un intérêt certain, d’ailleurs “Le vampire” de Polidori est né du même défi. « Frankenstein », œuvre culte et fondatrice, est toujours d’actualité et lui consacrer un dossier n’est que justice. Les auteurs qui s’y sont frottés n’ont pas toujours su prendre la distance nécessaire pour s’en démarquer, mais quelques belles incursions dans cet univers sont offertes.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 67 (109 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Élodie Boivin
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : septembre 2020
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376251057
Dimensions (en cm) : 13,5 x 21,1
Pages : 192
Prix : 11€


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
20 octobre 2020


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