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Serena Blasco : L’interview Enola Holmes
Une interview exclusive Yozone...
20 septembre 2020

Alertés, il y a maintenant quelques mois, par les éditions Jungle d’un projet d’adaptation au cinéma des « Enquêtes d’Enola Holmes », nous nous sommes dit sur la Yozone que la sortie du film était l’occasion de revenir sur l’adaptation de la série de romans de Nancy Springer en bande dessinée que Serena Blasco a achevé l’an passé. Là dessus, coronavirus, pandémie, confinement, tout le toin-toin, incertitude quant au devenir du film, nous avons finalement relancé la machine et l’idée de cette interview quand, il y a quelques semaines, la sortie dudit film a été annoncée pour le 23 septembre via la plateforme Netflix. Une interview réalisée par voie de courriel (email), distanciation physique oblige, dans laquelle la jeune artiste d’Aix-en-Provence revient sur la genèse et la réalisation de son projet.



Si j’ai bien compris votre parcours, après un bac STI Arts Appliqués, vous poursuivez vos études par un BTS de Graphisme et Pub dont le stage en entreprise vous mène au studio Gottferdom. Vous travaillez ensuite sur le projet “Snoopbook” aux éditions Soleil, puis vous illustrez un “Livre dont tu es l’Héroïne” aux éditions Céléphaïs. Cela vous conduit jusqu’aux éditions Jungle où vous signez avec Véronique GrisseauxLili Chantilly”, votre première BD sur laquelle vous officiez en tant que dessinatrice. Vous vous lancez ensuite, toujours pour les éditions Jungle, dans l’adaptation en solo de la série de romans de Nancy Springer, “Les enquêtes d’Enola Holmes”. J’ai tout bon ?

Exactement, n’étant pas vraiment attirée par le domaine de la publicité ou du graphisme, je me suis plutôt orientée vers la bande dessinée à la suite de mes études. Toutefois le chemin s’est fait petit à petit. J’ai eu plusieurs années d’échec de projets et de double emplois avant d’arriver à signer pour « Lili Chantilly », puis « Enola Holmes ».


Pouvez-vous nous expliquer comment est né ce projet ? Si vous en êtes l’initiatrice ? Et si oui, si vous désiriez dès le départ le réaliser en solo et pourquoi ?

J’étais libraire à la Fnac quand j’ai découvert les romans de Nancy Springer, « Les enquêtes d’Enola Holmes ». Étant assez fan de Sherlock Holmes à la base, j’ai été intriguée par cette série jeunesse parlant d’une jeune sœur de celui-ci. Puis, un jour, au lieu de ranger le premier tome en rayon, j’ai commencé à le lire. Après avoir terminé la série, et mon contrat chez la Fnac, je me suis dit : pourquoi pas l’adapter en bande dessinée ?
J’ai contacté les éditions Nathan, afin de savoir si une adaptation était possible, où si ça n’avait pas déjà été fait, et ils ont été assez enthousiastes à l’idée d’une version bande dessinée des romans. J’ai ensuite monté le dossier avec le début du scénario et quelques dessins puis je l’ai proposé aux éditions Jungle, avec qui j’avais déjà travaillé.
À cette époque j’avais aussi envie de reprendre le dessin en méthode traditionnelle à l’aquarelle et je trouvais que l’univers d’Enola s’y prêtait bien.


Qu’est-ce qui vous a séduit dans les romans de Nancy Springer et dans le personnage de Enola Holmes ?

J’ai toute suite accroché avec la personnalité vive et indépendante d’Enola. Je trouvais qu’elle avait une manière originale de mener ses enquêtes tout en sentant qu’elle faisait bien partie de la famille Holmes. Elle a ses propres méthodes et elles fonctionnent. Le côté féministe des romans m’a bien entendu également attiré. Avec les changements de costumes j’y ai aussi vu une opportunité de m’amuser sur la partie dessin.

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Dans son interview sur son adaptation en BD du roman d’Alain Damasio, “La horde du Contrevent”, Eric Henninot dit “quand on choisit d’adapter une oeuvre d’un auteur encore vivant, il faut savoir que l’auteur est encore vivant”. Qu’en est-il de Nancy Springer ? Êtes-vous en contact avec elle ? A-t-elle eu des exigences à propos de votre travail ?

Oui je suis en contact avec Nancy Springer. C’était très important pour moi que la version BD de ses romans et de son personnage lui plaise. Elle en est très contente et en parle beaucoup autour d’elle. Elle n’a pas eu d’exigence particulière, elle est juste vraiment contente de voir son personnage prendre vie sous d’autres formes.


Souvent, au cours de l’élaboration d’un projet de BD, s’installent ce que j’appelle des séances de ping-pong entre le scénariste et le dessinateur. Du fait de votre cumul de casquettes, si vous me permettez l’expression, aviez-vous quelqu’un avec qui discuter de vos options, de vos choix, du design des personnages ?

J’ai l’immense avantage d’être un certain nombre dans ma tête donc le ping-pong fonctionne assez bien. Plus sérieusement, quand on travaille avec une autre personne, il est important de beaucoup communiquer pour équilibrer les visions de l’un et de l’autre. Quand on travaille seule, c’est quelque chose qui est du coup plus intuitif. Et de toute façon il y avait toujours le retour de l’éditrice suivant le projet, donc ça aidait aussi.


De la même façon que d’en faire un film, transposer un roman en BD n’est pas chose aisée. Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées, les principaux défis à surmonter et les modifications que vous avez dû apporter par rapport aux écrits de Nancy Springer ?

Il y a toujours des éléments à réadapter, car certaines choses qui fonctionnent en roman ne fonctionnent pas en BD, et inversement. Par exemple dans le tome 2 d’Enola, le costume de bonne-sœur qu’elle porte dans une bonne partie du roman est censé avoir un voile qui lui couvre le visage pour qu’elle reste « incognito » auprès de Sherlock. Mais en bande dessinée, ou en film, on ne peut pas cacher le visage du personnage principal sur plusieurs dizaines de pages. On a besoin de voir leurs expressions, du coup il a fallu changer deux trois trucs pour que Sherlock ne la voit pas du tout. Pareil pour le tome 3, où dans le roman Enola ne se rend pas à l’hôpital psychiatrique, c’est Sherlock qui y va en postface du roman et livre les derniers détails de la résolution de l’enquête. J’ai choisi d’y faire aller Enola, c’était plus cohérent vu que j’ai choisi dès le premier tome de suivre l’aventure uniquement de son point de vue..

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Au plan graphique, vous avez opté pour une mise en page originale, un dessin plein de rondeurs et une mise en couleur assez éloignée des ambiances habituellement données à l’époque victorienne ? Pouvez-vous nous parler de vos choix ? De votre façon de travailler ?

Pour le dessin, je voulais vraiment repartir sur de l’aquarelle. Je ne me suis pas trop préoccupée d’être raccord sur les ambiances historiques de l’époque victorienne. Je voulais juste mettre de la couleur. J’ai un rapport assez intuitif à la couleur, je ne réfléchis pas trop.


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Les assistants de Serena au travail


Un rapport intuitif mais qui colle plutôt bien avec la sensation de fraîcheur qui se dégage des romans de Nancy Springer. Mais plus basiquement ou plutôt techniquement, comment procédez-vous ? Vos planches donnent l’impression que vous travaillez directement à la couleur à main levée…

Je dessine chaque planche sur une feuille A3, au crayon, puis je passe à l’aquarelle directement dessus. Ensuite je scanne et fais le lettrage en numérique.


Certes, les 6 romans de la série de Nancy Springer sont assez courts, mais les adapter sous la forme de 6 BD en l’espace de 5 ans, fut, j’imagine, une immersion à plein temps ?

Oui, ça été beaucoup de travail en seulement 4 ans et demi. Mais je suis très contente d’avoir pu la finaliser et faire les 6 tomes. Ça été beaucoup de temps et d’investissement.


Avez-vous parmi les 6 romans un favori et parmi vos BD une dont vous êtes la plus satisfaite ?

Ils sont tous différents. J’ai une préférence pour le cinquième roman, “L’énigme du message perdu”. Mais j’ai une préférence pour mon troisième tome, “Le mystère des pavots blancs”. C’est celui que je me suis le plus approprié.


Et si demain Nancy Springer décidait de reprendre « Les Enquêtes d’Enola Holmes » ?

Nous verrons bien si cela se présente.


Que pensez-vous du projet d’adaptation cinématographique produit par Legendary Pictures et la Warner Bros. qui doit débarquer fin septembre sur Netflix et du choix de Millie Bobby Brown pour l’incarner ?

J’ai hâte de découvrir le film, et de redécouvrir le personnage d’Enola sous une nouvelle interprétation. D’autant que c’est Millie Bobby Brown qui est elle même à l’initiative du projet, car elle adorait les romans. Enola Holmes semble être portée par ses lectrices.


Et hors « Enola Holmes », pouvez-vous nous parler de vos actualités et projets en cours ?

J’ai tout juste démarré une nouvelle série jeunesse mais c’est encore aux premiers stades d’évolution. Il faudra donc encore un peu de patience.


Merci Serena

Merci à vous.


A lire ou à voir également sur la yozone :
- Son nom est Holmes, Enola Holmes !

Les romans de Nancy Springer :
- Les Enquêtes d’Enola Holmes (T4) Le Secret de l’Éventail
- Les Enquêtes d’Enola Holmes (T5) L’Énigme du Message Perdu
- Les Enquêtes d’Enola Holmes (T6) Métro Baker Street

L’adaptation en BD de Serena Blasco
- Enola Holmes (T1) La double disparition
- Enola Holmes (T2) L’affaire Lady Alistair
- Enola Holmes (T3) Le Mystère des pavots blancs
- Enola Holmes - Une nouvelle édition collector

L’adaptation cinématographique
- Enola Holmes - La bande-annonce (vost)

L’Image du Jour...
- Serena Blasco enquête sur Enola Holmes

Lien(s) utile(s) :
https://www.behance.net/serenablasco/
https://www.facebook.com/Serena-Blasco-215352725191328/timeline/


Illustrations © Serena Blasco / Jungle



Bruno Paul
21 septembre 2020




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