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Gandahar n°23 - La Terre après l’Homme
Une publication de l’association Gandahar
Revue, n°23, SF - fantasy - fantastique, nouvelles - chroniques, avril 2020, 146 pages, 9€

Bien dans l’esprit des temps troublés que nous traversons, ce numéro 23 de « Gandahar » imagine le devenir de la Terre, après notre disparition.



La revue propose parfois, en entrée de jeu, la reprise d’un texte américain des années 50. On ne faillit donc pas à cette tradition avec “Quand la Terre sera vieille” de Raymond Z. Gallun, un auteur peu connu en France. Le style de narration de ce texte est un peu dépassé et la vraisemblance n’est pas toujours au rendez-vous, mais ces défauts sont éclipsés par une certaine élévation d’esprit qui tranche avec le bellicisme traditionnel de nombre de récits de SF des années 50. Un oncle, son neveu et sa petite amie aménagent gentiment un abri souterrain destiné à recueillir leurs dépouilles afin de leur permettre de traverser les siècles, histoire de... Ils vont être servis puisqu’ils se réveilleront un milliard d’années plus tard, ressuscités par des plantes venues de l’espace. Comment se comporteront-ils face à cette intelligence étrangère ? Y aura-t-il un terrain d’entente, de compréhension ? Ce sujet est évidemment le point fort de cette nouvelle qui n’est pas sans poésie.

Pierre Gévart donne avec “Poser les bonnes questions” un petit récit assez énigmatique.
Bien après la disparition de l’homme, Catherine Lamour avec “Le règne des mycètes” dépeint la mainmise sur notre belle planète par ce champignon, puis l’expansion opportuniste de ce lointain successeur à l’occasion du passage sur Terre d’une mission d’exploration extraterrestre. Efficace.
Philippe Pinel, avec “La mission” use d’un argument original, que je ne déflorerai donc pas. Il fallait y penser et ce texte est fort réussi.

Clairement, j’ai apprécié “La peste verte” d’Emma Cornellis, tout simplement parce que cette auteure se donne la peine de raconter une histoire cohérente, avec – excusez-moi de verser dans le classicisme, mais cela a fait ses preuves – un début, un développement et une fin. Ici, l’homme n’a laissé en héritage que ses déchets, que se disputent des nations de rats belliqueuses. Mais, au lieu de s’entre-tuer, ne devraient-elles pas au contraire s’unir face au réel danger qui les menace ? Un très bon texte.

L’énigmatique auteur qui se cache sous le pseudonyme de Gabriel Joyce Blake nous livre avec “Cycle S3” un texte assez détonnant. Les clins d’œil y abondent (« Einov nous avons un problème », « Rendez-vous avec Ksama », ou « radio Gaga » par exemples...). Deux extraterrestres abordent la Terre mais leur vaisseau se fait descendre par les hommes. Ils sont alors capturés et longuement étudiés sur la base 51. Les années passent... Un jour l’humanité disparaît et nos deux naufragés se retrouvent seuls. Arriveront-ils à émettre un signal à destination de leur monde d’origine pour être secourus ? Le tout bénéficie d’une approche à la fois caustique et désabusée.

Frédéric Darriet, familier des insectes par son métier, nous transporte, dans “Le monde oublié du puits de fouille n°8” sur une Terre peuplée d’insectes géants. Ceux-ci se livrent à des fouilles archéologiques. Nos petites bêtes vont tomber sur les vestiges d’une station de métro et, plus curieux, sur un enregistrement réalisé au moment où les nations humaines s’échangeaient quelques missiles avant de disparaître. Une telle connaissance du passé est-elle une bonne chose pour nos successeurs ? Un récit solide et bien conduit.

Sylvain Palard aurait pu, avec “La mémoire d’Oscar”, produire un fort beau texte, en relatant les derniers moments d’une intelligence artificielle qui se projette à l’extérieur sous la forme d’un hologramme. Sa prise de contact avec Dame Nature souffre, selon moi, d’un traitement trop technique, froid, qui enlève de la poésie et de l’humanisme à cette histoire. Dommage.
Anthony Boulanger avec “Les enfants des Hommes” s’intéresse au fils de l’homme et le met en scène dans un monde dominé par les animaux. Bien vu.

Concluant ce copieux numéro, Philippe Caza, avec “Un palimpseste sans fin”, nous prouve que les fées qui se sont penchées sur son berceau lui ont prodigué à la fois le don de manier la plume et le pinceau. Dans ce texte juste délirant, qui narre les découvertes de deux extraterrestres parcourant une Terre post-humaine, Caza use avec force d’un levier cruellement absent chez nombre de nos apprentis-auteurs : l’humour. Ce texte amène le sourire tout en soulignant narquoisement les insuffisances et les excès des habitants disparus de cette étrange planète bleue sur laquelle nous vivons. Magnifique, tout simplement.

La partie magazine n’a jamais été le fort de « Gandahar », cependant, pour une fois, un article de Christine Brignon, distinguée rédactrice en chef de la revue, consacré au film « La planète sauvage » mérite l’attention. Soulignons que ce numéro de « Gandahar » est un bel objet, illustré intérieurement, imprimé avec soin et orné d’un dessin de couverture de Cassandre de Delphe tout à fait évocateur du thème “La Terre après l’homme”.


Titre : Gandahar
Numéro : 23 - La Terre après l’Homme
Directeur de publication : Jean-Pierre Fontana
Rédactrice en chef : Christine Brignon
Couverture : Cassandre de Delphe
Type : revue
Genre : Science-fiction, fantasy, fantastique
Site Internet : l’association Gandahar
Dépôt légal : avril 2020
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 2418-2052
Dimensions (en cm) : 16 x 24
Pages : 146
Prix : 9 €



Didier Reboussin
10 septembre 2020


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